L’Institut national d’études démographiques (Ined) est un organisme public de recherche spécialisé dans l’étude des populations, partenaire du monde universitaire et de la recherche au niveau national et à l’international.
Fondé en 1945, l’Ined est devenu en 1986 un Établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère de la santé et de la prévention et du Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées L’institut a pour missions d’étudier les populations de la France et des pays étrangers, de diffuser largement les connaissances produites et d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche. Par une approche ouverte de la démographie, il mobilise un large éventail de disciplines comme l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, l’épidémiologie. Fort de ses équipes de recherche, il encourage les échanges et conduit de nombreux projets de recherche européens ou internationaux.
Depuis 1986, l’Ined fait partie des 8 établissements publics scientifique et technique (EPST), à l’image du CNRS, de l’Inserm ou encore de l’INRA et l’IRD. L’institut a pour missions d’étudier les populations sous tous leurs aspects, de former à la recherche et par la recherche, d’informer les pouvoirs publics et le public sur les questions démographiques et de diffuser les travaux démographiques français à l’international..
Les effectifs de l’Ined rassemblent près de 250 personnes, dont une cinquantaine de chercheurs titulaires, plus d’une quarantaine de doctorants et autant de chercheurs associés. L’institut compte 10 unités de recherche, une unité mixte de service et sept services d’appui à la recherche comme le service Méthodes statistiques et le service des Enquêtes.
L’Ined est doté de plusieurs instances : le conseil scientifique, le conseil d’administration, la commission d’évaluation et d’un comité d’éthique.
L’Ined est l’un des membres fondateurs du Campus Condorcet. Toutes ses équipes sont installées à Aubervilliers et contribuent activement à faire de ce nouveau pôle une référence pour les sciences humaines et sociales, à l’échelle nationale et internationale.
Les travaux de recherche de l’Ined sont en partie financés par les crédits budgétaires de l’établissement. Ils peuvent aussi bénéficier de dotations issues d’agences de financement telle que l’Agence nationale de la recherche (ANR), ou provenant d’organismes publics, de l’industrie ou de programmes européens tels que European Research Council (ERC) et Horizon 2020.
Chaque année, des chercheurs de l’Ined candidatent aux appels à projets lancés par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
L’Ined figure parmi les lauréats des Laboratoires d’excellence (Labex), Equipements d’excellence (Equipex), Ecoles universitaires de recherche (EUR) et Institut Convergences. Ces projets, financés par le Programme des investissements d’avenir (PIA), dotent la recherche en sciences de la population d’instruments de financement afin de faire émerger des projets scientifiques ambitieux, capables d’augmenter l’excellence scientifique et la visibilité internationale de la recherche française.
En accord avec la politique d’internationalisation de l’Ined, les équipes de recherche de l’Institut répondent chaque année à des appels à projets internationaux et européens, en lien notamment avec les programme Horizon Europe, Erasmus+ ou encore les Partenariats Hubert Curie. Vous pouvez consulter les projets financés dans le cadre d’appels à projets européens et internationaux dans la rubrique : Appels à projets financés dans le cadre d’appels à projets
Des accords-cadres sont régulièrement signés entre l’Ined et des organismes pour concrétiser l’intérêt et la volonté des chercheurs de l’Ined et de leurs partenaires, établir le cadre de la collaboration et les objectifs scientifiques. Ils formalisent des engagements autour d’activités de recherches, de formation et de valorisation scientifique. Au niveau national, l’Ined renforce également ses liens avec l’enseignement supérieur.
L’Ined se distingue par sa capacité à mener des recherches qui couvrent non seulement la France mais une large partie du monde. Son envergure internationale se reflète dans ses nombreux partenariats à l’étranger et son rôle actif au sein de la communauté scientifique mondiale. L’institut entretient cette culture de la coopération internationale et prend toute sa place dans l’espace européen de la recherche.
L’Ined est un partenaire central dans les grandes initiatives de recherche en démographie européenne. L’institut participe à de nombreux projets financés par l’Union européenne ainsi qu’aux principales initiatives qui rassemblent la communauté des démographes européens.
L’Ined soutient la mobilité internationale des chercheurs, un instrument de formation et de coopération qui participe au renouvellement des problématiques et méthodes de recherche.
