L’Institut national d’études démographiques (Ined) est un organisme public de recherche spécialisé dans l’étude des populations, partenaire du monde universitaire et de la recherche au niveau national et à l’international.
Fondé en 1945, l’Ined est devenu en 1986 un Établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère de la santé et de la prévention et du Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées L’institut a pour missions d’étudier les populations de la France et des pays étrangers, de diffuser largement les connaissances produites et d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche. Par une approche ouverte de la démographie, il mobilise un large éventail de disciplines comme l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, l’épidémiologie. Fort de ses équipes de recherche, il encourage les échanges et conduit de nombreux projets de recherche européens ou internationaux.
Depuis 1986, l’Ined fait partie des 8 établissements publics scientifique et technique (EPST), à l’image du CNRS, de l’Inserm ou encore de l’INRA et l’IRD. L’institut a pour missions d’étudier les populations sous tous leurs aspects, de former à la recherche et par la recherche, d’informer les pouvoirs publics et le public sur les questions démographiques et de diffuser les travaux démographiques français à l’international..
Les effectifs de l’Ined rassemblent près de 250 personnes, dont une cinquantaine de chercheurs titulaires, plus d’une quarantaine de doctorants et autant de chercheurs associés. L’institut compte 10 unités de recherche, une unité mixte de service et sept services d’appui à la recherche comme le service Méthodes statistiques et le service des Enquêtes.
L’Ined est doté de plusieurs instances : le conseil scientifique, le conseil d’administration, la commission d’évaluation et d’un comité d’éthique.
L’Ined est l’un des membres fondateurs du Campus Condorcet. Toutes ses équipes sont installées à Aubervilliers et contribuent activement à faire de ce nouveau pôle une référence pour les sciences humaines et sociales, à l’échelle nationale et internationale.
Les travaux de recherche de l’Ined sont en partie financés par les crédits budgétaires de l’établissement. Ils peuvent aussi bénéficier de dotations issues d’agences de financement telle que l’Agence nationale de la recherche (ANR), ou provenant d’organismes publics, de l’industrie ou de programmes européens tels que European Research Council (ERC) et Horizon 2020.
Chaque année, des chercheurs de l’Ined candidatent aux appels à projets lancés par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
L’Ined figure parmi les lauréats des Laboratoires d’excellence (Labex), Equipements d’excellence (Equipex), Ecoles universitaires de recherche (EUR) et Institut Convergences. Ces projets, financés par le Programme des investissements d’avenir (PIA), dotent la recherche en sciences de la population d’instruments de financement afin de faire émerger des projets scientifiques ambitieux, capables d’augmenter l’excellence scientifique et la visibilité internationale de la recherche française.
En accord avec la politique d’internationalisation de l’Ined, les équipes de recherche de l’Institut répondent chaque année à des appels à projets internationaux et européens, en lien notamment avec les programme Horizon Europe, Erasmus+ ou encore les Partenariats Hubert Curie. Vous pouvez consulter les projets financés dans le cadre d’appels à projets européens et internationaux dans la rubrique : Appels à projets financés dans le cadre d’appels à projets
Des accords-cadres sont régulièrement signés entre l’Ined et des organismes pour concrétiser l’intérêt et la volonté des chercheurs de l’Ined et de leurs partenaires, établir le cadre de la collaboration et les objectifs scientifiques. Ils formalisent des engagements autour d’activités de recherches, de formation et de valorisation scientifique. Au niveau national, l’Ined renforce également ses liens avec l’enseignement supérieur.
L’Ined se distingue par sa capacité à mener des recherches qui couvrent non seulement la France mais une large partie du monde. Son envergure internationale se reflète dans ses nombreux partenariats à l’étranger et son rôle actif au sein de la communauté scientifique mondiale. L’institut entretient cette culture de la coopération internationale et prend toute sa place dans l’espace européen de la recherche.
