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Jean-Jacques Annaud, qui vient de publier Une vie pour le cinéma (Grasset), s’est rendu à deux reprises à Wallis-et-Futuna, en Polynésie, le territoire français le plus éloigné de la métropole. L’île de Futuna en particulier lui a laissé un souvenir ému.
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GEO : Pourquoi êtes-vous allé découvrir Wallis-et-Futuna, à 16 000 kilomètres de Paris ?
Jean-Jacques Annaud : Je suis très sensible à la francophonie et je me suis donné pour objectif de visiter tous les Dom-Tom, ainsi que tous les pays francophones du monde. En décembre 1989, j’avais choisi cette destination avec ma femme et sa fille. Nous avons profité de notre séjour à Wallis pour passer trois ou quatre jours à Futuna. Comme il n’y avait alors pas d’hôtel sur cette île minuscule, le représentant local de la France, un sous-préfet, nous avait hébergés durant notre séjour après nous avoir accueillis avec son épouse sur la piste d’atterrissage. Piste d’ailleurs offerte par Jacques Chirac lorsqu’il était maire de Paris, en même temps qu’un avion d’une vingtaine de places, pour relier Wallis à Futuna et assurer ainsi la continuité territoriale !
Comment avez-vous été accueillis ?
Avec beaucoup de chaleur et des colliers de fleurs ! Notre famille était le cinquième « groupe » de touristes de toute l’année à Futuna, les premiers étaient deux Italiens en voyage de noces, arrivés sur l’île par erreur car ils croyaient qu’elle s’appelait Fortuna. A mon arrivée, j’ai appris qu’il me fallait rendre visite aux deux rois de l’île, qui sont aussi des fonctionnaires de l’Etat ! Depuis la guerre entre deux clans qui, au XIXe siècle, avait fait dix-huit morts, l’île est en effet divisée en deux royaumes coutumiers, Alo (qui occupe les deux tiers du territoire) et Sigave. Le roi de Sigave habitait dans une petite maison charmante, avec une allée le long de laquelle étaient disposés de petits cailloux bleus, blancs et rouges. Après lui avoir rendu les hommages, je me suis rendu chez celui d’Alo, qui résidait dans une maison dont les carreaux des escaliers étaient également bleus, blancs et rouge. Sa maison faisait face à la plus grande église de l’île, en lave noire. Depuis sa terrasse, j’ai assisté à une scène étonnante : les paroissiens disposaient des centaines de cochons grillés sur le parvis.
Y avait-il une raison particulière à cela ?
A Futuna, les indigènes étaient anthropophages. Pour éradiquer cette pratique, les missionnaires montrèrent que la viande de cochon était succulente. Depuis, des fêtes très importantes sont organisées, où l’on expose les cochons. D’ailleurs, l’île est envahie par cet animal. Plus tard, on m’a emmené voir les fours où l’on cuisait autrefois… des êtres humains. Il y en avait un pour adulte, un autre pour enfant, situés au fond d’une plantation d’ananas.
Qu’est-ce qui vous séduit tant dans ce lieu si loin de tout ?
L’impression d’être dans un autre monde, à une autre époque. Dans ces îles volcaniques, le sable est noir, la végétation luxuriante et la population semble heureuse, bien nourrie et soignée. Ces îles sont totalement préservées du tourisme. De fait, elles n’en ont pas besoin car elles bénéficient de trois sources de revenu. Le premier, ce sont les salaires des travailleurs partis en Nouvelle-Calédonie ou en métropole. Le deuxième, la philatélie car les collectionneurs achètent cher les timbres de ces territoires. Enfin, la pêche d’un coquillage exceptionnel, le trochus, qui fournit la nacre pour les boutons d’une grande marque italienne de vêtements et dont la pêche n’est autorisée qu’un jour par an.
Vu ce que vous décrivez, il doit être difficile de se dire que l’on est en France à Futuna ?
C’est précisément ce que je trouve charmant. L’administration est française, les lois sont les nôtres. Les habitants sont nos concitoyens, ils sont fiers d’être Français et cela me touche.
➤ Entretien paru dans le magazine GEO de juillet 2019 (n°485, Grèce).
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