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EN IMAGES – A la fin du XIXe siècle, suite au succès du «Tour du monde en 80 jours», de nombreux voyageurs ont cherché à défier l’imaginaire de Jules Vernes. Parmi eux, Jean Cocteau ou encore la jeune journaliste Nellie Bly et sa concurrente Elizabeth Bisland, qui se livrent à un médiatique sprint autour du monde en 1889-1890. La semaine passée, suivant cette même route, nous quittions Londres pour atteindre Hongkong via Bombay. Aujourd’hui, «Le Figaro Magazine» termine l’année en rejoignant Londres depuis Tokyo via le Pacifique, l’Amérique et l’Atlantique. Epilogue d’une grande course au fil des méridiens, à travers l’espace et les fuseaux horaires.
Pour Phileas Fogg, le Japon n’est qu’un détour. Puisque aucun steamer ne traverse le Pacifique depuis Hongkong ou Shanghaï, il doit remonter vers le nord. Brutalement, la porte de l’aéroport Narita Tokyo efface la chaleur humide du Sud-Est asiatique. Au-dessus des buildings, le ciel étale un bleu plus franc. Vue de haut, la ville a quelque chose d’un circuit fou où se mêlent les trains, les échangeurs, les fils électriques.
De loin cité du futur, Tokyo devient de près une séduisante agglomération de villages où œuvrent encore des artisans. Minuscule, silencieux, le musée des Horloges japonaises rassemble une étonnante collection de pendules antiques.
On y apprend que les Japonais ont commencé par mesurer le temps avec des bâtons d’encens. Les heures partaient alors en fumée. Il y a aussi les compteurs de pas, les cadrans qui combinent cycles lunaires et heures solaires…
En 1872, l’année où Fogg débarque à Yokohama, le Japon se convertit à l’heure de l’Occident. Son goût de l’horlogerie ne faiblit pas. Une immense horloge trône à l’entrée du musée Ghibli, laboratoire du maître du cinéma d’animation Hayao Miyazaki. Les mécaniques infernales du cinéaste côtoient de superbes croquis et des piles de livres.
«La génération de Miyazaki lisait Jules Verne, confirme l’un des guides, M. Furumata. L’aspect rétro-futuriste de ses romans l’a certainement influencé. Ils partagent le goût des machines, une fascination pour la mer et ses profondeurs.» Comme Verne, Miyazaki a inventé un monde en mouvement constant qui ressemble presque au nôtre. Et l’on songe à son dernier film, Le vent se lève, tandis que le petit train de Kamakura longe l’océan Pacifique.
Dans sa course, Nellie Bly a aussi visité cette ville agréable à portée de Tokyo. Elle raconte même s’être assise sur le pouce du grand bouddha qui domine le temple de Kotoku. Aujourd’hui, l’escalade est interdite. Cependant, le bouddha nous observe encore du haut de ses 13 mètres et de ses 700 ans, indifférent aux typhons, tremblements de terre et tsunamis. Aux siècles, il n’a sacrifié que l’or de sa robe oxydée. A quelques pas de là, sur la plage de sable noir, les surfeurs tracent de larges S le long des vagues. Dès demain, nous serons de l’autre côté.
Les passagers voyagent volets fermés, tant les nuages ont fini par lasser. Il survient pourtant quelque chose d’extraordinaire. Arrivés à une longitude de 180°, nous basculons brutalement à 179° 59’Ouest. Nous venons de gagner un jour sur le reste du monde! Nous avions décollé de Tokyo un dimanche soir, nous touchons San Francisco dans l’après-midi du même jour. Soudain, on ne mange plus avec des baguettes. Les fourchettes réapparaissent, les volants repassent à gauche. Nous revivons le même dimanche qu’hier… ailleurs sur la terre!
Le lendemain, dans le bric-à-brac de son horlogerie, parmi 400 cadrans et mystérieux mécanismes, Dorian Clair explique que le temps qui régit nos vies et nos déplacements n’est qu’une convention. Il le connaît mieux que personne, lui qui, depuis 1954 démonte ou assemble des horloges et règle toutes celles de San Francisco. L’ancien sous-marinier parle à voix basse pour ne pas troubler l’écho de ses coucous, le tic-tac de ses pendules et le ronronnement de son matou. «On ne peut pas connaître précisément l’heure. Si vous avez une montre, vous croyez savoir l’heure. Si vous en avez deux, vous commencez à douter.»
Quand Phileas Fogg traverse le continent, chaque Américain se cale sur l’horloge de l’église ou celle du bijoutier de sa ville. Il faudra attendre 1883 pour que, tel un big band, toute l’Amérique s’accorde enfin. Pour rendre cohérents les horaires de trains, explique Dorian. Dehors, les trams plongent vers l’océan, vers le Bay Bridge et le Golden Gate, porte d’entrée de l’Amérique. Dans la baie, des porte-conteneurs relient les rives du Pacifique. A Chinatown, un automate nommé Confucius prédit l’avenir pour quelques quarters. San Francisco est-elle la première ville d’Amérique ou bien la dernière ville d’Asie?
