Ce mercredi à 20 heures, six waterwomen entameront leur défi de 8 000 kilomètres en prone paddle board – planche plus étroite et moins longue qu’un stand-up paddle – de Lima, au Pérou, à Moorea, en Polynésie française. Accompagnées de cinq membres d’équipage – skippers et médecin inclus – qui seront à bord d’un voilier, Stéphanie Geyer-Barneix, Alexandra Lux, Itziar Abascal, Emmanuelle Bescheron, Margot Calvet et Marie Goyeneche se relaieront toutes les heures, du départ jusqu’à l’arrivée, pendant trois mois.
Après avoir surmonté plusieurs cancers, Stéphanie Geyer-Barneix a créé l’association Hope Team East, dont elle est présidente depuis 2015, afin d’aider les femmes atteintes d’un cancer du sein par le défi sportif. « Notre association est là pour accompagner les personnes qui veulent suivre un programme avec des coachs sportifs mais cela a un coût, explique-t-elle. Il fallait qu’on trouve des fonds et on s’est dit qu’on allait réaliser un défi en vendant chaque kilomètre. » Une cagnotte a été ouverte en ligne pour ceux qui souhaitent contribuer à l’aventure.
Pour réaliser ce défi, Stéphanie Geyer-Barneix s’est entourée d’une équipe d’athlètes de haut niveau spécialisées dans le sauvetage côtier. « Alexandra (Lux) avait déjà réalisé avec moi la traversée de l’Atlantique Nord, du Canada à la France en 2009 (depuis dans le Guinness Book), a-t-elle confié. Itziar (Abascal) était venue avec moi au Cap Horn en 2015 et a tout de suite adhéré au projet. » Parmi les six waterwomen, trois sont novices de ce type de défi : Emmanuelle Bescheron, Margot Calvet et Marie Goyeneche. « Avec Emmanuelle, on se connaissait puisqu’on avait fait une compétition de sauvetage côtier en Polynésie, raconte Geyer-Barneix. Marie et Margot m’avaient contactée car elle voulait réaliser une grande traversée. »
Cette aventure est un choc des générations. Geyer-Barneix, du haut de ses 47 ans, sera l’aînée de cette traversée, alors que la benjamine, Marie Goyeneche, n’a que 22 ans. « L’expérience est importante quand on part pendant des jours voire des mois, avoue Geyer-Barneix, ancienne championne du monde de sauvetage côtier en 2000. Quand je peux, je n’hésite pas à rassurer les plus jeunes, ce qui donne de beaux échanges entre nous. »
Pour être prêtes physiquement, elles ont suivi un plan d’entraînement précis en collaboration avec le CERS de Capbreton. La préparation mentale a fait partie intégrante du projet, chaque athlète ayant traversé des périodes difficiles et de nombreux problèmes de santé dans sa vie. Pour cela, les six waterwomen se sont appuyées sur quatre préparateurs mentaux – Christian Ramos, Walter Geyer, Myriam Barneix et Jean Guibert. « Ce sont des athlètes de haut niveau qui ont la capacité d’aller au-delà de ce qu’on peut imaginer, complète Jean Guibert. Il a fallu créer un collectif pour qu’elles puissent s’entraider lorsqu’elles seront en plein milieu de l’océan. Le deuxième volet de notre intervention était d’amener les athlètes à être indépendantes pour qu’elles soient en capacité de gérer leurs préparations, qui est différente pour chacune. »
La nutrition et la récupération ont également été minutieusement préparées. « On a beaucoup travaillé sur ces deux aspects mais sans oublier le facteur émotionnel, confie Geyer-Barneix. On s’est dit qu’il ne fallait pas porter un jugement sur nos performances lorsque l’on sera sur la planche. L’essentiel, c’est de réussir notre défi. »
Avant de se lancer dans le défi Lima-Moorea, les six waterwomen ont fait leurs gammes ensemble entre Monaco et Athènes (1 800 km), le 5 juin 2022. « Cette traversée d’une quinzaine de jours nous a permis de travailler et d’améliorer quelques points techniques, explique l’instigatrice du projet avec précision. Il n’y a rien de mieux que de se tester en conditions réelles. » À quelques heures de la longue traversée vers la Polynésie française, la bande des six est déjà sur place au Pérou, prêtes à monter sur la planche. Pour elles, c’est le défi d’une vie. « J’espère qu’il nous unira et nous guérira », conclut Stéphanie Geyer-Barneix.

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