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ENQUÊTE – Les prix des billets flambent et, comme pour se dédouaner, les transporteurs mettent en avant leurs cartes au tarif plus alléchant que jamais. Mais sont-elles vraiment si avantageuses ? Tour d’horizon complet de ce qu’elles permettent (et de ce qu’elles ne permettent pas).
Autrefois les cartes de réduction se méritaient : elles étaient chères et il fallait plusieurs voyages pour les amortir. Si leur prix a fortement baissé, c’est qu’Air France comme la SNCF ont enfin compris qu’elles permettaient de fidéliser les passagers, et qu’une carte bon marché attire les clients… Même s’ils ne s’en servent peu, voire jamais ! Alors, bon plan ou à fuir ?
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À la SNCF, si les prix des cartes Avantages et Liberté ont baissé, le prix des billets en revanche a augmenté. L’ancienne carte « pro », autrefois «Fréquence» puis rebaptisée «Liberté» sous la houlette de l’ancienne directrice de Voyages SNCF, Rachel Picard, est passée d’un prix moyen de 700 € à 399 €. Le temps de promos qui interviennent régulièrement, elle passe même à 299€. Mais dans le même temps, le prix des billets achetés avec cette carte a bondi entre 8% et 27% selon les heures et les destinations.
Même tendance pour les cartes Avantages destinées à une clientèle « loisir ». Désormais au prix attractif de 49 €, elles ne garantissent plus que 30% de réduction sur le tarif du jour, alors que l’ancien tarif sénior offrait par exemple jusqu’à 40% de réduction. Il y a enfin ces incohérences qui surprennent. Ainsi, lorsque les trains sont très pleins, le tarif «Liberté» peut parfois s’avérer moins cher en première que le tarif «Avantage». Lorsque les trains sont très chargés, les billets aux prix «Avantage» disparaissent même des écrans de réservation.
Chez Air France également, le changement d’appellation des cartes Senior, Jeune et Week-end, désormais vendues 49 €, s’accompagne une augmentation des tarifs. Chez Hop, ces cartes garantissaient auparavant 25% de réduction sur les tarifs Light et Standard. Aujourd’hui, les annonces promettent « jusqu’à 30% » uniquement sur le tarif standard. Ce qui ne veut plus rien dire. De fait, chez Air France plus le vol se remplit, plus le pourcentage de réduction diminue pour approcher parfois un petit 8%. Ces cartes sont donc avantageuses en amont mais beaucoup moins lorsque l’on s’approche du départ. Même si en valeur absolue 8% de 600 € c’est la même chose que 30% de 160 €!!
D’après nos tests, la carte «Abonné» a tout son intérêt si vous voyagez en semaine pour des déplacements courts. En revanche, si vous vous déplacez pour vos loisirs sur un week-end ou pour des séjours de plus de trois jours, le tarif «Abonné» est plus cher que le tarif sans carte. Air France ne respecte pas là l’argument commercial « 130 € de réduction par aller-retour sur les tarifs de la gamme Flex pour vos vols en France métropolitaine effectués par Air France”.
Avec les cartes « loisirs » de la SNCF, modifier son billet entraîne malgré tout un réajustement tarifaire, à quoi s’ajoute la pénalité en cas de changement à la dernière minute. En la matière, la SNCF a assoupli sa politique en rendant le changement de billet gratuit, et ce jusqu’à trois jours du départ. Une fois dépassé cette limite, il faut s’acquitter d’une pénalité de 15 € et non plus 5 €. Et ce, pour les porteurs de carte comme pour les autres.
La carte «Liberté» vous autorise à changer de train sans aucune pénalité. Cependant, la SNCF n’a toujours pas réintroduit la facilité d’accès aux trains «encadrants» pour ses passagers « pro » – c’est-à-dire la possibilité de prendre le train d’avant ou d’après sans aucune formalité. Aujourd’hui, le passage par l’appli ou par une borne est obligatoire. Et l’opération n’est pas toujours simple…
Air France a pris une direction opposée. La pénalité occasionnée par un changement de vol est passée de 70 à 10 € pour les porteurs de cartes Senior, Jeune ou Week-end. En revanche, le réajustement tarifaire risque de vous faire frémir, en particulier à la dernière minute. Telle est la politique du «yield management» de la compagnie, très similaire à celle d’Eurostar. Quant aux abonnés, s’ils veulent prendre un vol plus tôt ou plus tard dans la journée, ils pourront modifier l’heure de départ gratuitement le jour même de leur voyage grâce au système « go show/after show ». Seul hic, il faut encore attendre minuit pour effectuer le changement mais cela devrait changer dans les semaines à venir pour ce qu’on appelle «les 14 heures glissantes». C’est-à-dire qu’un abonné qui aurait un vol a six du matin pourrait changer de vol à partir de 16 heures la veille et jusqu’à 22h le jour de sa réservation. Un avantage très substantiel qu’aucune compagnie n’offre.
Que ce soit chez Air France ou à la SNCF, les usagers ont vu le périmètre d’utilisation des cartes de réduction se réduire considérablement. À la SNCF, les cartes ne sont pas valables sur les trains Ouigo, alors que des dizaines de TGV ont été supprimés pour faire place à ces trains low cost. C’est une mauvaise nouvelle… en théorie. Dans les faits, dans la majorité des cas, grâce aux cartes Senior, Jeune ou Week-end, vous aurez de meilleurs prix sur les TGV que ce que propose Ouigo.
De plus, plusieurs régions françaises ne jouent plus le jeu du tarif national pour les correspondances TGV-TER. Cette décision a une énorme incidence dès lors que votre voyage comprend une section en TGV ou en Intercités, avec votre réduction, et une autre en TER sans votre réduction. Vous êtes désormais obligés d’acheter deux billets, et cerise sur le gâteau, les correspondances ne sont plus assurées ! De plus, les cartes nationales ne sont plus valables dans les TER des régions comme Aquitaine et Sud. Ces restrictions compliquent encore un peu plus l’utilisation du train.