L’Ined est un partenaire central dans les grandes initiatives de recherche en démographie européenne. L’institut participe à de nombreux projets financés par l’Union européenne ainsi qu’aux principales initiatives qui rassemblent la communauté des démographes européens.
L’Ined soutient la mobilité internationale des chercheurs, un instrument de formation et de coopération qui participe au renouvellement des problématiques et méthodes de recherche.
Le savoir est fait pour être partagé. L’Ined s’engage dans une politique active visant à promouvoir l’accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
A travers sa charte pour la science ouverte, l’Ined promeut un accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
Organisme public, l’Ined recrute ses fonctionnaires sur concours, à partir du CAP jusqu’au doctorat. L’Ined fait aussi appel à du personnel en vacation ou en contrats à durée déterminée dans des domaines très variés.
L’Ined recrute sur concours des chercheur-e-s, des ingénieur-e-s et des technicien-ne-s. Retrouvez ici les derniers avis de concours, la présentation des postes à pourvoir et les informations pour déposer sa candidature.
Pour un stage ou un emploi, cette rubrique vous permet d’adresser directement une candidature spontanée à l’Ined.
La recherche à l’Ined s’organise autour d’équipes pluridisciplinaires et thématiques composées de chercheurs titulaires et associés. Elles accueillent des doctorants et des post-doctorants formés à la recherche par la recherche. Plus de 70 projets de recherche pluriannuels sont engagés. Dans le cadre de certains d’entre eux, l’Ined produit ses propres enquêtes, l’une de ses spécificités. L’institut met les données recueillies à disposition de la communauté scientifique.
L’Ined accorde une place croissante à la formation à la recherche par la recherche. Chaque année, l’institut accueille des doctorants, venus de France ou de l’étranger, sélectionnés sur dossiers. Encadrés par un.e chercheur.e, ces étudiants intègrent une ou deux unités de recherche de l’Ined en fonction de leur sujet de thèse. Ils bénéficient ainsi des moyens de travail et de l’environnement stimulant offerts par l’Ined.
L’Ined propose des contrats post-doctoraux, d’un ou deux ans en général, à de jeunes chercheurs, français ou étrangers. Les bénéficiaires sont sélectionnés en fonction de leurs compétences, de la qualité et l’originalité de leur projet de recherche et de son adéquation avec les thématiques de recherche de l’Ined.
L’Ined produit ses propres enquêtes. Les données recueillies sont accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. L’institut possède un service des enquêtes, qui définit les plans de sondage, aide à la conception des questionnaires et l’élaboration des protocoles de collecte, redresse les échantillons statistiques. Il assure ensuite la mise à disposition des bases de données anonymisées. Le catalogue des enquêtes de l’Ined et la présentation des projets en cours peuvent être consultés en ligne.
L’Ined met à disposition des internautes de vastes ressources documentaires sur la population : sa bibliothèque, ouverte à tous et accessible en ligne, et une présentation des méthodes d’analyse statistique et de la méthodologie d’enquête.
La recherche s’appuie sur une palette de méthodes d’analyse statistique qui permettent de décrire et modéliser les événements ou phénomènes démographiques à partir des données recueillies lors des enquêtes. En plus de méthodologies classiques (analyse de données, régressions logistiques…), plusieurs méthodes se sont imposées ces 30 dernières années en démographie. De nombreuses ressources disponibles, notamment de séminaires et de publications, aident à s’informer sur l’utilisation de ces différentes méthodes.
Des séminaires méthodologiques et pratiques en France et à l’Etranger, des articles publiés sur l’utilisation de ces méthodes, des listes de références bibliographiques, voici quelques exemples de ressources statistiques disponibles
Chaque enquête est spécifique. Mais un certain nombre d’étapes sont incontournables. Dès le début, il faut envisager les questions du protocole d’enquête, de la base de sondage, du budget, de la réglementation, des tests, de la constitution de fichiers et de l’étude de la qualité. Au sein de l’Ined, le service des enquêtes et sondages suit la majeure partie des collectes de données requises par les projets de recherche de l’institut. Il accompagne la production des données tout au long du processus ou apporte un soutien ponctuel lors de certaines phases d’enquête.
