Qui sait que depuis quinze ans déjà, une entreprise rochelaise est implantée à Tahiti. Au cœur de ces confettis de rêve pacifique, îles sous le vent, australes, Marquises et autres trésors, ses ingénieurs participent notamment à développer la vitrine technologique d’un territoire qu’ils accompagnent dans son adaptation aux effets du réchauffement climatique.
Cette société, c’est Créocéan, un cabinet d’ingénierie maritime. Ses équipes proposent une expertise scientifique aux territoires…
Cette société, c’est Créocéan, un cabinet d’ingénierie maritime. Ses équipes proposent une expertise scientifique aux territoires littoraux et développent des compétences élargies à des horizons aussi variés que l’acquisition de données, le conseil en aménagement ou la restauration écologique.
« En 2007, c’est une étude de Swac qui nous amène en Polynésie française, évoque Brigitte Ravail, la responsable de l’agence Créocéan Pacifique. Le Swac, ou Sea Water Air Conditioning, est un dispositif qui utilise la température des eaux profondes pour climatiser des équipements en surface. » Il y a quinze ans, le projet en question est celui de l’Hôtel Brando, sur l’île de Tetiaroa. Le gain énergétique par rapport à un système de climatisation classique est annoncé à 42 %, sur le site de l’établissement.
Dans les îles, trois Swac sont installés à ce jour. Ce printemps, une longue conduite de 1 900 mètres de longueur et 40 centimètres de diamètre assemblée à Tahiti sera remorquée jusqu’à la très touristique Bora-Bora. Le plus récent des Swac implantés y remplacera une installation de première génération pour refroidir les humeurs des vacanciers qui établissent leurs quartiers au luxueux hôtel InterContinental.
S’il n’est pas partie prenante dans ce projet, Créocéan l’a en revanche été dans le précédent en date. « Celui du Swac du centre hospitalier du Taaone, à Papeete, installé l’automne dernier », précise Brigitte Ravail. Raccordé aux 1 600 climatiseurs de l’établissement, sa mis en service est imminente. Objectif ? Réduire d’un tiers l’empreinte carbone qui résulte du rafraîchissement des locaux dans une île où l’énergie est produite par une centrale thermique ronronnant aux hydrocarbures.
Comment fonctionne le Swac ? Une boucle froide relie l’ensemble des climatiseurs. Dans une salle d’échange thermique, le fluide qui y circule, de l’eau douce en l’occurrence, se refroidit dans un échangeur où se déplace aussi de l’eau de mer captée à 900 mètres de profondeur, à une température de 5° à 6 °C. La conduite de captage est étirée de cette salle au-delà du lagon, pour plonger le long de la paroi de l’île. « La configuration de Tahiti se prête à ce dispositif, poursuit Brigitte Ravail. Un lagon autour de l’île et, au-delà, une très raide descente vers les grands fonds. Des projets existent aussi à La Réunion et en Martinique. » Du local technique à la tête de captage d’eau de mer, la canalisation mesure 4 000 mètres. Une fois qu’elle a refroidi le circuit hospitalier, l’eau du captage est alors rejetée dans le lagon qui borde la côte.
Pour ce projet développé sur quatre années – dont deux de construction -, « Créocéan a conduit les études en amont, ajoute la biologiste marine, des études sur la bathymétrie, la connaissance du site ».

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