L’Institut national d’études démographiques (Ined) est un organisme public de recherche spécialisé dans l’étude des populations, partenaire du monde universitaire et de la recherche au niveau national et à l’international.
Fondé en 1945, l’Ined est devenu en 1986 un Établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère de la santé et de la prévention et du Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées L’institut a pour missions d’étudier les populations de la France et des pays étrangers, de diffuser largement les connaissances produites et d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche. Par une approche ouverte de la démographie, il mobilise un large éventail de disciplines comme l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, l’épidémiologie. Fort de ses équipes de recherche, il encourage les échanges et conduit de nombreux projets de recherche européens ou internationaux.
Depuis 1986, l’Ined fait partie des 8 établissements publics scientifique et technique (EPST), à l’image du CNRS, de l’Inserm ou encore de l’INRA et l’IRD. L’institut a pour missions d’étudier les populations sous tous leurs aspects, de former à la recherche et par la recherche, d’informer les pouvoirs publics et le public sur les questions démographiques et de diffuser les travaux démographiques français à l’international..
Les effectifs de l’Ined rassemblent près de 250 personnes, dont une cinquantaine de chercheurs titulaires, plus d’une quarantaine de doctorants et autant de chercheurs associés. L’institut compte 10 unités de recherche, une unité mixte de service et sept services d’appui à la recherche comme le service Méthodes statistiques et le service des Enquêtes.
L’Ined est doté de plusieurs instances : le conseil scientifique, le conseil d’administration, la commission d’évaluation et d’un comité d’éthique.
L’Ined est l’un des membres fondateurs du Campus Condorcet. Toutes ses équipes sont installées à Aubervilliers et contribuent activement à faire de ce nouveau pôle une référence pour les sciences humaines et sociales, à l’échelle nationale et internationale.
Les travaux de recherche de l’Ined sont en partie financés par les crédits budgétaires de l’établissement. Ils peuvent aussi bénéficier de dotations issues d’agences de financement telle que l’Agence nationale de la recherche (ANR), ou provenant d’organismes publics, de l’industrie ou de programmes européens tels que European Research Council (ERC) et Horizon 2020.
Chaque année, des chercheurs de l’Ined candidatent aux appels à projets lancés par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
L’Ined figure parmi les lauréats des Laboratoires d’excellence (Labex), Equipements d’excellence (Equipex), Ecoles universitaires de recherche (EUR) et Institut Convergences. Ces projets, financés par le Programme des investissements d’avenir (PIA), dotent la recherche en sciences de la population d’instruments de financement afin de faire émerger des projets scientifiques ambitieux, capables d’augmenter l’excellence scientifique et la visibilité internationale de la recherche française.
En accord avec la politique d’internationalisation de l’Ined, les équipes de recherche de l’Institut répondent chaque année à des appels à projets internationaux et européens, en lien notamment avec les programme Horizon Europe, Erasmus+ ou encore les Partenariats Hubert Curie. Vous pouvez consulter les projets financés dans le cadre d’appels à projets européens et internationaux dans la rubrique : Appels à projets financés dans le cadre d’appels à projets
Des accords-cadres sont régulièrement signés entre l’Ined et des organismes pour concrétiser l’intérêt et la volonté des chercheurs de l’Ined et de leurs partenaires, établir le cadre de la collaboration et les objectifs scientifiques. Ils formalisent des engagements autour d’activités de recherches, de formation et de valorisation scientifique. Au niveau national, l’Ined renforce également ses liens avec l’enseignement supérieur.
L’Ined se distingue par sa capacité à mener des recherches qui couvrent non seulement la France mais une large partie du monde. Son envergure internationale se reflète dans ses nombreux partenariats à l’étranger et son rôle actif au sein de la communauté scientifique mondiale. L’institut entretient cette culture de la coopération internationale et prend toute sa place dans l’espace européen de la recherche.
L’Ined est un partenaire central dans les grandes initiatives de recherche en démographie européenne. L’institut participe à de nombreux projets financés par l’Union européenne ainsi qu’aux principales initiatives qui rassemblent la communauté des démographes européens.