Les enquêtes de l’Ined répondent chaque fois à une problématique de recherche particulière. Très souvent innovantes, elles sont réalisées «sur mesure». Les choix méthodologiques constituent en eux-mêmes une étape de la recherche. Les temps de la préparation, de la conception des questions et du bilan des enquêtes pilotes ne sont donc pas à sous-estimer, de même que l’étude de la qualité des données collectées.
L’Ined présente ici un ensemble de ressources et de contenus susceptibles d’apporter un éclairage scientifique sur plusieurs grands thèmes faisant parfois écho à l’actualité législative.
Les récentes avancées sociétales et médicales autour des enjeux contemporains de bioéthique ont fait émerger de nombreux sujets de recherche. A l’Ined, plusieurs projets de recherche, des enquêtes, des articles scientifiques contribuent à apporter de nouvelles connaissances sur des sujets comme l’AMP, la GPA, le choix du sexe de l’enfant ou encore la fin de vie.
Les éditions de l’Ined existent depuis la création de l’institut et constituent l’une de ses missions fondamentales de diffusion des savoirs. Elles reflètent et accompagnent la pluridisciplinarité de la sphère démographique par la valorisation de la production scientifique et des résultats d’enquêtes auprès d’un public diversifié, offrant ainsi une expertise scientifique et une connaissance solide au débat public et aux grandes questions de société. L’archive ouverte permet la diffusion élargie des publications en libre accès ainsi que l’archivage pérenne des travaux des chercheurs de l’Ined.
Le service de la Bibliothèque, documentation et archives de l’Ined a rejoint le Grand Équipement Documentaire (GED). Cette grande bibliothèque au service de la recherche en sciences humaines et sociales, rassemble des collections issues de plus de 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives.
Un tour du monde et des questions de population : pour comparer les indicateurs démographiques de tous les pays, préparer un cours ou un exposé, trouver des réponses simples, réfléchir à des sujets complexes, s’initier à la démographie, approfondir ses connaissances en s’amusant…
Toute la population en chiffres : retrouvez les données sur la population française et mondiale, présentées sous forme de tableaux, et accédez aux bases de données en ligne.
Les données les plus récentes sur la structure et l’évolution de la population en France sont présentées sous forme de tableaux, réalisés à partir des publications régulières de l’Insee et des estimations et calculs de l’Ined. Les données peuvent aussi être téléchargées sous forme de séries remontant plus loin dans le passé. «Evolution de la population» propose des chiffres sur la « France entière» incluant les DOM. Les autres rubriques concernent la France métropolitaine, pour laquelle les données disponibles sont plus complètes et homogènes sur de longues périodes.
Les tableaux pour la « France entière » regroupent les données sur la France métropolitaine et les quatre départements d’outre-mer (DOM). Ces chiffres n’incluent pas Mayotte, devenue le cinquième département d’outre-mer depuis le 31 mars 2011, ni les autres territoires et collectivités d’outre-mer : Nouvelle Calédonie, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna. L’Insee intègre les DOM dans son bilan démographique annuel et dans une grande majorité des tableaux du volume annuel détaillé sur la situation démographique.
D’abord estimés de manière provisoire, les effectifs de la population par sexe et âge sont ensuite revus par l’Insee, pour l’ensemble du territoire, comme pour les régions et départements ; les recensements permettent par exemple de disposer, pour certaines années, de comptages précis. Les données définitives sont publiées avec un décalage de deux ans.
