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Aux marges du Berry, «ce pays aux mille étangs» a gardé sa nature à l’état pur. Le cheval est le compagnon idéal pour approcher les trois cents espèces d’oiseaux qui font sa richesse. Randonnée entre terre et eau.
Un pygargue à queue blanche dessine des cercles concentriques au-dessus d’une proie visible de lui seul. Le rapace de 2,40 m d’envergure – espèce protégée – embrasse le vent avec majesté. Les cavaliers s’arrêtent longuement car l’observer en plein vol est une grâce. Dans cet écrin de verdure, refuge d’une vie foisonnante, la Brenne se révèle dans toute sa splendeur. Ce «pays aux mille étangs» est une région qu’aucun grand axe ne traverse. Qu’aucune cité bétonnée ne déflore. Seuls de rares îlots de masures surgissent au détour d’une départementale au bitume rongé d’herbes folles. Isolée, donc, la Brenne est sauvage même si ses paysages ont été modelés par la main de l’homme. Sa beauté d’aujourd’hui est manifestement la conséquence de sa pauvreté d’hier. Ses sols argilo-gréseux, difficiles à exploiter car trop humides, n’ont jamais été propices à la culture. Ne sachant que faire pousser dans cette zone marécageuse infertile, les moines eurent l’idée au XIIe siècle d’y emprisonner les eaux et de créer de longs chapelets d’étangs afin d’y produire du poisson.
Trois mille six cents étangs émaillent les paysages de bois, de landes, de forêts et de prairies caractéristiques de la Brenne. Autant d’écosystèmes et d’habitats diversifiés. Il faut un cheval au pied sûr pour s’approprier les lieux. Car seule une monture robuste et confiante s’engage à l’aveugle sur ce type de terrain au sol souvent meuble. Cheyenne, jument largement mâtinée de sang percheron, est bien trop fière pour hésiter devant l’inconnu. D’ailleurs, son unique préoccupation est de ne jamais se trouver à proximité d’Apaloosa, une indienne pie, farouche mais vaillante. Une histoire d’atomes crochus sans doute. La petite cavalerie trottine depuis des heures le long de sentiers indécis qui s’effacent sous la brande. Typique des lieux, cette forme de lande est une formation compacte constituée de bruyères, de genêts, de fougères et d’ajoncs. Cheyenne, aussi solide qu’un char d’assaut, traverse le mur végétal sans un écart. Les autres suivent: Fanny, trotteur bai ; Bella, un welsh cob alezan crins lavés, et Apaloosa. Partis avant l’aube, Karen, guide-accompagnateur équestre, propriétaire des chevaux, et ses troupes se dirigent vers une première étape: les étangs Capitaine et Rianvert. Paradis des ornithologues, des botanistes et des naturalistes, les lieux abritent derrière d’épaisses roselières des milliers d’oiseaux ainsi qu’une flore tout aussi fabuleuse. Durant la chevauchée, Thibaut, employé du Parc naturel régional de la Brenne et ornithologue passionné, ne cesse de promouvoir les fastes de sa terre natale. Rienne lui échappe. Soudain, le sifflement flûté du loriot, et Thibaut commande à tous d’écouter.«Il est caché sous la feuillée des grands arbres là-bas! chuchote-t-il. Les notes qu’il siffle di-de-lio! di-de-lio! lui ont donné son nom.» Plus tard, le doigt pointé vers l’horizon, il s’extasie devant le vol d’une aigrette garzette, le cou rétracté dans les épaules. Puis, c’est la découverte «d’espèces remarquables!» qui l’incite à réciter une litanie de noms de fleurs: «hélianthème en ombelle, anémone pulsatille, glaïeul d’Illyrie…»
Chevauchée sur les rives de la Creuse dominée, à Ciron, par la silhouette du château de Romefort, édifié au XIIe siècle et classé en 1994. Crédits photo : Christophe LEPETIT
Arrivé à la première étendue d’eau, le jeune homme déchausse les étriers et bondit sur le sol, jumelles à la main. Pendant la durée de l’observation, le silence est de rigueur. Même les chevaux ne bougent plus une oreille. La splendeur de la faune et de la flore fait de l’instant une parenthèse enchantée. Les étangs du Parc naturel régional de la Brenne sont des espaces privilégiés pour la reproduction d’oiseaux migrateurs ayant passé, pour la majorité, l’hiver en Afrique.