L’Ined soutient la mobilité internationale des chercheurs, un instrument de formation et de coopération qui participe au renouvellement des problématiques et méthodes de recherche.
Le savoir est fait pour être partagé. L’Ined s’engage dans une politique active visant à promouvoir l’accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
A travers sa charte pour la science ouverte, l’Ined promeut un accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
Organisme public, l’Ined recrute ses fonctionnaires sur concours, à partir du CAP jusqu’au doctorat. L’Ined fait aussi appel à du personnel en vacation ou en contrats à durée déterminée dans des domaines très variés.
L’Ined recrute sur concours des chercheur-e-s, des ingénieur-e-s et des technicien-ne-s. Retrouvez ici les derniers avis de concours, la présentation des postes à pourvoir et les informations pour déposer sa candidature.
Pour un stage ou un emploi, cette rubrique vous permet d’adresser directement une candidature spontanée à l’Ined.
La recherche à l’Ined s’organise autour d’équipes pluridisciplinaires et thématiques composées de chercheurs titulaires et associés. Elles accueillent des doctorants et des post-doctorants formés à la recherche par la recherche. Plus de 70 projets de recherche pluriannuels sont engagés. Dans le cadre de certains d’entre eux, l’Ined produit ses propres enquêtes, l’une de ses spécificités. L’institut met les données recueillies à disposition de la communauté scientifique.
L’Ined accorde une place croissante à la formation à la recherche par la recherche. Chaque année, l’institut accueille des doctorants, venus de France ou de l’étranger, sélectionnés sur dossiers. Encadrés par un.e chercheur.e, ces étudiants intègrent une ou deux unités de recherche de l’Ined en fonction de leur sujet de thèse. Ils bénéficient ainsi des moyens de travail et de l’environnement stimulant offerts par l’Ined.
L’Ined propose des contrats post-doctoraux, d’un ou deux ans en général, à de jeunes chercheurs, français ou étrangers. Les bénéficiaires sont sélectionnés en fonction de leurs compétences, de la qualité et l’originalité de leur projet de recherche et de son adéquation avec les thématiques de recherche de l’Ined.
L’Ined produit ses propres enquêtes. Les données recueillies sont accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. L’institut possède un service des enquêtes, qui définit les plans de sondage, aide à la conception des questionnaires et l’élaboration des protocoles de collecte, redresse les échantillons statistiques. Il assure ensuite la mise à disposition des bases de données anonymisées. Le catalogue des enquêtes de l’Ined et la présentation des projets en cours peuvent être consultés en ligne.
L’Ined met à disposition des internautes de vastes ressources documentaires sur la population : sa bibliothèque, ouverte à tous et accessible en ligne, et une présentation des méthodes d’analyse statistique et de la méthodologie d’enquête.
La recherche s’appuie sur une palette de méthodes d’analyse statistique qui permettent de décrire et modéliser les événements ou phénomènes démographiques à partir des données recueillies lors des enquêtes. En plus de méthodologies classiques (analyse de données, régressions logistiques…), plusieurs méthodes se sont imposées ces 30 dernières années en démographie. De nombreuses ressources disponibles, notamment de séminaires et de publications, aident à s’informer sur l’utilisation de ces différentes méthodes.
Des séminaires méthodologiques et pratiques en France et à l’Etranger, des articles publiés sur l’utilisation de ces méthodes, des listes de références bibliographiques, voici quelques exemples de ressources statistiques disponibles
Chaque enquête est spécifique. Mais un certain nombre d’étapes sont incontournables. Dès le début, il faut envisager les questions du protocole d’enquête, de la base de sondage, du budget, de la réglementation, des tests, de la constitution de fichiers et de l’étude de la qualité. Au sein de l’Ined, le service des enquêtes et sondages suit la majeure partie des collectes de données requises par les projets de recherche de l’institut. Il accompagne la production des données tout au long du processus ou apporte un soutien ponctuel lors de certaines phases d’enquête.
