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Sans prévenir, la Police aux frontières a décidé de contrôler dans certains aéroports les passeports des voyageurs en provenance de l’espace Schengen. Mais pas des passagers terrestres, en voiture ou en train. Décryptage.
Vous arrivez à Paris-Charles de Gaulle d’Amsterdam, de Francfort, de Munich… Bien que ces villes fassent partie de l’espace Schengen, le contrôle des passeports y est désormais systématique. Après la descente d’avion, des prestataires d’Aéroports de Paris dirigent ainsi les passagers en provenance de pays européens vers les fonctionnaires de la direction centrale de la Police aux frontières. En revanche, si vous arrivez d’Amsterdam, de Düsseldorf, de Bruxelles à la Gare du Nord, ou bien de Stuttgart ou de Francfort à la Gare de l’Est, alors là aucun contrôle !
Un gradé du ministère de l’Intérieur qualifie pudiquement cela de « distorsion de procédure », et cette « distorsion » semble gêner place Beauvau, à tel point que le service de presse nous a fait savoir que le ministère ne souhaitait pas communiquer sur ce sujet. La situation est pour le moins étonnante : pourquoi ne contrôler que les usagers de l’aérien quand les compagnies sont en mesure de fournir pour chaque avion la liste précise des passagers, dont l’identité a d’ores et déjà été vérifiée avant l’embarquement ? Le transport aérien a-t-il besoin d’un contrôle supplémentaire à l’heure où les aéroports et les compagnies aériennes sont exsangues ? On se perd en conjectures. Par facilité ? À moins que ce ne soit pour occuper les fonctionnaires de police basés dans les aéroports, désœuvrés à cause de la chute du trafic international ?
Contrôles renforcés pour l’avion, et laissez-passer quasi total pour les autres modes de transports. Et pour preuve : savez-vous que vous pouvez voyager en train de Sarrebruck à Metz sans le moindre contrôle, tout comme en voiture de San Sébastien à Biarritz, ou encore de Gérone à Perpignan ? Et que dire des milliers de travailleurs transfrontaliers qui traversent la frontière tous les jours et qui sont évidemment fort peu contrôlés tant ils sont nombreux. Sur ce zèle de la Police aux frontières, les compagnies aériennes préfèrent ne rien dire, même si on se doute qu’elles n’en pensent pas moins. Le cas le plus ahurissant est sans doute celui l’aéroport de Genève-Cointrin. Ce dernier possède un «secteur France», séparé du reste du terminal, auquel on accède depuis l’Hexagone sans entrer en Suisse et réservé aux vols à destination de la France. Et que les voyageurs en provenance de Suisse doivent pour y accéder montrer patte blanche : carte d’embarquement, passeport, contrôles douaniers. Mais ces précautions semblent ne pas suffire à ce que l’on appelait autrefois la Police de l’air et des frontières, qui réitère les contrôles à Roissy. 50 minutes de vol, 40 minutes de contrôle ! Cherchez l’erreur.
Il semblerait qu’à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, la police n’ait que faire de la fluidité des flux de passagers : quand les guérites des fonctionnaires de police du hall 2 du terminal F ne sont pas pourvues, on oblige les voyageurs en provenance de France ou d’Europe à traverser l’ensemble du terminal, soit près de 400 m, vers le hall 1 pour être contrôlés et ensuite refaire tout le chemin inverse afin de récupérer leurs bagages. Provoquant de longues files d’attente où la distanciation physique n’est pas possible.
Tout cela est la négation même de l’espace Schengen et c’est faire peu de cas du travail des collègues policiers, notamment allemands ou néerlandais, pourtant irréprochables en la matière. Car rappelons-le, pour faciliter la circulation des personnes, les pays signataires des accords de Schengen s’engagent à contrôler les passagers en provenance de pays extra-européens dans le premier aéroport d’arrivée.
Autre exemple, à Biarritz les contrôles des passagers Schengen s’effectuent au départ et à l’arrivée. Pourquoi ? « Parce que nous sommes assez nombreux pour le faire » nous a avoué un membre de la Police aux frontières locale… À Toulouse, autre cas de figure, si la PAF contrôle tous les passagers en provenance d’un pays «Schengen», elle contrôle aussi de façon systématique les passagers en partance pour la Belgique et de manière aléatoire les passagers vers l’Espagne. Allez savoir pourquoi ! Les exemples de distorsions sont donc multiples et peuvent prêter à rire. Pourquoi la PAF ne s’oriente-t-elle pas vers un contrôle aléatoire des vols, trains, postes frontières qui sont le plus à risque ? Ne serait-ce pas faire un meilleur usage de ses ressources plutôt que de se concentrer sur l’aérien ?
Et tant qu’à y être, autant carrément donner quelques astuces à ceux qui voudraient entrer en France et qui auraient quelque chose à se reprocher (un passeport périmé, une valise pleine de billets, une phobie de la maréchaussée…). Pensez par exemple à embarquer sur un ferry entre Lausanne et Évian : la Compagnie générale de navigation effectue plusieurs allers-retours par jour d’une trentaine minutes entre les deux bords du lac Léman, de la Suisse à la France, avec des bateaux de 400 places où les contrôles sont rares et aléatoires. Ou, autre solution, prenez le Léman Express, une sorte de TER qui relie Genève à Annemasse. Enfin, pour entrer en Alsace, prenez le tram à Kehl côté allemand et voyagez sans souci vers Strasbourg. Là aussi, le flux de passagers est tel qu’un contrôle nécessiterait des moyens humains faramineux.
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jean-claude 95
le
Les frontières sont des passoires, les français du Maghreb sont ils contrôlés pour le corona virus à l’aller comme au retour ?
rek
le
La liste des passagers est à étendre aux autres modes que l’avion et quand la police pourra t elle travailler avec ces moyens là ? rien de moins sûr car l’avion est régi par des règlements internationaux, ex la liste des passagers, alors qu en France c’est la CNIL qui décide et qu’il suffit encore de déménager d’un département à un autre pour devenir un parfait inconnu dans certaines administrations françaises
Tim2
le
Cette distorsion ridicule dure depuis 2015 et les attentats. Cela n’a aucun sens mais on continue le controle aux aeroports alors que les frontieres terrestres et ferroviaires de Schengen sont grandes ouvertes. On dit qu’il n’y a pas assez de policiers mais on les gaspille ainsi dans des taches inutiles. La France est la patrie d’Ubu roi….
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Nouveaux contrôles aux frontières : cacophonie à l’aéroport
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