La guifette moustac est l’oiseau le plus célèbre de la Brenne. Crédits photo : Christophe LEPETIT
Au total, 150 espèces y nichent sur les 280 qui y trouvent refuge et nourriture. L’emblème de cette importante zone humide continentale est incontestablement la guifette moustac. L’élégante migratrice appartient à la famille des sternes. On la reconnaît aisément à sa tête casquée de noir, son bec et ses pattes rouges. Arrivée en Brenne dès la fin mars, la guifette quitte les lieux en août pour rejoindre ses quartiers d’hiver situés au sud du Sahara. Les cavaliers, vrillés à leurs jumelles, s’extasient devant un nid ancré à un massif de nénuphars jaunes d’où émergent les petites têtes ébouriffées de poussins. En queue d’étang, une colonie de hérons pourprés s’est établie dans une grande roselière. L’oiseau majestueux au plumage bleu est difficile à discerner dans l’entrelacs de roseaux, iris, joncs, laîches, parmi lesquels, mimétique, il est à l’affût. La Brenne est l’un des rares endroits en France où il est possible d’observer des milliers d’oiseaux rassemblés sur une seule étendue d’eau. Grèbe à cou noir, bihoreau gris, canard souchet, busard des roseaux et fuligule milouin… Tant d’espèces, rares pour la plupart, peuplent les 183 000 hectares de ce paradis terrestre!
Carte IGN au cou et boussole à la main, Karen resserre les sous-ventrières des chevaux et ouvre la voie sous un ciel vagabond. Direction Rosnay et la promesse d’une nuit réparatrice après 30 kilomètres de randonnée. Aux prés spongieux succède une aulnaie avant que l’horizon ne s’ouvre sur une étendue infinie de terres brunes trouées de miroirs d’eau. Le vol lourd d’un grèbe fait dresser les oreilles des chevaux, inquiets de la nuit qui approche. L’heure est crépusculaire et le silence immobile quand les diurnes cèdent la place au monde invisible. Partout, des étangs semés à l’infini. Le staccato des sabots sur le bitume surprend les cavaliers plongés dans leurs songes. Rosnay se résume à son clocher et sa rue principale.
Au coeur du Berry, le domaine du Ris de Feu est un havre de paix de 150 hectares, où les pas des chevaux emmènent leurs cavaliers de rivières en ruisseaux. Crédits photo : Christophe LEPETIT
Une cistude (petite tortue aquatique). Crédits photo : Christophe LEPETIT
C’est ici que Max a décidé d’ouvrir ses chambres d’hôtes. Au coeur d’un parc fleuri de pivoines poudrées et de roses anciennes, une demeure du XVIIe offre de vastes chambres qui sentent bon l’encaustique et les draps séchés au grand air. Tous réunis autour de la table. Les mets les plus fins sont servis dans une vaisselle délicate. Tony Williams, membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ornithologue et lépidoptériste (spécialiste des papillons) reconnu, conte jusque tard dans la nuit son amour du pays brennou. Il rappelle que le Parc protège la plus importante population française de cistudes. Une petite tortue aquatique gravement menacée. Il énumère les orchidées sauvages comme la sérapias langue ou l’orchis à fleurs lâches. Et promet d’emmener tout le monde à la chasse aux papillons. Mais demain, Karen conduira plutôt sa cavalerie au sud de la Creuse découvrir la Petite Brenne. Cette partie du territoire est couverte d’un large manteau forestier où l’on croise le cerf – royal – couronné de ses bois. Chevaux et cavaliers feront une rencontre inattendue. Un chevreuil mâle, furieux de cette intrusion sur son territoire, suivra les importuns en poussant de puissants aboiements. Car ici, en Brenne, la nature est souveraine et l’homme toléré.
L’Agence de développement touristique de l’Indre (02.54.07.36.36 ; www.berryprovince.com).
Le Parc naturel régional de la Brenne (02.54.28.12.13 ; www.parc-naturel-brenne.fr) a répertorié les hébergements signataires de la charte Accueil équestre. Ces établissements s’engagent à loger le cavalier dans de bonnes conditions ; à trouver un pré, un box ou un paddock pour son cheval, un point d’eau pour le doucher et l’abreuver, ainsi que de la nourriture adaptée.
Cyril Chapelon (animateur randonnée du PNR Brenne) assiste les cavaliers dans l’organisation personnalisée de leur circuit de randonnée. Un road-book, remis au départ, contient toutes les informations utiles au bon déroulement du séjour (guide des hébergements, loueurs de chevaux et accompagnateurs équestres, lieux à visiter et sites à ne pas rater). Cyril répond à toutes les demandes pour des randos sur mesure (02.54.28.12.13 ; c.chapelon@parc-naturel-brenne.fr).