La population se modifie, d’une année à l’autre, par les mouvements de la population. Le mouvement naturel est la différence entre les naissances et les décès, connus précisément grâce aux bulletins issus de l’enregistrement à l’état civil. Le solde migratoire représente la différence entre les entrées et les sorties ; il est évalué à partir des informations disponibles. Pour garantir la cohérence comptable entre, d’une part, les évolutions de la population entre deux recensements et, d’autre part, les mouvements estimés de la population, il est parfois nécessaire de rajouter un ajustement statistique aux mouvements. Pour estimer l’importance relative des mouvements de population, on les rapporte souvent à la population moyenne de l’année. On obtient ainsi des taux de natalité, de mortalité, de croissance naturelle et de variation totale.
L’enregistrement des naissances à l’état civil donne lieu à des bulletins statistiques qui contiennent de nombreuses informations. On compte donc les naissances selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale et nationalité des parents, sexe de l’enfant, grossesses gémellaires, etc. Les informations sur l’âge de la mère permettent de calculer des indicateurs démographiques de fécondité annuels, comme l’indicateur conjoncturel exprimé en nombre d’enfants par femme au cours de la vie. Année après année, on complète également la descendance des générations : par exemple les femmes nées en 1970 ont eu 34 ans en 2004. On sait combien elles ont eu d’enfants avant 34 ans, et l’on peut estimer combien elles auront d’enfants au cours de leur vie.
L’utilisation de la contraception et le recours à l’avortement rendent possible la maîtrise de la fécondité. Les comportements de contraception sont connus grâce à des enquêtes réalisées par l’Ined auprès de l’ensemble des femmes depuis 1978. Les caractéristiques des avortements sont connues à partir des bulletins statistiques d’interruption volontaire de grossesse et des statistiques hospitalières. L’Ined est chargé de la publication de la statistique des bulletins d’interruption de grossesse.
L’enregistrement des mariages à l’état civil permet de compter les mariages selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale antérieure de chacun des époux, nationalité, etc. Les statistiques du ministère de la Justice renseignent sur les divorces ainsi que sur les formations et les dissolutions de Pacs.
Les recensements de la population recensent d’abord des logements. Les personnes vivant dans un même logement forment un ménage, chaque ménage regroupant donc l’ensemble des habitants d’un logement. D’après les définitions du recensement, un ménage peut être composé d’une ou plusieurs familles. On appelle famille un groupe de personnes composé soit d’un couple sans enfant, soit d’un couple avec des enfants, soit d’un (seul) adulte et de ses enfants.
L’enregistrement des décès à l’état civil permet de mesurer les variations de la mortalité. Les décès par sexe et âge permettent de calculer des tables de mortalité. Ces tables fournissent l’espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre d’années qu’un nouveau-né pourrait s’attendre à vivre, s’il devait subir toute sa vie les conditions de mortalité observées au cours de l’année. Par ailleurs, la mortalité des enfants de moins d’un an fait l’objet d’un suivi particulier. Les causes de décès sont renseignées par un médecin sur un certificat spécifique de décès et les certificats sont envoyés à l’Inserm qui code les causes de décès.
Deux séries statistiques utilisant des sources différentes sont présentées. L’Insee s’appuie sur l’exploitation des enquêtes annuelles de recensement offrant une vision globale du solde migratoire et des entrées et sorties des personnes non-immigrées ou immigrés (y compris les étrangers en situation irrégulière). L’Ined dénombre plus précisément les admissions au séjour des étrangers non ressortissants de l’Union européenne obtenant un premier titre de séjour d’une durée d’au moins un an (fichier AGDREF, ministère de l’Intérieur).
Les recensements de la population sont l’occasion de compter le nombre d’habitants qui ne sont pas nés sur le territoire. Parmi les personnes nées à l’étranger, on a coutume de distinguer les Français de naissance et les immigrés, nés avec une autre nationalité. On distingue les habitants selon leur nationalité, française ou étrangère, et, parmi les Français, les Français de naissance ou les Français par acquisition. Le recensement permet donc de connaître la nationalité actuelle ainsi que la nationalité à la naissance. Les catégories d’étrangers et d’immigrés sont différentes : les immigrés, « nés étrangers à l’étranger », peuvent être encore étrangers au recensement ou être devenus Français. Les étrangers, quant à eux, peuvent être nés à l’étranger (ils sont alors immigrés) ou nés en France (dans ce cas ils ne sont pas immigrés).