Plus bas, en fin d’après-midi, les Américains courent en vêtements fluo le long de l’Embarcadero. Cependant, dans un hangar désaffecté, une petite organisation résiste au sprint du temps. Au bar du joli café-musée de la Long Now Foundation, Andrew Warner retrace l’origine d’une association unique au monde: «Aujourd’hui, les carrières politiques se calent sur le calendrier des élections, la finance vit au rythme des échanges informatiques.
A San Francisco, des programmateurs amassent des fortunes avec des applications qui ont une durée de vie très brève. A un certain âge, ils comprennent que rien de ce qu’ils ont créé n’aura duré plus de cinq ans. Ils aspirent à participer à des travaux durables. C’est ce que nous proposons depuis 1996.» La fondation construit une horloge gigantesque qui tournera pour les dix prochains siècles. Parmi ses autres projets: une pierre de Rosette moderne qui permettra de déchiffrer toutes les langues et une bibliothèque rassemblant les ouvrages essentiels pour témoigner de notre civilisation: manuels techniques, livres d’art et… Le Tour du monde en 80 jours.
Phileas Fogg est vaincu! Le 25 janvier 1890, la jeune reporter du New York World Nellie Bly achève à New York son voyage de 72 jours. Dix salves de canon saluent son retour, les remorqueurs font retentir leurs sirènes et, le long de Broadway, des milliers de New-Yorkais forment une haie d’honneur jusqu’au siège du journal. Cinq jours plus tard, sa rivale Elizabeth Bisland atteint la ville dans l’indifférence. Sa sœur fond en larmes: «Elle t’a battue, mais tu as réussi.»
Au nord du Bronx, tout au bout de New York, s’étend le beau cimetière de Woodlawn, véritable forêt ponctuée de lacs et de rivières, grand comme la moitié de Central Park. Critique littéraire réputée et respectée, Elizabeth Bisland repose ici, aux côtés de son mari. Reporter ruinée et oubliée, Nellie Bly est enterrée à 400 mètres de là, tout comme son rédacteur en chef Joseph Pulitzer.
Nellie est morte en 1922. Il a fallu attendre plus de cinquante ans pour que le New York Press Club lui offre enfin une pierre tombale. Au-dessus de Woodlawn planent de lointaines sirènes de police et des sons familiers du XXIe siècle. En fin de compte, qui des deux femmes a gagné la course?
New York reste obsédée par le temps et la géographie. Sur la 70e Rue, le vénérable Explorers Club possède une incroyable collection d’objets du bout du monde: le journal d’Egypte de Napoléon, le fouet de Roy Chapman Andrews, l’aventurier qui inspira le personnage d’Indiana Jones, la table sur laquelle Theodore Roosevelt se penchait sur le canal de Panamá… Des cartes, des boussoles et le globe sur lequel Thor Heyerdahl travailla à la mythique expédition du Kon-Tiki à travers le Pacifique.
Face à la cathédrale Saint-Patrick, l’Atlas du Rockefeller Center porte la terre sur ses épaules et le hall Art déco du Daily News Building abrite un gigantesque globe terrestre. Autour de Times Square, surnommé par les New-Yorkais «carrefour de l’univers», Manhattan la mégalo est semée de cadrans dont celui de la dette américaine, qui rappelle au piéton que le temps se mesure aussi en dollars.
De belles horloges rétro scandent encore la 5e Avenue, une autre est encastrée dans le trottoir de Broadway, près de la boutique du bijoutier Barthman. Au-dessus d’un complexe immobilier chic, une incongrue statue de Lénine tend la main vers Wall Street. Derrière elle, une folle horloge affiche des chiffres aléatoires.
Sur le vertigineux Metronome d’Union Square filent les heures, les minutes, les secondes, les dixièmes, les
centièmes tandis que d’autres chiffres égrènent à rebours le temps restant avant la fin de la journée. Kristin Jones et Andrew Ginzel définissent leur œuvre comme une ode à New York, «à la mortalité et à l’impossibilité de connaître le temps».
Et l’espace? Nous voilà presque au bout du plus long des voyages or, sous la voûte du planétarium de Central Park, notre terre paraît minuscule. La voix de l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson raconte que l’Univers est en expansion constante, qu’il ne connaît pas de centre.
En 1522, le scribe de Magellan notait, à l’issue du tout premier tour du monde: «Je ne pense pas que personne à l’avenir veuille entreprendre un tel voyage.» Cinq siècles plus tard, nous voyageons, écrit Cocteau, «à la surface du globe par saccades, comme des libellules qui rasent le lac et s’arrêtent un peu sur chaque fleur».