Le savoir est fait pour être partagé. L’Ined s’engage dans une politique active visant à promouvoir l’accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
A travers sa charte pour la science ouverte, l’Ined promeut un accès aussi ouvert que possible aux données, aux méthodes et aux résultats de la recherche sur la population
Organisme public, l’Ined recrute ses fonctionnaires sur concours, à partir du CAP jusqu’au doctorat. L’Ined fait aussi appel à du personnel en vacation ou en contrats à durée déterminée dans des domaines très variés.
L’Ined recrute sur concours des chercheur-e-s, des ingénieur-e-s et des technicien-ne-s. Retrouvez ici les derniers avis de concours, la présentation des postes à pourvoir et les informations pour déposer sa candidature.
Pour un stage ou un emploi, cette rubrique vous permet d’adresser directement une candidature spontanée à l’Ined.
La recherche à l’Ined s’organise autour d’équipes pluridisciplinaires et thématiques composées de chercheurs titulaires et associés. Elles accueillent des doctorants et des post-doctorants formés à la recherche par la recherche. Plus de 70 projets de recherche pluriannuels sont engagés. Dans le cadre de certains d’entre eux, l’Ined produit ses propres enquêtes, l’une de ses spécificités. L’institut met les données recueillies à disposition de la communauté scientifique.
L’Ined accorde une place croissante à la formation à la recherche par la recherche. Chaque année, l’institut accueille des doctorants, venus de France ou de l’étranger, sélectionnés sur dossiers. Encadrés par un.e chercheur.e, ces étudiants intègrent une ou deux unités de recherche de l’Ined en fonction de leur sujet de thèse. Ils bénéficient ainsi des moyens de travail et de l’environnement stimulant offerts par l’Ined.
L’Ined propose des contrats post-doctoraux, d’un ou deux ans en général, à de jeunes chercheurs, français ou étrangers. Les bénéficiaires sont sélectionnés en fonction de leurs compétences, de la qualité et l’originalité de leur projet de recherche et de son adéquation avec les thématiques de recherche de l’Ined.
L’Ined produit ses propres enquêtes. Les données recueillies sont accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. L’institut possède un service des enquêtes, qui définit les plans de sondage, aide à la conception des questionnaires et l’élaboration des protocoles de collecte, redresse les échantillons statistiques. Il assure ensuite la mise à disposition des bases de données anonymisées. Le catalogue des enquêtes de l’Ined et la présentation des projets en cours peuvent être consultés en ligne.
L’Ined met à disposition des internautes de vastes ressources documentaires sur la population : sa bibliothèque, ouverte à tous et accessible en ligne, et une présentation des méthodes d’analyse statistique et de la méthodologie d’enquête.
La recherche s’appuie sur une palette de méthodes d’analyse statistique qui permettent de décrire et modéliser les événements ou phénomènes démographiques à partir des données recueillies lors des enquêtes. En plus de méthodologies classiques (analyse de données, régressions logistiques…), plusieurs méthodes se sont imposées ces 30 dernières années en démographie. De nombreuses ressources disponibles, notamment de séminaires et de publications, aident à s’informer sur l’utilisation de ces différentes méthodes.
Des séminaires méthodologiques et pratiques en France et à l’Etranger, des articles publiés sur l’utilisation de ces méthodes, des listes de références bibliographiques, voici quelques exemples de ressources statistiques disponibles
Chaque enquête est spécifique. Mais un certain nombre d’étapes sont incontournables. Dès le début, il faut envisager les questions du protocole d’enquête, de la base de sondage, du budget, de la réglementation, des tests, de la constitution de fichiers et de l’étude de la qualité. Au sein de l’Ined, le service des enquêtes et sondages suit la majeure partie des collectes de données requises par les projets de recherche de l’institut. Il accompagne la production des données tout au long du processus ou apporte un soutien ponctuel lors de certaines phases d’enquête.
Les enquêtes de l’Ined répondent chaque fois à une problématique de recherche particulière. Très souvent innovantes, elles sont réalisées «sur mesure». Les choix méthodologiques constituent en eux-mêmes une étape de la recherche. Les temps de la préparation, de la conception des questions et du bilan des enquêtes pilotes ne sont donc pas à sous-estimer, de même que l’étude de la qualité des données collectées.
