©Etude d’impact Ocean park
Le groupe City prévoit de construire un complexe résidentiel de haut standing aux abords de l’ancien Méridien. La mairie de Punaauia, qui serait réticente au projet, a lancé une consultation publique qui a déjà abouti, en quelques heures, à une vague d’opposition citoyenne.
Ce serait « le plus gros projet immobilier jamais vu à Punaauia », d’après la mairie. Ocean Park est un complexe résidentiel que le groupe City veut construire au PK15, à proximité directe du rond-point du Méridien, sur l’ancien site du Tahiti Village, fleuron, dans les années 60, de l’hôtellerie tahitienne, et qui avait fermé ses portes à la fin des années 80. Le groupe français, à la fois aménageur et promoteur immobilier, est bien décidé à s’implanter au fenua, puisqu’il porte aussi un projet de rénovation de l’hôtel du Tahara’a, un projet de 5-étoiles à Bora Bora et participe à la résidence River Park, de l’autre côté de la Pointe des Pêcheurs.
Un spa, trois piscines, et 775 places de parking
Mais Ocean Park est d’une toute autre proportion : 5 bâtiments et 15 000 mètres carrés de superficie au sol pour une résidence pieds dans l’eau et avec vue sur Moorea qui abritera pas moins de 775 places de parking et 406 logements. Des appartements « essentiellement proposés à la vente pour le marché local » et qui se placeront, grâce au spa de luxe de la résidence, ses trois piscines sa salle de sport ou son « pool bar », sur un créneau très haut de gamme. C’est un « ensemble résidentiel qui n’existe pas à Tahiti », et adopte « les codes d’un hôtel 5 étoiles » précisait il y a quelques semaines le président du groupe City à Tahiti Infos. Le démarrage des travaux est prévu à la fin 2022.
Encore faudra-t-il obtenir du Pays un permis de construire, déjà déposé, mais qui aurait déjà reçu un avis défavorable de la mairie de Punaauia d’après TNTV. Et avant cela, suivre la procédure d’enquête publique engagée par la commune sur la base d’une étude d’impact rendue publique ce matin. Une étude réalisée par le bureau Vetea, et qui, dès ses premières pages, pose les limites de l’exercice. Les analystes n’ont pas pu accéder au terrain, qui appartient à la SCI Tahiti Village, contrôlée, aux dernières nouvelles, par le groupe Wane, mais qui serait aujourd’hui occupé par une famille qui revendique une partie de la propriété. Les auteurs de l’étude soulignent surtout « le manque de réponse aux questions posées » par les responsables du projet. Et les questions sont nombreuses : risque de pollution du lagon lors des terrassements – qui débuteraient, d’après le calendrier du promoteur, en pleine saison des pluies – impact des camions de déblais sur la circulation, déjà dense vers la Punaruu, aménagements paysagers qui pourraient être en contradiction avec le PGA…
Pancartes, collectifs, et pétition
Plus que cette phase de travaux, censée durer 36 mois, c’est le projet lui-même qui a fait réagir à Punaauia. La publication de la mairie a été partagée plus de 500 fois en quelques heures, et elle a accumulé plusieurs centaines de commentaires, pour la plupart négatifs. Des riverains – ou non – y dénoncent la pression foncière déjà considérable dans la zone urbaine, les difficultés d’accès et de préservation du littoral, la congestion routière, l’impossibilité pour les classes moyennes « qui ont de plus en plus de mal à se loger » à prétendre à ce genre de logement… Ce sont toutes les tensions sur les questions foncières, et peut-être sociales, qui semblent se concentrer sur Ocean Park. D’autres attirent l’attention sur le fait que la zone de la Pointe des Pêcheurs, qui accueille aujourd’hui environ 2 500 habitants, verrait sa population bondir de 45%, entrainant une explosion de la consommation d’eau, du recours aux installations d’épuration et de traitement des déchets, et aux infrastructures comme les écoles, qu’il faudrait reproportionner.
Et visiblement, les opposants au projet ne comptent pas s’arrêter là : des panneaux de protestation ont déjà été placés aux abords de la clôture du terrain, des collectifs locaux se forment à la Pointe des Pêcheurs et une pétition a été mise en ligne dans la journée. Mais plus que ces initiatives, ce sont des observations écrites que demande la mairie pour « connaitre l’opinion de la population sur le projet » et peut-être peser sur la décision du Pays concernant le permis de construire. « Les avis laissés en commentaire Facebook ne pourront pas être pris en compte », prend soin de préciser la collectivité dirigée par Simplicio Lissant. Les avis sont à adresser par mail sur [email protected], à la mairie ou dans sa boite postale 13 001 – 98 717 Punaauia, et ce jusqu’au 11 mai.
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