Les tableaux présentent les populations, les naissances et les décès en Europe et dans les pays développés. Ces données sont complétées par des indicateurs : taux de natalité et de mortalité, indicateur conjoncturel de fécondité et espérance de vie à la naissance.
La publication World Population Prospects fournit les estimations de population des Nations unies pour tous les pays du monde pour chaque année entre 1950 et 2020 et les projections selon différents scénarios (bas, moyen et haut) pour chaque année entre 2020 et 2100. Les chiffres présentés ici correspondent aux projections pour l’année en cours selon le scénario moyen.
Toute la population sous vos yeux : un atlas, des cartes interactives, une animation sur les migrations et des graphiques interprétés pour visualiser et comprendre les enjeux et les évolutions démographiques mondiales.
Avec le simulateur de population, les animations et les quiz, maîtriser les grands concepts démographiques, des projections aux facteurs de fécondité, devient (presque) un jeu d’enfant.
Vous croyez tout savoir sur la population ? Mesurez-vous à nos quiz.Mise à jour : janvier 2019, sur la base des estimations de la Population mondiale des Nations Unies
Les “mémos de la démo” offrent un panorama des connaissances sur la population, dans des formats courts et accessibles à tous.
Fiches, analyses et interviews proposent un résumé de l’actualité scientifique, un décryptage des enjeux liés aux questions de population et des outils pédagogiques pour aborder les phénomènes démographiques et leurs évolutions, en France et dans le monde.
n° 601, Juin 2022
https://doi.org/10.3917/popsoc.601.0001
On compterait autour de 400 000 naissances de mères de moins de 15 ans chaque année dans le monde dans les années 2010, soit un taux de fécondité de 13 naissances par an pour 10 000 filles de 10-14 ans. Plus de la moitié surviennent en Afrique subsaharienne où on observe 40 naissances annuelles pour 10 000 filles de 10-14 ans. Le taux de fécondité entre 10 et 14 ans a été divisé par environ six dans le monde depuis le début des années 1970. Dans les pays du Sud, une majorité de ces naissances ont lieu au sein d’unions (mariage ou cohabitation sans mariage).
Fécondité des adolescentes, naissances précoces, mariages précoces, comparaisons internationales, monde, Afrique
Combien d’enfants naissent dont la mère a moins de 15 ans ? De telles naissances à des âges très jeunes sont certes rares, mais il est important d’en estimer la fréquence et de savoir dans quels pays elles surviennent. Elles ont en effet des conséquences négatives tant sur la santé des mères et des enfants que sur la scolarisation de ces très jeunes filles qui ont encore l’âge d’aller à l’école. Utilisant les données disponibles, Bruno Schoumaker et David Sánchez-Páez dressent un panorama de la fécondité avant 15 ans dans le monde.
Dans le monde, la fécondité des adolescentes est bien documentée à partir de l’âge de 15 ans. D’après les sources disponibles (voir encadré), la fécondité entre 15 et 19 ans a été divisée par deux depuis les années 1970. On compte en 2020 environ 4 naissances par an pour 100 jeunes femmes de ce groupe d’âge dans le monde (soit un taux de fécondité d’environ 40 pour mille), contre près du double (environ 80 pour mille) au début des années 1970. Malgré l’augmentation de la population de jeunes, le nombre total de naissances de mères ayant entre 15 et 19 ans a lui aussi diminué depuis les années 1970. Il est passé d’environ 14 millions par an en 1970 à 12 millions en 2020, soit un peu moins d’une naissance sur 10. La fécondité à ces âges varie beaucoup d’une région à l’autre. Elle est la plus élevée en Afrique subsaharienne : chaque année, environ 10 % des jeunes femmes de 15 à 19 ans y mettent au monde un enfant. Elle est environ dix fois plus faible en Europe : une naissance annuelle pour 100 femmes (et moins d’une naissance pour 200 femmes en France).
