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LA SÉLECTION DU FIGARO – De la Tanzanie à Paris en passant par Athènes, Lisbonne ou Marrakech, 2022 nous a donné l’occasion de tester de magnifiques établissements à travers le monde. Retour sur dix pépites.
Voici un camp permanent si bien fondu dans l’environnement qu’on le découvre au dernier moment ! Presque invisible à l’horizon, le Jabali Ridge apparaît comme un miracle : une oasis de confort et de raffinement dans un paysage de savane parsemée de palmiers et de baobabs bulbeux. On ne trouve pas mieux dans le parc national de Ruaha, l’un des plus grands parcs d’Afrique de l’Est. Les animaux sont en nombre, avec une prédominance pour les grands troupeaux d’éléphants, sans oublier les félins (lions, léopards) et plus de 400 espèces d’oiseaux. Cependant le parc se trouve au centre de la Tanzanie, loin des circuits habituels de safari. On vient donc ici en quête de calme et d’intimité. Bien isolées les unes des autres, les huit suites et la maison privatisée évoquent des huttes en bois nichées parmi les blocs de granit. À l’intérieur, chaque chambre a été conçue pour mettre en valeur la vue sur le Ruaha. Depuis le lit, le bureau ou la salle de bains, la savane est toujours présente, majestueuse. On apprécie le minimalisme chic de la décoration, une réussite ! Depuis la terrasse du hall extérieur, il n’est pas rare de voir le cou d’une girafe glisser parmi les baobabs en contrebas. « Mama Jabali », la léoparde, et quelques lions en faille viennent parfois rôder sur les rochers, mais pas d’inquiétude, le personnel la surveille de près !
Les habitants du 16e arrondissement connaissent bien le petit château de la place Adenauer, à deux pas de la bourgeoise avenue Foch et de la porte Dauphine. Dans sa première vie, la majestueuse bâtisse néoclassique accueillait la Fondation Thiers, pension étudiante créée en 1892 par la veuve de l’ancien président de la République. Le quartier a alors des allures de campagne et les montgolfières décollent du premier aérodrome de la capitale, dans un champ juste en face du Saint James. Plus tard, la bibliothèque et l’ancienne salle d’études, accueillent les membres du club privé dans la grande tradition des cercles londoniens. Reconverti en hôtel dans les années 1990, le Saint James a aujourd’hui lié son nom à Relais & Châteaux et incarne plus que jamais l’art de vivre à la française. Dès l’arrivée dans le (spectaculaire) lobby, les codes du grand hôtel de luxe d’antan sont là : clés vintage suspendues au tableau, fresques au plafond, bas-reliefs en plâtre, mosaïques au sol… Élégant et poétique, il donne le ton de la grande rénovation réalisée par l’architecte d’intérieur Laura Gonzalez en 2021. Un refuge bucolique distingué et délicieusement intimiste.
Perdu au milieu de la garrigue, ce resort est d’abord l’aboutissement d’un rêve, celui de Luigi Bergeretto, ancien chirurgien devenu un chef reconnu et de sa femme, Rossella Marchese, passionnée d’architecture et de design. Ouvert en 2007, Petra Segreta Resort & Spa est passé de quelques chambres à 25, un maximum pour le couple qui souhaite offrir une expérience quasiment familiale à ses hôtes. Disséminées dans le parc et enfouies dans la végétation et toutes spacieuses, elles respectent l’intimité de chacun. Leurs murs recouverts d’enduit rappelant le béton ciré, les parquets et les meubles en bois, dont un lit majestueux, jouent la carte de la sobriété. Ce cinq-étoiles Relais & Châteaux (le seul de Sardaigne) a l’immense avantage d’être tout proche des plages de la Costa Smeralda, dont on peut profiter la journée, fuyant la foule le soir venu, de retour dans les hauteurs de la Gallura. La pelouse centrale est un véritable balcon au-dessus du golfe d’Arzachena, où par temps clair on aperçoit le profil de la Corse. Les couchers de soleil y sont merveilleux.