L’Ined présente ici un ensemble de ressources et de contenus susceptibles d’apporter un éclairage scientifique sur plusieurs grands thèmes faisant parfois écho à l’actualité législative.
Les récentes avancées sociétales et médicales autour des enjeux contemporains de bioéthique ont fait émerger de nombreux sujets de recherche. A l’Ined, plusieurs projets de recherche, des enquêtes, des articles scientifiques contribuent à apporter de nouvelles connaissances sur des sujets comme l’AMP, la GPA, le choix du sexe de l’enfant ou encore la fin de vie.
Les éditions de l’Ined existent depuis la création de l’institut et constituent l’une de ses missions fondamentales de diffusion des savoirs. Elles reflètent et accompagnent la pluridisciplinarité de la sphère démographique par la valorisation de la production scientifique et des résultats d’enquêtes auprès d’un public diversifié, offrant ainsi une expertise scientifique et une connaissance solide au débat public et aux grandes questions de société. L’archive ouverte permet la diffusion élargie des publications en libre accès ainsi que l’archivage pérenne des travaux des chercheurs de l’Ined.
Le service de la Bibliothèque, documentation et archives de l’Ined a rejoint le Grand Équipement Documentaire (GED). Cette grande bibliothèque au service de la recherche en sciences humaines et sociales, rassemble des collections issues de plus de 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives.
Un tour du monde et des questions de population : pour comparer les indicateurs démographiques de tous les pays, préparer un cours ou un exposé, trouver des réponses simples, réfléchir à des sujets complexes, s’initier à la démographie, approfondir ses connaissances en s’amusant…
Toute la population en chiffres : retrouvez les données sur la population française et mondiale, présentées sous forme de tableaux, et accédez aux bases de données en ligne.
Les données les plus récentes sur la structure et l’évolution de la population en France sont présentées sous forme de tableaux, réalisés à partir des publications régulières de l’Insee et des estimations et calculs de l’Ined. Les données peuvent aussi être téléchargées sous forme de séries remontant plus loin dans le passé. «Evolution de la population» propose des chiffres sur la « France entière» incluant les DOM. Les autres rubriques concernent la France métropolitaine, pour laquelle les données disponibles sont plus complètes et homogènes sur de longues périodes.
Les tableaux pour la « France entière » regroupent les données sur la France métropolitaine et les quatre départements d’outre-mer (DOM). Ces chiffres n’incluent pas Mayotte, devenue le cinquième département d’outre-mer depuis le 31 mars 2011, ni les autres territoires et collectivités d’outre-mer : Nouvelle Calédonie, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna. L’Insee intègre les DOM dans son bilan démographique annuel et dans une grande majorité des tableaux du volume annuel détaillé sur la situation démographique.
D’abord estimés de manière provisoire, les effectifs de la population par sexe et âge sont ensuite revus par l’Insee, pour l’ensemble du territoire, comme pour les régions et départements ; les recensements permettent par exemple de disposer, pour certaines années, de comptages précis. Les données définitives sont publiées avec un décalage de deux ans.
La population se modifie, d’une année à l’autre, par les mouvements de la population. Le mouvement naturel est la différence entre les naissances et les décès, connus précisément grâce aux bulletins issus de l’enregistrement à l’état civil. Le solde migratoire représente la différence entre les entrées et les sorties ; il est évalué à partir des informations disponibles. Pour garantir la cohérence comptable entre, d’une part, les évolutions de la population entre deux recensements et, d’autre part, les mouvements estimés de la population, il est parfois nécessaire de rajouter un ajustement statistique aux mouvements. Pour estimer l’importance relative des mouvements de population, on les rapporte souvent à la population moyenne de l’année. On obtient ainsi des taux de natalité, de mortalité, de croissance naturelle et de variation totale.
L’enregistrement des naissances à l’état civil donne lieu à des bulletins statistiques qui contiennent de nombreuses informations. On compte donc les naissances selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale et nationalité des parents, sexe de l’enfant, grossesses gémellaires, etc. Les informations sur l’âge de la mère permettent de calculer des indicateurs démographiques de fécondité annuels, comme l’indicateur conjoncturel exprimé en nombre d’enfants par femme au cours de la vie. Année après année, on complète également la descendance des générations : par exemple les femmes nées en 1970 ont eu 34 ans en 2004. On sait combien elles ont eu d’enfants avant 34 ans, et l’on peut estimer combien elles auront d’enfants au cours de leur vie.
