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Avant de repartir à Paris samedi, Moetai Brotherson a fait le point avec Radio1 sur son activité parlementaire et sur les préparatifs des élections territoriales. Le Tavini aurait recruté de nombreux jeunes, récupéré des déçus du Amuitahiraa, et « beaucoup de tavana ». Le parti bleu ciel veut faire du secteur primaire et du tourisme les deux piliers de son programme économique, avec un objectif plus qu’ambitieux : tripler le nombre de visiteurs, mais les orienter vers un tourisme « authentique ».
Les députés polynésiens sont opposés à la réforme des retraites, dit Moetai Brotherson en ce deuxième jour de mobilisation nationale : « elle ne se justifie pas, et elle est imparfaite tant au plan national que local », et même davantage au niveau local, puisque l’espérance de vie dans les outre-mer est de 6 ans inférieure à celle de la métropole. Il voit dans cette réforme une « violence politique » sur la méthode et un « cynisme complet » sur le fond, car il considère que la mise à niveau annoncée des petites retraites est « un mensonge, tout simplement. » Le député met en avant, lui, la proposition portée par la Nupes de taxer les plus riches.
Moetai Brotherson va également suivre le 17 février la reprise des travaux sur l’indemnité temporaire de retraite (ITR) qui est en voie d’extinction sans que le « mécanisme compensatoire » promis par l’État n’ait jamais été mis en place. Le député souhaite aussi que davantage de concours de catégorie A soient organisés pour les CEAPF (Corps de l’État pour l’administration de la Polynésie française) « et pas seulement des concours B et C », un fonctionnement dans lequel il voit une claire volonté de l’État de faire, à terme, disparaître ce corps. Il suit également la question du centre des intérêts matériels et moraux, dont les critères à géométrie variable nuisent aux Polynésiens qui veulent être affectés chez eux. Enfin Moetai Brotherson a rendez-vous le 8 février au ministère de la Justice pour évoquer le cavalier législatif qui doit préserver les cours d’assises à Papeete et à Nouméa – l’actualité parlementaire chargée pourrait retarder ce vote et la tenue de la prochaine session d’assises à Tahiti.
Plus de 250 candidats à la candidature
Le Tavini avait lancé un appel à candidatures pour faire entrer du sang neuf dans la liste des territoriales. Le parti bleu ciel a reçu 253 dossiers, dit Moetai Brotherson. La date limite de lundi a été repoussée à ce mercredi midi, pour permettre à quelques retardataires de faire eux aussi acte de candidature. « Beaucoup de jeunes, plutôt plus diplômés », de 22-23 ans à la trentaine, qui ont été inspirés par l’exemple de Tematai Le Gayic et Steeve Chailloux : « C’était l’idée, et ça a marché », mieux qu’en 2018 où le Tavini avait déjà lancé un tel appel. Le secrétariat général du parti s’active pour vérifier l’absence de condamnation des candidats – la moralisation de la vie publique est un thème cher au Tavini « donc si vous avez candidaté mais que vous avez fait des bêtises, c’est que vous vous êtes trompés de porte. » Le comité d’investiture devra ensuite panacher les candidatures externes, issues de l’appel, et les candidatures internes issues des tomite.
« Je ne veux pas vieillir en politique »
Reste la question de savoir qui mènera la liste bleu ciel. Temaru ? Geros ? Brotherson ? « La décision sera prise en temps voulu » (le congrès est prévu pour fin février), répond-il, expliquant qu’il ne « veut pas vieillir en politique » et que son désir d’être « utile » peut être satisfait ailleurs qu’à la tête du gouvernement. « Je n’y pense pas le matin en me rasant », dit le député barbu, malgré les encouragements qu’il reçoit chaque jour.
« On ne veut pas faire des promesses démago »
En attendant, Moetai Brotherson planche sur le programme électoral avec ses collègues, après un séminaire tenu il y a trois semaines. Reste à en faire la synthèse. Le Tavini veut présenter « des mesures finançables » avec leur calendrier, « c’est le mot d’ordre qui a été donné par Oscar Temaru. »
Objectif : 600 000 touristes, mais un tourisme « authentique »
Et les « piliers » du programme, qui « n’ont pas changé depuis 1977 », ce sont « le secteur primaire et le tourisme », dit-il. Le Tavini veut réformer la fiscalité pour encourager le premier, « parce qu’aujourd’hui ça rapporte plus au Pays de favoriser les importations que de favoriser la production locale ». Et réformer le second, trop centré sur Bora Bora « qui va bientôt couler si on y amène plus de touristes », en l’orientant sur les archipels peu fréquentés mais « tous plus beaux les uns que les autres ». Objectif : 600 000 touristes, bien loin des 280 000 de la stratégie touristique 2023-2027 « à visage humain » du Pays, que le Tavini a votée pas plus tard que le 8 décembre dernier.
Pour ce qui concerne les calculs électoraux, et au nom de la « stabilité », Moetai Brotherson ne remet pas réellement en cause la prime majoritaire, ce pompon qu’on peut décrocher avec 35% de l’électorat et qui lui semble plus que jamais à portée de main. « J’observe qu’on a récupéré énormément de militants » en provenance du Amuitahiraa, dit-il, « mais pas seulement », et « beaucoup de tavana » même s’il se montre prudent sur ce dernier contingent.
Enfin, interrogé sur les débordements racistes qui fleurissent souvent sur les réseaux sociaux, parfois sous couvert d’indépendantisme, Moetai Brotherson réaffirme : « La vision du Tavini Huira’atira de l’indépendance n’est pas une vision ethniciste. Ce serait difficile avec Géros, Brotherson, etc etc. Nous voulons bâtir une nation souveraine avec tous ceux qui aiment ce pays et qui veulent le construire. »
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