Transavia, la filiale d’Air France, n’accepte pas non plus les cartes de sa maison mère, au détriment de nombreux abonnés, puisque Air France a opéré le transfert vers sa filiale à bas coût de nombreuses lignes d’Orly vers Brest, Biarritz, Montpellier, Perpignan, Toulon. Là aussi, si vous êtes porteur d’une carte de réduction ou que votre statut Flying blue est Gold ou Platinum, vous paierez plus cher sur Transavia le service que vous auriez eu sur Air France (bagage, siège, sky priority, salon…). À vous de préférer Charles-de-Gaulle à Orly !
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À la SNCF, l’utilisation des cartes est à géométrie variable. Elles ne sont d’aucune utilité sur Thalys et Eurostar, dont la SNCF est pourtant le propriétaire majoritaire. Par ailleurs, les programmes de fidélité de SNCF, Eurostar et Thalys ne sont toujours pas coordonnés. Vers l’Allemagne au départ de la gare de l’Est, les prix ne sont pas les mêmes selon que vous allez sur SNCF Connect ou sur bahn.de…
Chez Air France, si les cartes sont utilisables dans toute l’Europe, elles le sont pour un aller-retour ou un aller simple uniquement au départ de la France. Vous pouvez acheter un Paris-Barcelone-Paris mais pas un Barcelone-Paris-Barcelone.
À la SNCF, la tarification se fait en aller simple et un aller-retour est la somme de deux aller simples. Ce n’est pas le cas chez Air France. Même avec une carte, un aller simple chez Air France acheté à la dernière minute vous sera vendu à prix d’or. Dans bien des cas, il vaudra mieux acheter un aller-retour quitte à jeter le retour…
Les deux entreprises suivent des politiques contraires. Air France qui offrait à ses abonnés un tarif fixe quel que soit le vol – le tarif « S » – a abandonné cette option simplissime au profit de prix modulés selon le remplissage du vol et la date de départ. Ce qui oblige à un réajustement tarifaire en cas de changement, rarement à l’avantage du passager. Si ce n’est le jour du départ où l’abonné peut prendre le vol qu’il veut sans réajustement.
La SNCF a pris l’option inverse : les billets «Fréquence», qui variaient selon les heures de la journée, sont désormais facturés au même prix, sur la même destination et quel que soit le train. Ce qui facilite les changements.
Un «Open Jaw» c’est aller vers une ville et revenir d’une autre. Par exemple aller à Marseille et revenir d’Aix en Provence. À la SNCF, les cartes «Avantage» le permettent, mais pas la carte «Week-end» ni «Famille». Elles n’accordent de réduction que si l’origine et la destination sont les mêmes. Sauf le samedi et dimanche où l’aller simple est possible. Avec la carte «Liberté» vous faites comme vous voulez à condition d’effectuer deux réservations différentes.
Avec Air France, l’«Open jaw» est possible pour un aller-retour, à condition qu’il soit effectué en France métropolitaine ou en Europe. Par exemple aller à Vienne et revenir de Munich. Mais il est impossible de combiner un vol en France et un retour d’Europe. Par exemple un aller à Montpellier et un retour de Barcelone.
Si vous passez la nuit du vendredi, du samedi ou du dimanche sur place, la Carte «Liberté» propose à ses titulaires la réduction de la carte «Avantage». Le site SNCF Connect prend en compte plusieurs tarifs, par exemple si vous avez une carte week-end et une carte Liberté. En revanche, celui d’Air France s’emmêle les pinceaux si vous avez deux cartes.
Chez Air France, la carte «Week-end» permet aussi des allers simples mais uniquement les samedis et dimanche.
Les cartes de réduction telles que nous les connaissons (Jeune, Senior, Week-end) sont une spécificité très française. Elles sont l’héritage, parfois un peu compliqué – je vous le concède —, d’un système mis en place autrefois par Air Inter. Il permettait aux moins de 26 ans et aux séniors (sur présentation de leur pièce d’identité) ainsi qu’aux détenteurs de la carte Évasion (donc, tous les autres) de voyager en aller-retour ou en aller simple sur les vols de milieu de journée en semaine et les week-ends. Les deux opérateurs auraient d’ailleurs intérêt à s’inspirer de ce qui avait été créé à l’origine.
Ces cartes de réduction dites « loisirs » ont désormais un prix d’achat tellement bas qu’il est remboursé en un seul aller-retour. Le risque est donc très faible. Elles permettent de limiter la hausse générale des prix à laquelle on assiste actuellement. Pour les cartes de réduction dites « pro » (Liberté à la SNCF, Abonné chez Air France) elles sont plus chères à l’achat et il faut entre 4 et 5 allers-retours pour les rembourser. Mais elles ont l’énorme avantage d’offrir des billets remboursables jusqu’au départ, ce qu’aucune compagnie low cost n’offre, pas même Transavia ou Ouigo. De plus les échanges gratuits sont facilités de manière récurrente à la SNCF et le jour du départ chez Air France.
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Lockyyy
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Les cartes de réduction? Une escroquerie. Ou comment demander aux usagers de payer plus pour ensuite acheter leurs billets au tarif normal.
LA VÉRIFICATION – Considéré comme le moyen de transport collectif le moins polluant, le train génère néanmoins des nuisances dues à la construction et à l’entretien des voies. Des données non prises en compte dans le calcul des émissions de CO2 d’un trajet.
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Air France et la SNCF bradent leurs cartes de réduction : a-t-on vraiment intérêt à se jeter dessus ?
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