L’utilisation de la contraception et le recours à l’avortement rendent possible la maîtrise de la fécondité. Les comportements de contraception sont connus grâce à des enquêtes réalisées par l’Ined auprès de l’ensemble des femmes depuis 1978. Les caractéristiques des avortements sont connues à partir des bulletins statistiques d’interruption volontaire de grossesse et des statistiques hospitalières. L’Ined est chargé de la publication de la statistique des bulletins d’interruption de grossesse.
L’enregistrement des mariages à l’état civil permet de compter les mariages selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale antérieure de chacun des époux, nationalité, etc. Les statistiques du ministère de la Justice renseignent sur les divorces ainsi que sur les formations et les dissolutions de Pacs.
Les recensements de la population recensent d’abord des logements. Les personnes vivant dans un même logement forment un ménage, chaque ménage regroupant donc l’ensemble des habitants d’un logement. D’après les définitions du recensement, un ménage peut être composé d’une ou plusieurs familles. On appelle famille un groupe de personnes composé soit d’un couple sans enfant, soit d’un couple avec des enfants, soit d’un (seul) adulte et de ses enfants.
L’enregistrement des décès à l’état civil permet de mesurer les variations de la mortalité. Les décès par sexe et âge permettent de calculer des tables de mortalité. Ces tables fournissent l’espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre d’années qu’un nouveau-né pourrait s’attendre à vivre, s’il devait subir toute sa vie les conditions de mortalité observées au cours de l’année. Par ailleurs, la mortalité des enfants de moins d’un an fait l’objet d’un suivi particulier. Les causes de décès sont renseignées par un médecin sur un certificat spécifique de décès et les certificats sont envoyés à l’Inserm qui code les causes de décès.
Deux séries statistiques utilisant des sources différentes sont présentées. L’Insee s’appuie sur l’exploitation des enquêtes annuelles de recensement offrant une vision globale du solde migratoire et des entrées et sorties des personnes non-immigrées ou immigrés (y compris les étrangers en situation irrégulière). L’Ined dénombre plus précisément les admissions au séjour des étrangers non ressortissants de l’Union européenne obtenant un premier titre de séjour d’une durée d’au moins un an (fichier AGDREF, ministère de l’Intérieur).
Les recensements de la population sont l’occasion de compter le nombre d’habitants qui ne sont pas nés sur le territoire. Parmi les personnes nées à l’étranger, on a coutume de distinguer les Français de naissance et les immigrés, nés avec une autre nationalité. On distingue les habitants selon leur nationalité, française ou étrangère, et, parmi les Français, les Français de naissance ou les Français par acquisition. Le recensement permet donc de connaître la nationalité actuelle ainsi que la nationalité à la naissance. Les catégories d’étrangers et d’immigrés sont différentes : les immigrés, « nés étrangers à l’étranger », peuvent être encore étrangers au recensement ou être devenus Français. Les étrangers, quant à eux, peuvent être nés à l’étranger (ils sont alors immigrés) ou nés en France (dans ce cas ils ne sont pas immigrés).
Les tableaux présentent les populations, les naissances et les décès en Europe et dans les pays développés. Ces données sont complétées par des indicateurs : taux de natalité et de mortalité, indicateur conjoncturel de fécondité et espérance de vie à la naissance.
La publication World Population Prospects fournit les estimations de population des Nations unies pour tous les pays du monde pour chaque année entre 1950 et 2020 et les projections selon différents scénarios (bas, moyen et haut) pour chaque année entre 2020 et 2100. Les chiffres présentés ici correspondent aux projections pour l’année en cours selon le scénario moyen.
Toute la population sous vos yeux : un atlas, des cartes interactives, une animation sur les migrations et des graphiques interprétés pour visualiser et comprendre les enjeux et les évolutions démographiques mondiales.
Avec le simulateur de population, les animations et les quiz, maîtriser les grands concepts démographiques, des projections aux facteurs de fécondité, devient (presque) un jeu d’enfant.