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Résidence de Joao Frederico Ludovice, architecte du 24e roi du Portugal, Joao V, ce palais classé du XVIIIe siècle fut l’un des rares bâtiments préservés par le tremblement de terre de 1755. Après sept ans de minutieux travaux de rénovation, il a retrouvé en 2022 son faste d’antan sous la forme d’un hôtel cinq étoiles. Classiques ou de luxe, Junior ou Prestige, 61 chambres et suites, chacune avec leur propre personnalité, mêlent des éléments de mobilier XVIIIe siècle au confort moderne. Surplombé d’une baie vitrée ou se reflètent des luminaires suspendus, orné d’un immense mur végétal, le restaurant offre un cadre spectaculaire. Havre de paix situé dans la cour centrale de l’hôtel, Frederico propose une cuisine simple et de qualité, mélange de plats portugais traditionnels et de quelques classiques français. Exaltant les vignobles portugais, c’est une porte d’entrée seigneuriale pour découvrir la capitale portugaise et son art de vivre. Difficile d’être mieux placé : entre Principe Real, le Chiado et le Bairro Alto, l’hôtel Palacio Ludovice est au cœur du Lisbonne chic et historique.
Villas Foch a investi la demeure d’un riche bourgeois du XIXe siècle, tout à côté de la célèbre place des Quinconces, proche du quai des Chartrons et son concentré d’adresses branchées. Restauré dans la pure tradition des savoir-faire français, ce boutique hôtel d’une vingtaine de chambres dont huit suites a gardé son escalier monumental et un intérieur riche de moulures anciennes et de superbes corniches. Des matériaux nobles comme le marbre, le cuir, le velours ou encore le cuivre confère une élégante sobriété au lieu. Ici et là, l’orange, le rouge font des apparitions pour sublimer le tout. Aucune faute de goût. Aussi discret que luxueux, élégant et feutré et avec un personnel attentionné, ce cinq-étoiles possède un autre atout : sous une voûte de pierres de taille se cache en effet une piscine à l’esprit bain romain ainsi qu’un sauna. L’hôtel n’a pas de restaurant (dommage) mais, sous l’œil du Maréchal Foch, vous êtes reçu au bar comme dans le salon cossu d’une demeure bourgeoise à l’ambiance feutrée digne du terroir bordelais. Une adresse raffinée à avoir dans son carnet d’adresses.
Entre Isabelle Faisant Leray, la fondatrice du Pavillon de La Kasbah et le Maroc, c’est une longue histoire : enfant, elle venait s’y ressourcer en vacances avec ses parents. C’est donc tout naturellement que cette pro de l’événementiel a décidé de s’installer à Marrakech en famille en 2019 et d’y créer un lieu propice à une parenthèse. Ouvert au printemps dans le quartier paisible de la Kasbah, au sud de la médina, Le Pavillon de la Kasbah a été imaginé comme un « ailleurs » totalement atypique, anti-riad et vrai boutique-hôtel. Pas d’entrée en chicane, on passe directement de la rue à un grand atrium coiffé d’une verrière nimbée de lumière, tout à la fois lobby, restaurant, tisanerie, salon… Les cinq chambres et cinq suites (huit au 1er étage et deux en rez-de-chaussée) sont toutes différentes dans leurs matières, couleurs et tailles. L’esprit est contemporain, bois blond, dégradés de bleus, formes arrondies ponctuées de touches marocaines, et l’espace aménagé en lieu de vie convivial à partager en séjour de loisirs ou professionnel.
Sans doute l’une de nos plus belles découvertes parmi les nouvelles adresses ouvertes dans la capitale grecque au cours des deux dernières années – loin devant de nombreux boutiques hôtels standardisés qui, hélas vieilliront mal. Une bâtisse traditionnelle transformée en maison hôtelière et galerie d’art au décor extrêmement raffiné, qui évoque une plongée dans l’Athènes des années 1920 sitôt passé la porte. Bien cachée dans une calme ruelle baignée de lumière de Kolonaki, l’adresse sait rester discrète, avec une porte qui ressemble à s’y méprendre à celle d’un hôtel particulier. Six suites pouvant accueillir de 2 à 4 personnes avec toujours quelques touches communes, à commencer par une belle hauteur sous plafond, de confortables sofas ou lits de jours où s’allonger à l’heure de la sieste, et des fenêtres suffisamment étroites pour ne pas laisser entrer la torpeur des étés athéniens. Un lieu à réserver aux amateurs d’adresses singulières, lassés des circuits classiques d’hôtellerie traditionnelle et à la recherche d’endroits dotés d’un véritable supplément d’âme.