Les enquêtes de l’Ined répondent chaque fois à une problématique de recherche particulière. Très souvent innovantes, elles sont réalisées «sur mesure». Les choix méthodologiques constituent en eux-mêmes une étape de la recherche. Les temps de la préparation, de la conception des questions et du bilan des enquêtes pilotes ne sont donc pas à sous-estimer, de même que l’étude de la qualité des données collectées.
L’Ined présente ici un ensemble de ressources et de contenus susceptibles d’apporter un éclairage scientifique sur plusieurs grands thèmes faisant parfois écho à l’actualité législative.
Les récentes avancées sociétales et médicales autour des enjeux contemporains de bioéthique ont fait émerger de nombreux sujets de recherche. A l’Ined, plusieurs projets de recherche, des enquêtes, des articles scientifiques contribuent à apporter de nouvelles connaissances sur des sujets comme l’AMP, la GPA, le choix du sexe de l’enfant ou encore la fin de vie.
Les éditions de l’Ined existent depuis la création de l’institut et constituent l’une de ses missions fondamentales de diffusion des savoirs. Elles reflètent et accompagnent la pluridisciplinarité de la sphère démographique par la valorisation de la production scientifique et des résultats d’enquêtes auprès d’un public diversifié, offrant ainsi une expertise scientifique et une connaissance solide au débat public et aux grandes questions de société. L’archive ouverte permet la diffusion élargie des publications en libre accès ainsi que l’archivage pérenne des travaux des chercheurs de l’Ined.
Le service de la Bibliothèque, documentation et archives de l’Ined a rejoint le Grand Équipement Documentaire (GED). Cette grande bibliothèque au service de la recherche en sciences humaines et sociales, rassemble des collections issues de plus de 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives.
Un tour du monde et des questions de population : pour comparer les indicateurs démographiques de tous les pays, préparer un cours ou un exposé, trouver des réponses simples, réfléchir à des sujets complexes, s’initier à la démographie, approfondir ses connaissances en s’amusant…
Toute la population en chiffres : retrouvez les données sur la population française et mondiale, présentées sous forme de tableaux, et accédez aux bases de données en ligne.
Les données les plus récentes sur la structure et l’évolution de la population en France sont présentées sous forme de tableaux, réalisés à partir des publications régulières de l’Insee et des estimations et calculs de l’Ined. Les données peuvent aussi être téléchargées sous forme de séries remontant plus loin dans le passé. «Evolution de la population» propose des chiffres sur la « France entière» incluant les DOM. Les autres rubriques concernent la France métropolitaine, pour laquelle les données disponibles sont plus complètes et homogènes sur de longues périodes.
Les tableaux pour la « France entière » regroupent les données sur la France métropolitaine et les quatre départements d’outre-mer (DOM). Ces chiffres n’incluent pas Mayotte, devenue le cinquième département d’outre-mer depuis le 31 mars 2011, ni les autres territoires et collectivités d’outre-mer : Nouvelle Calédonie, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna. L’Insee intègre les DOM dans son bilan démographique annuel et dans une grande majorité des tableaux du volume annuel détaillé sur la situation démographique.
D’abord estimés de manière provisoire, les effectifs de la population par sexe et âge sont ensuite revus par l’Insee, pour l’ensemble du territoire, comme pour les régions et départements ; les recensements permettent par exemple de disposer, pour certaines années, de comptages précis. Les données définitives sont publiées avec un décalage de deux ans.
La population se modifie, d’une année à l’autre, par les mouvements de la population. Le mouvement naturel est la différence entre les naissances et les décès, connus précisément grâce aux bulletins issus de l’enregistrement à l’état civil. Le solde migratoire représente la différence entre les entrées et les sorties ; il est évalué à partir des informations disponibles. Pour garantir la cohérence comptable entre, d’une part, les évolutions de la population entre deux recensements et, d’autre part, les mouvements estimés de la population, il est parfois nécessaire de rajouter un ajustement statistique aux mouvements. Pour estimer l’importance relative des mouvements de population, on les rapporte souvent à la population moyenne de l’année. On obtient ainsi des taux de natalité, de mortalité, de croissance naturelle et de variation totale.