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Mise à jour : janvier 2019, sur la base des estimations de la Population mondiale des Nations Unies
Les “mémos de la démo” offrent un panorama des connaissances sur la population, dans des formats courts et accessibles à tous.
Fiches, analyses et interviews proposent un résumé de l’actualité scientifique, un décryptage des enjeux liés aux questions de population et des outils pédagogiques pour aborder les phénomènes démographiques et leurs évolutions, en France et dans le monde.
600, Mai 2022, 4 pages
https://doi.org/10.3917/popsoc.600.0001 
Confinés et très limités dans leurs relations sociales et leurs activités pendant la première année de la crise sanitaire, les pensionnés du régime général de retraite français sont plus de la moitié à indiquer une dégradation de leur moral suite à l’épidémie de Covid-19 et les confinements. Pour les retraités ayant indiqué avoir eu besoin d’aide, la demande de soutien moral ou affectif vient en premier. Par rapport aux retraités en couple, ceux vivant seuls ont davantage ressenti les conséquences de la politique sanitaire. Le moral des individus se distingue aussi selon le sexe, la santé, le niveau économique, et l’âge. Les personnes ayant le plus mal vécu les confinements se trouvent parmi les moins âgées et celles vivant seules.
Covid-19, crise sanitaire, confinement, retraités, sociabilité, isolement, France
L’épidémie de Covid-19 et les confinements ont affecté les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mais que sait-on de leur impact sur les retraités vivant à domicile ? Analysant l’enquête CONSOL2 réalisée en avril-mai 2021 par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), Laurent Nowik et Raphaël Dhuot nous décrivent leurs difficultés et le manque d’aide et de soutien moral ou affectif exprimé par certains d’entre eux, notamment les retraités vivant seuls.
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a agi comme un révélateur d’inégalités préexistantes [1, 2], notamment dans la population d’âge actif [3, 4]. Concernant les personnes âgées, différentes études se sont intéressées à celles vivant en Ehpad [5], mais peu aux retraités vivant à domicile. Le maintien de l’autonomie de certains d’entre eux dépend des soutiens qu’ils reçoivent, or ceux-ci ont pu diminuer dès le premier confinement. Des acteurs publics et associatifs ont certes cherché à établir un contact avec des retraités pendant cette période, afin de vérifier qu’ils disposaient des biens de première nécessité. Mais cela n’a pas permis d’avoir une information précise à propos de leurs éventuelles difficultés, et seuls 15 % d’entre eux ont été contactés [6]. Pour connaître la manière dont la crise sanitaire a pu affecter les conditions de vie des retraités vivant à domicile en France, l’unité de recherche sur le vieillissement de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) a réalisé plusieurs enquêtes auprès des retraités du régime général, dont une à la fin du troisième confinement (encadré).
De nombreux retraités vivant à domicile ont été affectés psychologiquement par la crise sanitaire [: 53 % d’entre eux considèrent que leur moral était meilleur avant la crise (quelle que soit l’appréciation actuelle) ; 24 % indiquent un « plutôt mauvais » ou un « très mauvais » moral au moment de l’enquête. Cette appréciation d’un moral dégradé est socialement différenciée. Dix points séparent les hommes (19 %) des femmes (29 %), et quatorze points les catégories socioprofessionnelles opposées : la valeur la plus faible concerne les anciens cadres (20 %) et la plus élevée les personnes antérieurement sans activité professionnelle (34 %). L’appréciation du moral au présent est aussi associée à l’intensité des relations sociales antérieures : les retraités qui indiquent avoir été moins isolés avant la crise sont 32 % à mentionner un « plutôt mauvais » ou un « très mauvais » moral, soit 2,5 fois plus que ceux pour lesquels rien n’a changé en termes relationnels. Josiane, 83 ans, célibataire, ancienne employée, déclarant un mauvais moral, écrit : « J’ai très mal vécu la mise à l’écart des personnes âgées, même si j’ai bien compris que c’était une mesure de protection sanitaire. C’est difficile d’être privéede rencontres amicales dans ses activités habituelles ».