Dans les pays occidentaux et certains pays d’Amérique latine et d’Asie, les informations sur la fécondité des jeunes adolescentes proviennent principalement des statistiques d’état civil. Elles sont disponibles notamment dans la Human Fertility Database (www.humanfertility.org) et dans les annuaires démographiques des Nations unies.
Dans de nombreux autres pays, la couverture de l’état civil est insuffisante et les estimations de fécondité avant 15 ans reposent sur des enquêtes démographiques. Bien que ces enquêtes n’interrogent généralement que des femmes ayant entre 15 et 49 ans, les histoires des maternités qui sont recueillies auprès d’elles comprennent toutes leurs naissances, y compris celles survenues avant l’âge de 15 ans. Il est alors possible de mesurer les taux de fécondité entre 10 et 14 ans et leurs évolutions [6]. En combinant plusieurs enquêtes, on peut souvent remonter jusqu’aux années 1970. Dans ce travail, nous avons fusionné toutes les enquêtes disponibles pour chaque pays, calculé les taux de fécondité entre 10 et 14 ans, et lissé les tendances. Les estimations présentées ici sont celles issues des tendances lissées.
Au total, nous utilisons des estimations de fécondité entre 10 et 14 ans pour 164 pays pour la période la plus récente. Elles sont issues de la Human Fertility Database (33 pays), des annuaires démographiques des Nations unies (36 pays), et d’enquêtes démographiques nationales (93 pays). Pour deux pays (Chine et Arabie saoudite), le taux de fécondité entre 10 et 14 ans est estimé de manière indirecte à partir de la fécondité entre 15 et 19 ans publiée par la Division de la Population des Nations unies [7]. Pour 133 pays, nous comparons aussi les données à deux dates. Les taux font référence en moyenne à l’année 2016 pour les estimations les plus récentes, et 1971 pour celles du début des années 1970. Dans 70 pays du Sud, nous estimons également la part des naissances et des conceptions qui ont lieu dans le cadre d’une union en utilisant les données des enquêtes les plus récentes.
Note * : Les estimations présentées dans cet article ont en partie été effectuées dans le cadre d’une collaboration avec la Division de la Population des Nations unies (Division de la Population des Nations unies [3]).
Mais qu’en est-il avant l’âge de 15 ans ? Longtemps les démographes ne se sont pas intéressés à ces naissances car elles ne représentent qu’une faible part du total des naissances et n’ont donc que peu d’impact sur la croissance démographique. Ces naissances sont-elles pour autant négligeables ? Les grossesses à ces âges très jeunes ont des conséquences négatives, tant sur la santé et la mortalité des mères et de leurs enfants que sur la scolarisation de ces très jeunes filles qui ont encore l’âge d’être à l’école, au collège ou au lycée [1, 2, 3]. Cependant, la fréquence des maternités parmi ces jeunes adolescentes n’est connue que de façon encore parcellaire. Même si des informations existent, elles n’ont pendant longtemps pas été exploitées, et ce n’est que récemment que des estimations ont été proposées pour les pays du Sud (voir encadré). Nous utilisons ici plusieurs sources d’information pour dresser un panorama de la fécondité avant 15 ans dans le monde et retracer les tendances depuis les années 1970. Pour un sous-ensemble de pays pour lesquels des données sont disponibles, nous examinons également si ces naissances très précoces ont lieu au sein d’une union (mariage ou cohabitation sans mariage) ou hors-union.
