©ASA (Illustration)
C’est une première inédite que cette enquête cadre de vie et sécurité, réalisée en 2020 par les services de l’INSEE et officiellement publiée hier. En partie financée par la Direction Générale des Outre-mer, celle-ci porte sur la délinquance et ses différents chiffres, ainsi que le sentiment de sécurité de la population.
A l’instar des baromètres préfectoraux de la délinquance, l’étude porte d’abord sur les atteintes aux biens et fait la comparaison entre Mayotte et l’hexagone, sur les années 2017, 2018 et 2019. Ainsi, les résultats indiquent que 18% des personnes habitant Mayotte ont été victimes d’un vol ou d’un cambriolage, contre 5% en métropole, soit près de trois fois plus. L’on recense ainsi 395 cambriolages ou vols sans effraction pour mille ménages à Mayotte, contre 65 dans l’hexagone, et là les chiffres montent à 6 fois plus. Concernant les atteintes aux personnes, le scénario est similaire. 167 vols ou tentatives de vols sur les personnes pour 1000 personnes de 14 ans ou plus à Mayotte, contre 44 dans l’hexagone. La part de personnes victimes de vols est trois fois plus élevée à Mayotte, avec une part de la population concernée s’élevant à 11% contre 4% en France métropolitaine.En termes de violences dites sensibles, comprenant la part des violences commises au sein du ménage et de violences sexuelles hors ménage, l’on passe du simple au double : 6% à Mayotte contre 3% en métropole.
Autant de faits traduisant une réalité, laquelle impacte fortement le dernier sujet de l’enquête : le sentiment d’insécurité. Et celui-ci, de toutes évidences, crève les compteurs sur l’île au lagon. 59% des habitant de Mayotte se sentent personnellement en insécurité, contre seulement 15% en métropole. Pire encore, 40% renoncent à sortir de chez eux, contre 11% dans l’hexagone, et 77% des habitants citent la délinquance comme un problème préoccupant dans leur village. En France hexagonale, ce chiffre n’atteint que les 22%.
Autant d’éléments qui viennent chiffrer et détailler une réalité que tous à Mayotte ne connaissent que trop bien : entre les palmiers, les baobabs et les plages de rêve, l’insécurité s’invite encore et toujours dans le paysage mahorais…
Des taux de dépôt de plaintes bien plus faibles à Mayotte que dans l’Hexagone
Autre donnée représentative soulevée par l’INSEE dans sa toute dernière enquête, c’est le taux de dépôt de plaintes exceptionnellement bas de l’île au lagon. Lorsqu’il s’agit des cambriolages, les dépôts de plainte se limitent à 27% à Mayotte contre 49% en métropole. Pour les vols avec violence ou menace, l’on ne recense que 6% de plaintes déposées localement, alors que le chiffre monte à 38% dans l’hexagone. Un faible taux de plainte qui pourrait s’expliquer par plusieurs raisons. La peur des représailles liées à la dimension confinée et communautaire du territoire, la faible valeur marchande des biens volés, la lassitude des gens à déposer plainte plusieurs fois de suite, les défauts d’assurance, etc…
Et il en est une autre sur laquelle l’INSEE se penche plus en détail : à Mayotte, 27% des personnes déclarent que la présence des forces de l’ordre est inexistante dans leur village, et 35% estiment qu’elle est insuffisante. Un manque de confiance envers les autorités, corrélé au nombre d’exactions délinquantes commises sur l’île ? Quoiqu’il en soit, le faible taux de dépôt de plaintes laisse entrevoir une certaine réalité : les chiffres annoncés par l’IN- SEE sont probablement bien en- deçà de ce qu’il en est vraiment dans le 101ème département.
Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin
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