Ce premier constat conduit à se demander si les retraités vivant à domicile, sans conjoint ni enfant, ont subi plus intensément les conséquences négatives de la crise sanitaire que ceux en couple. Pendant les confinements, il était difficile de recevoir des visites à domicile puisque toute la population faisait l’objet de restrictions de déplacement et de mesures de distanciation physique. Les personnes seules avaient donc moins d’occasions d’échanger avec d’autres personnes, sauf à recourir à la communication à distance. Pour l’analyse, nous prenons en compte les deux situations conjugales les plus fréquentes des retraités vivant en logement ordinaire (à domicile) : la vie en solo (sans conjoint, y compris non cohabitant) et la vie en couple sous le même toit, soit au total 85 % de l’échantillon(1).
La question relative au moral indique que les personnes vivant seules connaissent une situation moins favorable que celles en couple, puisqu’elles sont 31 % à déclarer un « plutôt mauvais » ou « très mauvais » moral, contre 20 % de celles en couple. Les personnes les plus âgées – qui sont aussi souvent celles qui vivent seules – s’avèrent les plus nombreuses à avoir cette appréciation, ce qui peut s’expliquer par la dégradation de la santé et l’isolement qui s’accroissent aux âges élevés. En revanche, la part des personnes avec un moral dégradé n’augmente que légèrement jusqu’à 85 ans (sauf pour les hommes seuls), même si les niveaux sont différents selon le statut conjugal et le sexe (figure 1). Cette stabilité écarte l’hypothèse d’un effet fort du vieillissement individuel sur le moral. Toutefois, au-delà de 75 ans, le fait de vivre en couple semble moins préserver psychologiquement les femmes, puisque leur moral est plus dégradé que celui des hommes seuls. Ce qui peut être lié aux normes de solidarité au sein des couples âgés, les femmes agissant plus souvent en qualité d’aidantes informelles vis-à-vis de leurs conjoints – en moyenne plus âgés –, tout en étant plus concernées par la perte d’autonomie [7]. Elles se considèrent aussi moins soutenues par leurs conjoints que les hommes ne le disent de leurs conjointes [8]. Dans le contexte de la crise sanitaire, gérer seule la perte d’autonomie du conjoint a pu affaiblir la santé morale des femmes impliquées dans des activités de soin, comme en témoigne Marthe, 77 ans, ex-cadre : « Mon mari est handicapé, le confinement est tragique pour lui, son moral était soutenu par les visites de nos amis rendues impossibles. Je l’aide mais ma santé s’est détériorée et je ne peux plus sortir mon mari en fauteuil roulant ; je n’ai plus la force ».
Quatre personnes ayant un moral dégradé sur cinq (81 %) indiquent avoir eu des difficultés à supporter les situations de confinement (contre 45 % pour l’ensemble de la population). En outre, quel que soit leur statut conjugal, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à l’indiquer (une femme vivant seule sur deux), ce qui est cohérent si l’on considère leur position centrale dans l’économie domestique et leur plus grande expressivité par rapport aux hommes. Claire, 68 ans, en couple, ex-profession intermédiaire, indique avoir vécu « très difficilement » le fait de ne pas voir les membres de sa famille : « Du jour au lendemain je me suis sentie inutile, loin des enfants et des petits-enfants. Il a fallu réagir pour ne pas sombrer. À deux, c’était plus facile ». En raisonnant toutes choses égales par ailleurs, il se confirme que le fait d’être une femme, de vivre seule, de connaître des limitations à cause d’un problème de santé, d’avoir des difficultés économiques, de ne pas avoir un logement adapté à un confinement, sont autant de caractéristiques qui influent défavorablement sur le moral des retraités. De nombreux commentaires spontanés déposés par les répondants montrent le ressenti négatif qui résulte de l’effondrement des relations sociales, exacerbé chez les personnes en solo. Il en va ainsi de l’impossibilité de rendre visite à des proches (y compris les parents vivant en Ehpad), même quand ils vivent à proximité, de ne pas pouvoir organiser de réunions familiales, de renoncer à ses activités en dehors du domicile. Cette situation vécue par Françoise, 64 ans, veuve, vivant seule, ex-employée, lui fait dire qu’« on a vraiment l’impression de vieillir quatre fois plus vite [depuis le début de la crise]. À mon âge, on n’a plus de temps à perdre ; je vis très mal cette situation ; je déprime ».