L’enregistrement des naissances à l’état civil donne lieu à des bulletins statistiques qui contiennent de nombreuses informations. On compte donc les naissances selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale et nationalité des parents, sexe de l’enfant, grossesses gémellaires, etc. Les informations sur l’âge de la mère permettent de calculer des indicateurs démographiques de fécondité annuels, comme l’indicateur conjoncturel exprimé en nombre d’enfants par femme au cours de la vie. Année après année, on complète également la descendance des générations : par exemple les femmes nées en 1970 ont eu 34 ans en 2004. On sait combien elles ont eu d’enfants avant 34 ans, et l’on peut estimer combien elles auront d’enfants au cours de leur vie.
L’utilisation de la contraception et le recours à l’avortement rendent possible la maîtrise de la fécondité. Les comportements de contraception sont connus grâce à des enquêtes réalisées par l’Ined auprès de l’ensemble des femmes depuis 1978. Les caractéristiques des avortements sont connues à partir des bulletins statistiques d’interruption volontaire de grossesse et des statistiques hospitalières. L’Ined est chargé de la publication de la statistique des bulletins d’interruption de grossesse.
L’enregistrement des mariages à l’état civil permet de compter les mariages selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale antérieure de chacun des époux, nationalité, etc. Les statistiques du ministère de la Justice renseignent sur les divorces ainsi que sur les formations et les dissolutions de Pacs.
Les recensements de la population recensent d’abord des logements. Les personnes vivant dans un même logement forment un ménage, chaque ménage regroupant donc l’ensemble des habitants d’un logement. D’après les définitions du recensement, un ménage peut être composé d’une ou plusieurs familles. On appelle famille un groupe de personnes composé soit d’un couple sans enfant, soit d’un couple avec des enfants, soit d’un (seul) adulte et de ses enfants.
L’enregistrement des décès à l’état civil permet de mesurer les variations de la mortalité. Les décès par sexe et âge permettent de calculer des tables de mortalité. Ces tables fournissent l’espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre d’années qu’un nouveau-né pourrait s’attendre à vivre, s’il devait subir toute sa vie les conditions de mortalité observées au cours de l’année. Par ailleurs, la mortalité des enfants de moins d’un an fait l’objet d’un suivi particulier. Les causes de décès sont renseignées par un médecin sur un certificat spécifique de décès et les certificats sont envoyés à l’Inserm qui code les causes de décès.
Deux séries statistiques utilisant des sources différentes sont présentées. L’Insee s’appuie sur l’exploitation des enquêtes annuelles de recensement offrant une vision globale du solde migratoire et des entrées et sorties des personnes non-immigrées ou immigrés (y compris les étrangers en situation irrégulière). L’Ined dénombre plus précisément les admissions au séjour des étrangers non ressortissants de l’Union européenne obtenant un premier titre de séjour d’une durée d’au moins un an (fichier AGDREF, ministère de l’Intérieur).
Les recensements de la population sont l’occasion de compter le nombre d’habitants qui ne sont pas nés sur le territoire. Parmi les personnes nées à l’étranger, on a coutume de distinguer les Français de naissance et les immigrés, nés avec une autre nationalité. On distingue les habitants selon leur nationalité, française ou étrangère, et, parmi les Français, les Français de naissance ou les Français par acquisition. Le recensement permet donc de connaître la nationalité actuelle ainsi que la nationalité à la naissance. Les catégories d’étrangers et d’immigrés sont différentes : les immigrés, « nés étrangers à l’étranger », peuvent être encore étrangers au recensement ou être devenus Français. Les étrangers, quant à eux, peuvent être nés à l’étranger (ils sont alors immigrés) ou nés en France (dans ce cas ils ne sont pas immigrés).
Les tableaux présentent les populations, les naissances et les décès en Europe et dans les pays développés. Ces données sont complétées par des indicateurs : taux de natalité et de mortalité, indicateur conjoncturel de fécondité et espérance de vie à la naissance.
La publication World Population Prospects fournit les estimations de population des Nations unies pour tous les pays du monde pour chaque année entre 1950 et 2020 et les projections selon différents scénarios (bas, moyen et haut) pour chaque année entre 2020 et 2100. Les chiffres présentés ici correspondent aux projections pour l’année en cours selon le scénario moyen.