Quel étrange périple qui n’a d’autre destination que son point de départ! Où que l’on se trouve, des publicités nous incitent à partir ailleurs et souvent loin. Dans le métro de Londres, une affiche explique qu’il faut se rendre à Las Vegas, «là où votre accent est un aphrodisiaque». Au Japon, on vante l’air pur de la Suisse, les façades de Manhattan évoquent d’exotiques Caraïbes et ainsi de suite tout autour de la Terre. Alors, quand l’avion franchit le méridien zéro, des centaines d’images se bousculent.
A nos poignets, nos deux montres s’accordent enfin. Les aiguilles qui ont traversé avec nous un à un chaque fuseau horaire, rejoignent celles du cadran resté sagement à l’heure de Greenwich. A Londres, vingt et un jours plus tôt, nous poussions la porte d’un créateur de mappemondes. Peter Bellerby errait dans l’odeur de colle et de bois parmi des dizaines de sphères à peine achevées: «Fabriquer un globe terrestre prend huit mois. Or notre monde ne cesse de changer.
Les frontières s’effacent, de nouveaux noms apparaissent. Depuis 2010, le Soudan du Sud est devenu un pays. Le mont McKinley est devenu Denali… et nous avons fabriqué mille globes terrestres.» Peter nous invita à poser la main sur un modèle à peine terminé. «Un globe terrestre, souffla-t-il, est un outil scientifique autant qu’un objet de rêves.» Et, du bout des doigts, nous avons fait le tour du monde.
Monde Authentique(01.53.34.92.78), le voyagiste spécialiste du tour du monde, a organisé ce périple «Sur la route de Phileas Fogg». A partir de 8 900 € par personne: la formule est très souple. On voyage à son rythme, en choisissant ses escales. Par exemple: Paris-Argentine-Chili-île de Pâques-Polynésie française-Australie-Bali-Hongkong-Dubaï-Paris (23 jours) à partir de 10 500 €. Ou un tour du monde des vignobles: Paris-Afrique du Sud-Australie-Nouvelle-Zélande-Californie-Paris (31 jours), à partir de 9 000 €. Comptez toujours 5 000 € de plus en classe Affaires. Il y a autant de tours du monde que d’envies!
Ce tour du monde a été réalisé sur l’Alliance One World: British Airways de Paris à Mumbai via Londres, Cathay Pacific(0.811.70.60.50) de Mumbai à Tokyo via Hongkong, American Airlines(0.826.460.950) de Tokyo à Paris via San Francisco et New York.
Offices de tourisme deTokyo ; Kamakura ; San Francisco et New York .
● Un hôtel, le Shangri-La. Juste au-dessus de la gare (on peut venir vous chercher sur le quai). Personnel hyper-courtois, très grandes chambres et vues vertigineuses sur la ville. Salles de bains haute technologie à la japonaise. Environ 550 €.
● Une bonne table à Kamakura, le Kamakura Hachinoki, spécialisé dans la cuisine bouddhiste. Des légumes divins qui varient au fil des saisons.
● Un hôtel, The Palace. L’un des plus beaux hôtels américains, rénové en 2015. Son charme Belle Epoque et le meilleur du XXIe siècle. Il occupe tout un bloc surplombé d’une verrière.
● A voir: la fresque de Maxfield Parrish au bar Pied Piper. Environ 450 €. Séance shopping chez Schein & Schein. Dans un quartier bohème, un fabuleux magasin de cartes antiques pour acheter ou rêver et bavarder avec Jim et Marti, de grands voyageurs qui font partager leur passion.
● Un hôtel, l’Andaz(0.800.90.85.29).Sur la 5e Avenue, l’une des plus célèbres du monde, entre Grand Central et Times Square. Vue grandiose sur la bibliothèque, design loft, spectaculaire hauteur sous plafond. Le pur chic new-yorkais. Environ 600 €.
● Une table? Celle du OneDine. Le restaurant du One World Observatory (en lieu et place du World Trade Center). On n’y vient pas pour la carte (par ailleurs très correcte) mais pour la vue. A l’horizon, on aperçoit presque l’Europe!
London Heathrow, T5 Gallery. Comme son nom l’indique: la galerie d’art du terminal 5. Elle expose des artistes débutants ou confirmés et des sculptures impressionnantes. On y croise des passagers ou le personnel de l’aéroport en pause déjeuner.
Hongkong. Départ: The Bridge, business lounge de Cathay Pacific. Tout en blanc et bois avec ses baies sur le tarmac, ses sièges d’un peu toutes les formes et bar gigantesque. Arrivée: les raviolis sans chichis de Ho Hung Kee… étoilés au Michelin.
Tokyo Narita. Au terminal 2: le célèbre fabricant de chaussettes Kutsushitaya et le spectaculaire magasin Akihabara qui reproduit l’ambiance électrique de la ville.
San Francisco. San Francisco Airport Marriott Waterfront (www.marriott.com/SFOBG). Pour une nuit avant le vol. Vue sur les pistes, le monde qui tourne, le ballet des long-courriers, entre le ciel, la mer et les joggeurs. Env. 200 €.
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À la poursuite de Phileas Fogg : notre tour du monde en 21 jours (2e partie)
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