Le ressenti à l’égard des confinements est dépendant du niveau de sociabilité antérieur à la crise sanitaire (que l’on peut apprécier indirectement par la question sur l’évolution du sentiment d’isolement). Plus celui-ci était élevé avant, plus les mesures de distanciation sociale ont été mal vécues. D’ailleurs, les plus jeunes des répondants ont moins bien supporté les confinements (figure 2). L’affaiblissement des liens sociaux et la restriction des déplacements ont en effet heurté le souhait caractéristique des premières années de la retraite de profiter du temps libre et des loisirs. Les personnes en couple, dont le niveau de vie plus élevé autorise certains projets, n’ont pas échappé à cette frustration : « Sitôt à la retraite, la crise sanitaire est venue détruire tous nos projets souhaités dans les premières années. Espérons retrouver de nouveau l’intégralité de nos mouvements avant d’être devenus des vieillards » indique Marc, 61 ans, en couple, ex-cadre. Les difficultés à supporter les confinements s’atténuent au fil de l’avancée en âge, sans doute parce que la sociabilité en temps ordinaire diminue et les activités hors du domicile sont moins fréquentes. D’ailleurs, les personnes « habituées » à peu de contacts et peu de sorties ont indiqué que les confinements n’avaient pas changé leur quotidien, à l’instar de Jeanne, 80 ans, ex-employée, qui explique que « du fait que mon mari est malade depuis quelques années, cela fait bien longtemps que nous sommes confinés, donc nous n’en souffrons pas ».
Afin de répondre à la question « Depuis le début de la crise sanitaire (mars 2020), avez-vous eu besoin d’être aidé(e) parce que vous ne pouviez pas faire quelque chose, ou parce que vous n’aviez pas le moral ? », les répondants pouvaient choisir dans une liste composée de 9 modalités non exclusives : aide à effectuer des achats ; aide administrative ; aide pour des démarches en ligne ; aide pour se rendre à un rendez-vous médical ; soutien moral ou affectif ; aide pour des tâches ménagères ; aide au bricolage ; aide pour les soins du corps ; autres besoins. Pour simplifier les multiples combinaisons de réponses, nous avons réalisé une classification révélant quatre ensembles de besoins (et donc quatre sous-populations partitionnant l’échantillon) (tableau). La première classe – dénommée “Moral” – regroupe des enquêtés qui ont exprimé un besoin de soutien moral et peu ou pas d’autres besoins. Par construction, les répondants qui composent cette classe n’ont pas sollicité d’assistance pour les soins du corps ou les démarches administratives. Les femmes et les sexagénaires sont surreprésentés dans ce groupe, tout comme les personnes dont le moral s’est dégradé ou qui se sentent plus isolées depuis le début de la pandémie (plus de 80 % des individus de cette classe). Une deuxième classe – “Vulnérabilité” – agrège des enquêtés ayant éprouvé des difficultés psycho-affectives mais aussi de multiples autres besoins, concernant notamment les soins du corps, les démarches administratives et les rendez-vous médicaux. Cette classe se distingue de la précédente en raison des besoins plus nombreux et plus divers des individus qui la composent. On trouve dans ce groupe les personnes les plus âgées, celles dont la santé fonctionnelle est la plus dégradée, ainsi que celles rencontrant de grandes difficultés économiques. Une troisième classe – “Logistique” – concerne les difficultés matérielles et les déplacements hors du domicile. Aucun des individus composant cette classe n’a exprimé de besoin de soutien moral. Ce sont plus souvent des hommes, ils vivent plus fréquemment en milieu rural et estiment que leur logement est peu adapté à des situations de confinement. Enfin, une dernière classe – “Non-aide” – , majoritaire, regroupe les enquêtés qui n’ont exprimé aucun besoin d’aide. Ce groupe se distingue des trois autres par un meilleur état de santé physique et psychique, une proportion de personnes vivant en couple plus importante, un sentiment d’isolement moindre et un statut socioéconomique globalement plus élevé.