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À moins d’une demi-heure en bateau au nord de Saint-Martin, situé au centre de la baie de Maundays (au sud-ouest d’Anguilla), c’est le seul cinq-étoiles de la région à profiter de cette immense plage de sable blanc qui capte à la fois le lever et le coucher du soleil. Depuis sa réouverture quelques mois avant le début de l’épidémie mondiale de Covid, le luxueux resort Belmond est très vite devenu une adresse emblématique des Caraïbes. L’un des éléments les plus importants du pharaonique projet de rénovation (plus de 120 millions de dollars de travaux, NDLR) était de mettre en valeur les vues spectaculaires de la baie de Maundays, plage de plus d’un kilomètre en demi-lune. Ainsi les 108 chambres et suites, inspirées de l’architecture mauresque avec patios végétalisés, terrasses privées et hamacs (et pour certaines une piscine) sont positionnées de manière à bénéficier de la vue sur la plage et l’océan à l’eau turquoise. Unique dans cette partie du globe. Avec deux piscines, quatre restaurants (dont un nouveau péruvien, le seul d’Anguilla) et un spa, l’établissement est un havre de paix privilégié des happy few nord-américains et européens. La déco sublime la vue et l’architecture gréco-mauresque du lieu. Il en résulte un monde glamour assez intemporel offrant une sensation d’évasion absolue. Le paradis en somme.
On vient à Reims pour deux trésors : la cathédrale et le champagne. Mais pas seulement ! Érigé en 1904 par la marquise de Polignac, le Domaine Les Crayères est depuis plus d’un siècle au cœur de la vie rémoise. Acquis en 1980 par la famille Gardinier, il a été entièrement réaménagé par l’architecte d’intérieur Pierre-Yves Rochon. La maison se distingue par ses partis pris forts et déploie un luxe confidentiel dans ses 20 chambres et suites décorées dans le plus pur style classique français : boiseries peintes, tissus de velours et tapisseries fleuries, le tout avec de magnifiques vues sur la cour d’honneur ou le parc du domaine. Ce dernier, majestueux, déroule tout autour de lui sept hectares de nature paysagère dessinée par Jules-Edouard Redont. Mais le meilleur à venir est la table dirigée par l’excellent Philippe Mille. Meilleur Ouvrier de France et chef doublement étoilé, il signe la carte du restaurant gastronomique « Le Parc » et celle de la brasserie « Le Jardin ». Dernière distinction en date, le Domaine Les Crayères a reçu le titre de « plus belle carte des vins au monde », décerné par la revue World of Fine Wines en septembre 2022. Une première pour un établissement français. Tout cela fait de ce cinq-étoiles un fleuron des établissements Relais & Châteaux toute en finesse et en élégance.
Posé sur un croissant de sable de l’île de Jumeirah en forme d’hippocampe, ce cinq-étoiles ultra-chic semble isolé des tumultes du monde. Un bijou d’hôtellerie italienne au cœur du Moyen-Orient. C’est l’unique hôtel dans la région de la marque de joaillerie romaine, qui en compte dix dans le monde. Élégance, raffinement et une exquise délicatesse caractérisent cet établissement à taille humaine, loin des gratte-ciel de la vibrionnante cité État des Émirats arabes unis. Son directeur général, l’Espagnol Pep Lozano, préside avec une convivialité désarmant tous les snobismes ce havre du luxe, au yacht-club inédit lui aussi pour la marque, doté de 50 bateaux et où il ambitionne d’apporter des Riva. Tout est beau et de bon goût. L’hôtel compte 100 clés. De la chambre supérieure de 55 m², à la junior suite de 80 m², toutes ont des volumes généreux, hauts plafonds et larges fenêtres pour laisser entrer la lumière, et des vues plongeant sur l’océan et/ou la skyline de Dubaï. Une perle est en sous-sol : bassin de nage de 25 m aux mosaïques d’or et de bleu. La cuisine italienne achève de transposer sur cette rive du golfe Persique, une certaine idée de la Méditerranée.
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