Toute la population sous vos yeux : un atlas, des cartes interactives, une animation sur les migrations et des graphiques interprétés pour visualiser et comprendre les enjeux et les évolutions démographiques mondiales.
Avec le simulateur de population, les animations et les quiz, maîtriser les grands concepts démographiques, des projections aux facteurs de fécondité, devient (presque) un jeu d’enfant.
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Mise à jour : janvier 2019, sur la base des estimations de la Population mondiale des Nations Unies
Les “mémos de la démo” offrent un panorama des connaissances sur la population, dans des formats courts et accessibles à tous.
Fiches, analyses et interviews proposent un résumé de l’actualité scientifique, un décryptage des enjeux liés aux questions de population et des outils pédagogiques pour aborder les phénomènes démographiques et leurs évolutions, en France et dans le monde.
598, Mars 2022
 https://doi.org/10.3917/popsoc.598.0001
La surmortalité masculine due à la Covid-19 est plus importante que celle pour l’ensemble des décès à partir de 50 ans, peut-être en raison d’un plus grand risque pour les hommes d’être contaminés, du fait de leurs comportements, et aussi de comorbidités plus fréquentes chez eux, qui pourraient entraîner une plus grande létalité (risque de mourir de la maladie quand on est atteint).
Mortalité, Covid-19, surmortalité masculine, variations selon le sexe et l’âge, comportements, vaccinations, France, comparaisons internationales.
La Covid-19 tue plus les hommes que les femmes, mais de combien plus ? Sachant que c’est vrai aussi de la mortalité générale : en France, à tout âge, un homme a un risque de mourir dans l’année plus élevé qu’une femme du même âge. Gilles Pison et France Meslé décrivent la surmortalité masculine en France pour les décès par Covid-19 et la comparent à celle observée habituellement pour l’ensemble des décès.
La France a enregistré 657 000 décès en 2021 [1, 2], soit 12 000 décès de moins que les 669 000 de 2020, mais 44 000 de plus que les 613 000 de 2019 (tableau). C’est une hausse de 7,1 % par rapport à 2019. Elle vient pour partie de ce que la population a augmenté et a vieilli, comptant un nombre plus important de personnes âgées. Le calcul de l’espérance de vie permet d’éliminer dans les fluctuations de la mortalité ce qui revient aux variations de la taille de la population et de sa répartition par âge, pour ne faire apparaître que ce qui tient à l’évolution des risques de décès.
L’espérance de vie à la naissance atteint 79,3 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes en 2021, contre 79,1 ans et 85,1 ans en 2020, soit un gain de 0,2 an pour les hommes et 0,3 an pour les femmes. C’est un gain important, mais l’espérance de vie avait reculé de 0,6 an pour les hommes et 0,5 an pour les femmes en 2020 par rapport à 2019 en raison de l’épidémie de Covid-19. La hausse de 2021 ne permet pas de rattraper le niveau de 2019 – 79,7 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes – l’épidémie de Covid-19 ayant continué et entraîné de nombreux décès en 2021.
La baisse de l’espérance de vie en 2020 a été plus importante pour les hommes que pour les femmes, et la récupération partielle en 2021, moins élevée pour les premiers que pour les secondes. La Covid-19 tue plus les hommes que les femmes, mais de combien plus ? Sachant que c’est vrai aussi de la mortalité générale : en France, à tout âge, un homme a un risque de mourir dans l’année plus élevé qu’une femme du même âge. Un homme de 70 ans a par exemple un risque double de celui d’une femme de 70 ans. De même à 40 ans, le risque est double, même s’il est bien plus faible qu’à 70 ans, à la fois pour les hommes et les femmes.
Les femmes sont biologiquement moins fragiles que les hommes mais les écarts viennent surtout de leurs activités et leurs comportements. Tout au long de la vie, les hommes prennent plus de risques que les femmes et ont plus fréquemment des comportements nocifs pour la santé, notamment ils fument plus et boivent davantage d’alcool. Les femmes de leur côté sont en général plus attentives à leur santé et consultent plus souvent les médecins [3].
