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Le premier festival international du graffiti s’est tenu à Papeete la semaine dernière. Images du bout du monde…
Temps de lecture : 3 min
Plus connue pour ses plages de sable blanc et ses cocotiers, Tahiti est aussi une île riche en productions artistiques. Du 5 au 11 mai, elle a accueilli le premier festival international d’art graffiti, ONU‘U 2014. Une belle rencontre entre Polynésiens et artistes internationaux…

© Suliane Favennec
© Suliane Favennec

Gris, ternes et souvent sales…, les murs de Papeete, la capitale de Tahiti, étaient jusqu’alors insipides. Dans la rue, piétons ou automobilistes, rares étaient ceux qui levaient le nez de leurs pieds ou de leur volant. Désormais, il est impossible de conduire ou de marcher sans avoir la tête en l’air pour admirer l’énorme bernard-l’hermite, la gigantesque baleine, le cartoon géant ou les nombreuses et splendides vahinés qui charment les passants étourdis. Dans le cadre du premier festival international du graffiti ONO’U 2014, une quinzaine de graffeurs internationaux, des pointures du milieu, ont réalisé sur cinq jours dix fresques murales dans le centre-ville de Papeete. À la bombe ou à la peinture, les artistes ont laissé parler leur imagination. Certains ont choisi de représenter des symboles de la Polynésie française, d’autres ont préféré offrir leurs plus belles signatures. Tous ont attisé la curiosité des Tahitiens, nombreux à s’arrêter et à arracher quelques minutes à leur emploi du temps pour contempler ces oeuvres.
Parmi eux, Metua, 55 ans. Bienveillant, l’homme a attendu le moment propice pour faire remarquer à l’artiste japonais Suiko qui peignait un coq géant sur le mur d’une école une légère omission de sa part. “Il a oublié le tara (les ergots, NDLR) sur les pattes. C’est ce qui fait la particularité de nos coqs, surtout ceux de combat. Sans ça, les passants vont croire que c’est une poule”, s’amuse le quinquagénaire à la barbe grisonnante qui ne cesse de louer la beauté de ce nouveau mur. “Ça change la ville et ça met de la gaieté.”

Christophe Lambert, parrain du festival © Suliane Favennec
Christophe Lambert, parrain du festival © Suliane Favennec

Metua n’est pas le seul à avoir été séduit. L’acteur Christophe Lambert, parrain du festival, a lui aussi été charmé. “Le graffiti est un art basé sur l’imagination, la poésie, la couleur, l’évasion, explique cet amateur d’art et habitué de la Polynésie française. La ville de Papeete se prête complétement à cet art, les murs repeints lui donnent une nouvelle vie !” L’interprète de Highlander, apparu fatigué et seul lors du festival, a avoué avoir retrouvé un regain d’optimisme grâce cette semaine. “J’ai reçu beaucoup d’émotion et j’ai eu de très belles surprises. Les couleurs des peintures étaient vivantes et flashantes, cela fait du bien dans ce monde si gris”, confie l’acteur, qui s’est baladé dans les rues de la ville à la rencontre des murs graffés avant de revêtir son costume de président du jury lors du concours du week-end.

© Suliane Favennec
© Suliane Favennec

Une “battle” entre vingt-quatre graffeurs, artistes internationaux et locaux s’est déroulée les 10 et 11 mai sur la place To’ata à Papeete. Malgré un spectacle époustouflant entre graffeurs et une belle rencontre artistique, l’événement n’a pas échappé à la polémique. L’avarice des organisateurs qui ont choisi de faire payer l’entrée du concours, à un prix plutôt élevé (2 000 francs CFP la journée, soit un peu plus de 15 euros), n’a pas été du goût de tout le monde. Deux artistes prévus pour la “battle” ont décidé de la boycotter.

“On est des artisans, Je fais de la peinture populaire, explique l’artiste Dize, dont la réputation n’est plus à faire dans le milieu du street art. C’est absurde de graffer enfermés dans des cages alors que toute une partie de la population, la plus démunie, est derrière des grilles à nous regarder. On fait du street art, pas du business.” Gêné par cette situation, Dize a décidé de graffer un petit message ironique sur le mur qui lui était consacré et de retourner peindre les rues de la ville au côté de certains artistes locaux, ravis et honorés de mettre un coup de bombe à côté d’une “star” du street art.

© Suliane Favennec
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© Suliane Favennec
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