Ainsi, les personnes vivant seules à domicile expriment des difficultés psychosociales trois fois plus souvent que les personnes en couple (catégorie “Moral”). Même si ce résultat ne porte que sur 6,2 % des retraités vivant seuls (tous âges et sexes confondus), il concerne en valeur absolue un nombre élevé d’individus (plus de 5 millions de personnes âgées de 60 ans et plus vivent seules à domicile en France). De surcroît, cette proportion est une estimation minimale, car toutes les personnes ayant fait part d’un moral dégradé n’ont pas recherché le soutien d’une tierce personne (c’est-à dire n’ont pas déclaré avoir besoin d’un soutien moral), sans qu’on puisse en conclure que leurs difficultés étaient plus réduites. Parmi les enquêtés qui déclarent que leur moral était meilleur avant la crise socio-sanitaire (53 % de l’échantillon), seuls 21 % ont exprimé un besoin d’aide ou de soutien. Il en va de même concernant le sentiment d’isolement : alors qu’une majorité d’enquêtés (60 % de l’échantillon) déclarent être davantage isolés depuis le début de la crise socio-sanitaire, ceux-ci n’expriment un besoin d’aide (morale ou autre) que dans 20 % des cas.
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Si le gouvernement français a cherché à protéger la population de la pandémie par des confinements et des mesures de distanciation sociale, cette politique sanitaire a altéré la sociabilité et le bien-être des retraités du régime général vivant à domicile. Pour plus d’un retraité sur deux, une dégradation plus ou moins prononcée de leur moral a été observée, souvent associée à l’impossibilité de rencontrer les proches et à effectuer des activités en dehors du logement. Elisabeth (83 ans, veuve, vivant seule, ex-cadre) le résume ainsi : « Je dois quand même avouer que dans l’ensemble je déprime et que j’ai l’impression de mal finir les jours qu’il me reste à vivre ». Pendant la première année de la crise sanitaire, certains retraités ont alors exprimé des besoins d’aide, notamment ceux indiquant un moral dégradé. Des situations sanitaires ou économiques défavorables ont aussi contribué à dégrader la situation psychologique des individus âgés, pouvant aller jusqu’à la dépression. Le fait de vivre en couple demeure néanmoins un atout, bien que cette situation profite davantage aux hommes qu’aux femmes.
L’enquête CONSOL2 (CONfinement – SOLidarités – SOLitude) a été organisée par l’unité de recherche sur le vieillissement de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) à la fin du troisième confinement, par l’envoi de 2 500 000 courriels à des retraités du régime général de toutes conditions sociales : la totalité des personnes âgées de 75 ans et plus dont la Cnav avait connaissance d’une adresse courriel et un échantillon proportionné de personnes de 60 à 74 ans. Entre le 21 avril et le 25 mai 2021, plus de 200 000 réponses ont été reçues. Les participants ont répondu à 90 questions dont une, optionnelle, permettait de livrer un témoignage en lien avec la pandémie. Un corpus de 27 millions de caractères a ainsi été constitué à partir des témoignages de 73 000 retraités.
L’enquête menée via Internet a conduit à surreprésenter les personnes familières des outils numériques, dont les plus jeunes des retraités, les urbains et les catégories sociales les plus aisées. Pour corriger au mieux ce biais, une pondération par âge et sexe a permis de redresser les distributions de ces variables en tenant compte de celles des retraités du régime général que la Cnav connaît à l’échelle départementale. Après redressement des données, il demeure encore une surreprésentation des personnes ayant occupé des positions de cadre durant leur vie professionnelle (31 % dans l’échantillon contre environ 10 % parmi l’ensemble des retraités en logement ordinaire, selon le recensement de la population 2018 de l’Institut national de la statistiques et des études économiques (Insee)).
Confinés et très limités dans leurs relations sociales et leurs activités pendant la première année de la crise sanitaire, les pensionnés du régime général de retraite français sont plus de la moitié à indiquer une dégradation de leur moral suite à l’épidémie de Covid-19 et les confinements. Pour les retraités ayant indiqué avoir eu besoin d’aide, la demande de soutien moral ou affectif vient en premier. Par rapport aux retraités en couple, ceux vivant seuls ont davantage ressenti les conséquences de la politique sanitaire. Le moral des individus se distingue aussi selon le sexe, la santé, le niveau économique, et l’âge. Les personnes ayant le plus mal vécu les confinements se trouvent parmi les moins âgées et celles vivant seules.
Laurent Nowik
Raphaël Dhuot
Fichier Excel des tableaux et figures
Laurent Nowik, Raphaël Dhuot, Le sentiment d’isolement et la baisse du moral des retraités pendant la crise sanitaire, 2022, Population et Sociétés, n° 600 

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