La fécondité avant 15 ans varie sensiblement entre pays (figure 1). De manière générale, elle est faible dans la plupart des pays occidentaux (moins de 1 naissance par an pour 10 000 filles de 10-14 ans), et c’est en Afrique subsaharienne que s’observent les niveaux les plus élevés, avec en moyenne un peu moins de 40 naissances annuelles pour 10 000 filles de 10-14 ans (et autour de 100 naissances au Niger, en Angola, et au Sud Soudan). En Asie et en Afrique du Nord, les niveaux sont relativement faibles tout en étant plus élevés que dans les pays occidentaux. On y compte environ 5 naissances annuelles pour 10 000 filles de 10-14 ans en moyenne (mais nettement plus dans des pays comme le Soudan et le Bangladesh, et sensiblement moins dans d’autres comme le Maroc et la Chine). En revanche, la fécondité des jeunes adolescentes est plus haute en Amérique latine (environ 20 naissances pour 10 000 filles en moyenne, et plus de 30 en Équateur, au Honduras, ou au Salvador). Sans surprise, les pays où la fécondité avant l’âge de 15 ans est substantielle sont aussi dans l’ensemble ceux où la fécondité entre 15 et 19 ans est élevée.
Les estimations du nombre de naissances de mères de moins de 15 ans effectuées par différents auteurs varient entre une valeur basse d’environ 200 000 naissances par an dans le monde [4] et une valeur haute de plus de 770 000 – cette dernière estimation ne vaut que pour les seuls pays en développement, sans inclure les pays développés [5]. Notre estimation, basée sur des données plus complètes et plus récentes que les précédents travaux, se situe entre ces deux valeurs. On compterait autour de 400 000 naissances de ce type par an dans le monde en 2016, dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne. Cela représente environ 13 naissances par an pour 10 000 filles de 10-14 ans.
Le Nigeria, qui combine un taux de fécondité élevé entre 10 et 14 ans (plus de 50 naissances pour 10 000 filles) et un grand nombre de jeunes filles dans ce groupe d’âge (près de 12 millions), est le pays comptant le plus grand nombre absolu de naissances avant 15 ans (tableau). Autour de 2017, un peu moins de 60 000 enfants y naissent de mères de moins de 15 ans au cours d’une année, soit un peu moins de 1 % du total des naissances du Nigeria. En Inde, malgré une population bien plus importante, il y aurait environ 23 000 naissances par an parmi les moins de 15 ans, comme au Bangladesh. On en compte un peu moins de 20 000 en République démocratique du Congo, au Brésil et en Angola. Viennent ensuite d’autres pays d’Afrique, tels que Madagascar, le Mozambique, le Niger et le Soudan. Dans les pays occidentaux, les naissances parmi les jeunes de moins de 15 ans sont moins fréquentes : environ 1 800 naissances par an aux États-Unis, une centaine en France et au Royaume-Uni, une soixantaine au Canada, une vingtaine en Belgique, et deux en Suisse.
Dans 70 pays du Sud, les données d’enquêtes permettent d’estimer la part des naissances qui ont eu lieu dans une union, qu’il s’agisse d’un mariage ou d’une cohabitation sans mariage. Dans l’ensemble, environ trois quarts des naissances avant 15 ans ont lieu dans le cadre d’une union (figure 2), et pour près d’un quart de ces naissances, l’union a débuté suite à la grossesse (conception avant l’union). Ces données illustrent le lien étroit entre union et maternité, y compris parmi les plus jeunes. Les unions et mariages précoces – parfois bien en-dessous de l’âge légal du mariage et sans possibilité de choix de la part des jeunes filles – favorisent les grossesses, et les grossesses peuvent elles-mêmes entraîner ou accélérer l’entrée en union. Les situations varient cependant selon les régions. En Afrique subsaharienne et en Amérique latine, les naissances hors union sont en effet plus fréquentes (entre 30 % et 40 % des naissances parmi les moins de 15 ans) qu’en Asie et en Afrique du Nord (environ 15 % des naissances à ces âges). La proportion des naissances hors union est aussi plus élevée parmi les moins de 15 ans que parmi les jeunes de 15-19 ans, illustrant bien que les circonstances de ces naissances sont différentes parmi les plus jeunes. Par exemple, les naissances sont moins souvent désirées parmi les plus jeunes, et les écarts d’âges avec les pères sont plus élevés parmi les très jeunes adolescentes (près de 10 ans d’écart en moyenne) que parmi les 15-19 ans (8 ans d’écart).
