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Six syndicats représentant l’éventail des métiers hospitaliers ont diffusé un communiqué qui augure d’un mouvement de grève en début d’année. En cause, la sous-dotation en moyens financiers et humains du CHPF, alors que le budget 2023 de l’hôpital n’est toujours pas voté. Les professionnels de santé disent redouter les fermetures de lits, l’interruption de certaines activités, la fuite des personnels hospitaliers à tous les niveaux, et la baisse de la qualité des soins.
« Nous serons bientôt forcés de limiter notre activité pour répondre à la volonté politique de faire des économies », écrivent les six syndicats signataires d’un communiqué diffusé jeudi. Sans réponse à leurs inquiétudes exprimées la semaine dernière, ils haussent le ton. Qu’ils soient médecins, cadres de santé, infirmiers, brancardiers ou aides-soignants, ils font un constat commun : « Nous sommes inquiets pour la santé de la population polynésienne. La logique financière ne peut pas diriger les soins en santé. »
Poerani Arakino, aide-soignante, représente le syndicat Te Aho Api/Otahi.  « On n’est pas un magasin, on ne vend pas des affaires, on soigne des gens ! » s’énerve-t-elle.
Roland Frogier de O Oe To Oe Rima représente plusieurs ANFA, des brancardiers, des ambulanciers, des aides-soignants, parle de suppressions de postes qui ne disent pas leur nom : « C’est un ras-le-bol général, sur les personnels qui ne sont pas remplacés, on est vraiment en sous-effectifs. On nous dit qu’il faut passer les concours, on attend les concours. La nouvelle année, elle va sûrement commencer par des dépôts de préavis de grève si ça continue comme ça. »
Sandrine Vauthier est cadre de santé, représentante du personnel au conseil d’administration du CHPF et au Comité technique paritaire, et présidente du Syndicat d’encadrement paramédical de Polynésie française. Elle aussi souligne la détresse généralisée « de toutes les catégories de personnels du CHPF, y compris le biomédical, la pharmacie, les techniciens. » « Il y a de fortes chances » qu’une grève soit lancée, dit-elle. Elle dénonce une budgétisation héritée du passé, pour un hôpital beaucoup plus moderne et donc plus cher à faire tourner, et des pathologies qui sont de plus en plus lourdes.
Un milliard et demi à trouver : « que les ministères s’entendent »
Le Dr Priscilla Amaru, du Syndicat des médecins anesthésistes et réanimateurs, espère que le prochain conseil d’administration du CHPF pourra faire avancer les choses. Il faut trouver 1,5 milliard de Francs pour assurer les dépenses courantes, dit-elle.
Le Dr Amaru parle de « politique de l’autruche ». Elle souligne, elle aussi, que les temps ont changé, et que les pouvoirs publics n’en ont pas nécessairement pris la mesure.
Manque d’attractivité : « Arrëtez de croire que les gens viennent pour le soleil ! »
Cette jeune femme, rentrée au fenua l’an dernier, traduit le découragement de ses collègues face à la pénurie de personnels médicaux et techniques qui a conduit le CHPF à réduire de plus de moitié l’activité de ses blocs opératoires pendant trois mois : « Après le Covid, au moment où on sort la tête de l’eau, on a à nouveau une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, et on se retrouve à nouveau démunis face à la souffrance et aux besoins de soins de la population. » À quoi s’ajoute, déplore-t-elle, un réel problème d’attractivité : une opinion défavorable de la population sur les médecins, « un statut qui a plus de 30 ans et qui est obsolète », et des conditions de travail en métropole qui s’améliorent.
Si le conseil d’administration prévu la semaine prochaine n’apporte pas de réponses aux interrogations des personnels hospitaliers, il faut donc s’attendre à un mouvement de grève au CHPF pour commencer la nouvelle année.

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