Karen Lauron, propriétaire de l’écurie des Bouiges, loue ses chevaux (tous exceptionnels!) et accompagne des groupes de cinq cavaliers minimum (hors juillet-août). 60 ¤ la journée, 110 ¤ les 2 jours et 160 ¤ les 3 jours, par cavalier (06.79.74.88.77 ; lauron.karen@orange.fr).Le PNR Brenne propose six randonnées en itinérance, comprenant hébergements, cartes au 1/50 000e, données GPS des itinéraires, road-books et haltes-repas. A partir de 187 ü par cavalier en forfait 3 jours 2 nuits (02.54.37.05.13 ; www.tourisme-leblanc.fr).Quant aux cavaliers autonomes, ils peuvent organiser eux-mêmes leurs séjours en téléchargeant sur le site du Parc l’ensemble des informations nécessaires (et même les données GPS des itinéraires). Télécharger Randonnée à cheval sur www.parc-naturel-brenne.fr
Chaque hébergeur labellisé Accueil équestre dispose de trois circuits d’une journée au départ de son établissement. Pour exemple, Le Petit Ajoux à Chalais propose une randonnée en marguerite en Petite Brenne incluant 2 nuits dans ses chambres d’hôtes, dîners et accueil des chevaux, à partir de 270 ¤ pour 2 (02.54.28.66.16 ; www.le-petit-ajoux.fr).
Apéritif dans le parc du domaine du Ris de Feu. Crédits photo : Christophe LEPETIT
À La Pérouille, au bord d’un étang de 5 hectares, le Domaine de Morgard est enchanteur avec ses gîtes destinés, entre autres, à la pêche (carpes, brochets, perches…). De petites chaumières environnées d’eau (de 450 à 650 ¤ la semaine) avec pontons, pilotis, terrasses, bois, tomettes et roselières. Pour un remake de Ma cabane au Canada version Brenne sauvage! (02.54.36.18.67 ; domainedemorgard.free.fr).
À Rosnay, La Crapaudine (02.54.37.77.12 ; www.domaine-de-la-crapaudine.fr) est une petite merveille. L’élégance des cinq chambres et du gîte (à partir de 70 ¤ la nuit, petit déjeuner inclus) rivalise avec l’hospitalité de Max, maître des lieux et cuisinier hors pair. Amoureux – fou – de la nature, Max a imaginé un «Carré d’étoiles» où depuis un lit en mezzanine, la voûte céleste est à portée de main grâce à un dôme transparent. Lunette astronomique à disposition. 80 ¤ la nuit. Accueil équestre.
À Chalais, au plus profond d’un massif forestier de 150 hectares, Le Ris de Feu (02.54.37.87.73 ; www.lerisdefeu.fr) est un havre de paix. Caroline propose à ses hôtes une demeure restaurée avec soin. Dans cet ancien fruitier, la suite de 50 m2 abrite une chambre ouverte sur le parc et ses rivières. 125 ¤ la nuit avec petit déjeuner bio. Gîtes: 300 ¤ la semaine.
Dominant la vallée escarpée de l’Anglin, Saint-Victor la Grand’Maison (02.54.37.46.55 ; saintvictorlagrandmaison.fr), à Ingrandes, est un manoir tenu par l’exquise Marie Rouet. trois chambres d’hôtes et quatre gîtes de charme. Marie propose des week-ends thématiques autour de la musique, de la gastronomie ou du cinéma. A partir de 115 ¤ la nuit. Possibilité d’accueil équestre.
La réserve naturelle de Chérine protège faune et flore caractéristiques de la Brenne sur 145 hectares. Différents observatoires libres d’accès permettent d’observer le butor étoilé, le héron pourpré, la guifette noire ou la cistude d’Europe en milieu naturel. (02.54.28.11.02 ; www.cherine.reserves-naturelles.org).La Maison du Parc est le QG des Brennous, qui, le dimanche, viennent en famille déguster à toute heure de délicieuses fritures de carpe, du pouligny-saint-pierre (fromage de chèvre) et les crêpes du chef. (02.54.28.12.13 ; www.parc-naturel-brenne.fr).
Pour le bois Mousson, à proximité de Fontgombault! Appelé aussi le bois des Fées ; la végétation y est entièrement recouverte de mousses vertes.
Les immenses antennes de la base de détection des sous-marins écorchent parfois le paysage.
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À la découverte de la Brenne à cheval
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