Il en résulte une surmortalité des hommes par rapport aux femmes toutes causes de décès confondues. Elle est plus ou moins importante selon l’âge avec un profil à deux « bosses » (figure 1 et annexe en ligne) : elle atteint des sommets aux âges de jeune adulte – les décès, très peu fréquents à ces âges, sont dus principalement aux morts violentes (suicides et accidents, notamment ceux de la circulation) –, et entre 55 et 74 ans.
La surmortalité masculine due à la Covid-19 est moindre que celle pour l’ensemble des décès quelle qu’en soit la cause avant la cinquantaine ; elle est plus importante à partir du groupe d’âge 55-64 ans (figure 1). Cela pourrait venir d’un plus grand risque pour les hommes d’être contaminés, du fait de leurs comportements – moindre respect des gestes barrière, plus grande interaction sociale, moins de télétravail – et aussi de comorbidités (hypertension, diabète), plus fréquentes chez eux à partir de la cinquantaine [5], qui entraîneraient une plus grande létalité (risque de mourir de la maladie quand on est atteint).
La surmortalité masculine pour ce qui est des décès par Covid-19 a évolué depuis le début de la pandémie (figure 2). Quelle que soit la période elle atteint un maximum vers 65-74 ans. Mais se rajoute au 1er semestre 2020 une première bosse à 25-34 ans. Elle pourrait s’expliquer par des comportements plus à risque chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes, un peu comme pour la mortalité accidentelle. Et aussi par la très forte mortalité par Covid-19 chez les jeunes adultes étrangers. La première vague a en effet été particulièrement meurtrière chez les personnes nées à l’étranger, en particulier celles nées en Afrique ou en Asie, car résidant souvent dans les régions les plus touchées par cette vague (Île de France, Grand Est), et exerçant aussi des métiers ne permettant pas le télétravail et exposant beaucoup à l’infection. Et parmi ces étrangers nés en Afrique ou en Asie la mortalité a été plus élevée chez les hommes que chez les femmes [6].
Cette première bosse à 25-34 ans disparaît ou se réduit ensuite, la reprise partielle des activités exposant alors hommes et femmes au virus de façon plus égale. La bosse principale, centrée vers 65-74 ans, s’affaisse en partie au 2e semestre 2021, peut-être en lien avec la vaccination. À ces âges, la proportion de personnes non vaccinées est plus élevée chez les femmes que chez les hommes : plus de 10 % contre moins de 8 % [7] (voir annexe en ligne). Cet écart pourrait venir de ce que les hommes auraient été considérés comme prioritaires pour la vaccination plus souvent que les femmes du même âge, du fait de comorbidités plus fréquentes. De façon étonnante, les hommes auraient ainsi été plus attentifs à leur santé que les femmes dans le cas de la vaccination contre la Covid-19, ou au moins plus obéissants aux directives sanitaires. Alors qu’on observe le plus souvent au contraire que les hommes ont des comportements moins favorables à la santé que les femmes.
La surmortalité masculine concernant les décès dus à la Covid-19 se situe en France dans la moyenne quand on la compare à celle observée dans d’autres pays (figure 3). Elle est plus élevée qu’en France en Italie et en Espagne, et moindre en Angleterre-Galles et aux États-Unis. Les profils par âge se ressemblent dans les pays latins (Italie, Espagne, France), avec une bosse très marquée entre 60 et 70 ans. La bosse est moins marquée en Angleterre-Galles et aux États-Unis, et elle s’observe plutôt à des âges un peu plus jeunes.
Seules des analyses plus fines qui prendraient en compte les comorbidités et les vaccinations détaillées par sexe et âge pourraient permettre de comprendre ces différences de profil. Mais ce type d’information n’est pas disponible pour l’instant dans tous les pays ; espérons qu’il le devienne prochainement.
Au 1er janvier 2022, la population de la France est estimée à 67,8 millions d’habitants, dont 65,6 en métropole et 2,2 en Outre-mer [1]. La population a augmenté de 221 000 habitants en 2021 (+ 0,33 %). La croissance tient pour un tiers à l’excédent des naissances sur les décès et pour deux tiers à l’excédent migratoire. Ce dernier, différence entre les entrées et les sorties de migrants, est estimé à 140 000 par l’Insee.