Dans quasiment tous les pays, la fécondité des adolescentes de moins de 15 ans a baissé sensiblement depuis les années 1970 (figure 3). Dans certains pays d’Asie, comme le Bangladesh ou l’Inde, les changements ont été particulièrement prononcés. Le taux de fécondité avant 15 ans a été divisé par environ 10 au Bangladesh, et 30 en Inde. Dans d’autres pays par contre, en particulier en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, la baisse a été moindre. Par exemple, en Équateur et en Colombie, elle a été respectivement de 30 % et 40 %. Le taux y est comparable vers 2016 à celui observé au Bangladesh (de l’ordre de 30 pour 10 000). Enfin, malgré des changements importants dans certains pays d’Afrique subsaharienne, la fécondité avant 15 ans reste globalement élevée dans cette région
Dans les pays occidentaux, la baisse s’est également poursuivie, même si le taux était déjà plus faible qu’ailleurs dans les années 1970 dans de nombreux pays. Aux États-Unis par exemple, il a été divisé par 7 en l’espace de 50 ans, au Royaume-Uni par 4, et en France par 3 environ. En France, on comptait 4 naissances pour 100 000 adolescentes de moins de 15 ans en 2019, contre 11 pour 100 000 en 1971.
Dans l’ensemble, la baisse – en termes relatifs – a été bien plus prononcée chez les moins de 15 ans que parmi les jeunes femmes ayant entre 15 et 19 ans. Le taux de fécondité entre 10 et 14 ans a été divisé par environ six depuis le début des années 1970, alors qu’il a été divisé par deux chez les 15-19 ans au cours de la même période. La hausse de l’âge au mariage a sans doute joué un rôle important dans ces baisses, en particulier en Asie et en Afrique du Nord. L’augmentation de la scolarisation et un meilleur accès des jeunes aux méthodes contraceptives – bien que très imparfait – ont vraisemblablement aussi contribué à ces changements. Dans certains contextes, une hausse des avortements provoqués a aussi pu contribuer à réduire la fécondité avant 15 ans, mais les données sur ce groupe d’âge sont encore plus limitées qu’aux autres âges.
***
Même si la fécondité parmi les très jeunes filles a fortement baissé au cours des 50 dernières années, on compte plusieurs centaines de milliers de naissances de mère de moins de 15 ans chaque année dans le monde, principalement dans des pays pauvres. Les grossesses chez ces jeunes adolescentes sont vraisemblablement bien plus nombreuses, sans que l’on dispose toutefois d’estimations fiables. Les risques pour la santé des jeunes filles enceintes et de leurs enfants, leur possible rejet par leur entourage, les mariages forcés et les violences de genre qui peuvent les accompagner, sont autant d’enjeux associés aux grossesses aux très jeunes âges. Malgré certaines avancées, le chemin reste long pour que toutes les jeunes filles puissent vivre une enfance sans grossesse et sans enfant.
On compterait autour de 400 000 naissances de mères de moins de 15 ans chaque année dans le monde dans les années 2010, soit un taux de fécondité de 13 naissances par an pour 10 000 filles de 10-14 ans. Plus de la moitié surviennent en Afrique subsaharienne où on observe 40 naissances annuelles pour 10 000 filles de 10-14 ans. Le taux de fécondité entre 10 et 14 ans a été divisé par environ six dans le monde depuis le début des années 1970. Dans les pays du Sud, une majorité de ces naissances ont lieu au sein d’unions (mariage ou cohabitation sans mariage).
Bruno Schoumaker
David A. Sánchez-Páez
Fichier excel des tableaux et figures (601)
Bruno Schoumaker, David A. Sánchez-Páez, La fécondité des filles de moins 15 ans dans le monde, 2022, Population et Sociétés, n° 601