Autant de naissances en 2021 qu’en 2020
L’indicateur de fécondité augmente très légèrement entre 2020 et 2021, passant de 1,82 enfant par femme à 1,83, et le nombre de naissances augmente aussi, de 735 000 à 738 000.
La tendance observée depuis quarante ans à avoir ses enfants toujours plus tard se poursuit : les femmes qui ont accouché en 2021 avaient en moyenne 30,9 ans. Cet âge n’a cessé de progresser depuis 1977, où celles qui avaient accouché avaient 26,5 ans en moyenne.
L’examen de la fécondité par génération montre que les femmes nées en 1971, qui ont atteint 50 ans en 2021 et ont donc achevé leur vie féconde, ont eu 1,99 enfant en moyenne. Les femmes nées en 1981, âgées de 40 ans en 2021, en ont déjà 1,99, si bien que le total atteindra sans doute au moins 2,05 enfants lorsqu’elles atteindront 50 ans. Quant aux générations plus jeunes, elles sont encore loin d’avoir terminé leur vie féconde. Tout pronostic sur leur nombre final d’enfants reste donc hasardeux, mais il pourrait rester autour de 2 enfants par femme.
Les enfants nés à d’autres saisons que d’habitude
Si le nombre de naissances n’a pratiquement pas changé entre 2020 et 2021, elles ont été moins nombreuses en début d’année en lien avec l’épidémie de Covid-19 [2]. Lors du premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020, certains avaient annoncé un baby-boom neuf mois après, les restrictions de mouvements et le repli sur la vie de couple devant pousser certains à faire l’enfant qu’ils projetaient, pensaient-ils.
En réalité, les conceptions ont baissé. Les enfants nés en janvier 2021, conçus pour la plupart en avril 2020, donc en plein premier confinement, sont 13 % moins nombreux que ceux nés en janvier 2020. Ceux nés en février 2021, conçus en mai 2020, à la fin du confinement et juste après, sont 5 % moins nombreux que ceux nés en février 2020. Mais ceux nés dans les mois suivants ont été plus nombreux dans l’ensemble qu’en 2020, avec pour résultat une récupération totale des naissances qui n’avaient pas eu lieu en début d’année, toujours par rapport à 2020.
La baisse des conceptions lors du premier confinement n’a pas surpris [8]. Elle correspond à ce qui a souvent été observé lors des crises économiques : la montée du chômage et l’incertitude quant à l’avenir conduisent une partie des couples souhaitant avoir un enfant à reporter leur projet à plus tard. Une crise est souvent suivie d’une baisse des naissances un ou deux ans après. Mais une crise n’empêche pas les naissances, elle les reporte à plus tard. Il y a souvent récupération en sortie de crise.
C’est ce qui s’est passé avec le premier confinement. Mais la récupération a eu lieu rapidement. Et le second confinement n’a eu apparemment aucune influence sur les conceptions, et n’a pas empêché la reprise. Il a été moins strict que le premier, et les individus se sont faits à l’idée d’une épidémie plus longue qu’imaginée au départ et ont repris leurs projets. Les politiques familiales et sociales, complétés des dispositifs économiques spécifiques mis en place lors de la crise sanitaire, ont très probablement joué aussi un rôle d’amortisseur.
La surmortalité masculine due à la Covid-19 est plus importante que celle pour l’ensemble des décès à partir de 50 ans, peut-être en raison d’un plus grand risque pour les hommes d’être contaminés, du fait de leurs comportements, et aussi de comorbidités plus fréquentes chez eux, qui pourraient entraîner une plus grande létalité (risque de mourir de la maladie quand on est atteint).
Gilles Pison
France Meslé
Données des figures
Annexe en ligne : https://doi.org/10.34847/nkl.ce3dox36
Gilles Pison, France Meslé, La fécondité des filles de moins 15 ans dans le monde, 2022, Population et Sociétés, n° 598

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