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Pierre Jullien
Daphné Victor et Stéphane Dugast signent une biographie en images qui permet d’entrer dans l’intimité de l’explorateur et ethnologue.
Voilà un livre magnifique, la biographie d’un explorateur, ethnologue, écrivain – même s’il se dit « écrivant » – hors du commun, Paul-Emile Victor (1907-1995), par sa fille, Daphné Victor, et le reporter et écrivain voyageur Stéphane Dugast.
Paul-Emile Victor. Le rêve et l’action (Paulsen), se présente comme « la première biographie illustrée de Paul-Emile Victor », « illustrée » car nos deux compères biographes sont déjà les coauteurs de Paul-Emile Victor. J’ai toujours vécu demain (Robert Laffont, 2015), volume tout aussi incontournable pour les amateurs de la conquête polaire à la française, et plus particulièrement par les philatélistes spécialistes de l’histoire postale polaire, qui seront ravis de retrouver des airs de famille entre l’illustration de la couverture du livre et un bloc-feuillet timbré dessiné par C215, émis en novembre par le territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Les auteurs font une plongée dans les archives familiales insoupçonnées.
Connaît-on les origines tchèques d’Eric Victor, né en 1877 à Pilsen, en Bohème, et la naissance de Paul-Emile en 1907 à Genève, la famille étant installée à Saint-Claude (Jura) ? Le livre présente la demande d’engagement (refusé) d’Eric Victor – fabricant de pipes – dans l’armée française en 1916, après avoir été arrêté puis libéré, expliquant au « commandant du bureau de recrutement » qu’il est de nationalité tchèque et non allemande.
Contraints de quitter Saint-Claude dans un climat hostile, les Victor s’installent alors à Lons-le-Saunier.
« Comment Paul-Emile a-t-il vécu cette affaire sanclaudienne », s’interrogent Daphné Victor et Stéphane Dugas. « Pourtant très prolixe en anecdotes dans ses livres, il n’évoquera jamais ce drame, allant même jusqu’à occulter ses origines (…). Il persistera toute sa vie ».
Quant aux origines juives aussi qui sont « probablement l’une des causes du départ » de Vienne (Autriche) des Victor, la mère de Paul-Emile, Laure, avouera même à une de ses amies que ses enfants ne savent rien des origines juives familiales…
Le livre se feuillette comme un album : portraits à la mine de plomb de ses parents, quand il n’a que 17 ans – « Depuis ses 16 ans, où il faisait systématiquement le portrait de tous ceux qu’il croisait, il n’a pas cessé de dessiner, passant du crayon à la plume, de l’aquarelle au stylo-feutre » – ; photo de classe, Paul-Emile en terminale, en 1925, costume, montre à gousset et « posture assurée » ; aux commandes d’un Potez 36 dans les années 1930, etc. jusqu’à l’immersion de son corps dans les eaux du Pacifique, au large de Bora Bora, le 13 mars 1995, depuis le pont du Dumont-d’Urville, dont témoigne le « PV d’immersion » inscrit dans le journal de bord du bâtiment.
Formation puis carrière défilent : officier de la marine marchande, embarquements, diplôme en 1928, marine nationale – élève officier sur le cuirassé Voltaire, aspirant sur le porte-avions Béarn… –, Paul-Emile Victor s’ennuie avant de retourner à Lons, ses obligations militaires accomplies, où l’attend une carrière d’industriel – pipes et stylos.
Brevet de pilote, Paris, cours d’ethnographie au Trocadéro et rencontre décisive du commandant Charcot en 1934 qui l’emmène pour une expédition ethnographique au Groenland d’un an : « Le musée du Trocadéro ne possède dans ses collections aucun objet de ces Eskimos »… De nombreux dessins témoignent de cette année fructueuse qui voit Paul-Emile Victor collecter 3 500 objets, 250 chants sur 60 disques, etc.
Puis, ce sont les années de guerre, son arrivée à New York, son engagement dans l’armée américaine, la citoyenneté américaine… Le désormais lieutenant Victor, utilisé pour sa connaissance de l’Arctique, est envoyé en mission de reconnaissance aérienne de l’Alaska… avant de revenir en France, le conflit terminé. Il est l’heure de fonder les Expéditions polaires françaises (EPF) en 1947 dont le comité de direction est composé de Robert Gessain, Raymond Latarjet, Michel Perez, André-Frank Liotard et celui que très vite l’acronyme PEV désigne. Les missions s’enchaînent, dont témoigne l’album-photos. Au Nord, d’abord, au Sud ensuite. Car si aujourd’hui, la France est présente en Antarctique, c’est aussi grâce à PEV.
En effet, une première mission des EPF menée en 1948-1949 est suivie par l’installation de la première base française à Port-Martin, en Terre Adélie, en 1949-1950… Même s’il faudra attendre 1956 pour voir Paul-Emile Victor se rendre sur place, à bord du Norsel, Robert Guillard étant chargé de construire la base Dumont-d’Urville.
Les auteurs n’occultent pas la polémique, avec la famille Charcot qui « a tenu injustement PEV pour responsable d’un retard qui aurait causé la catastrophe », le naufrage du Pourquoi-Pas ?, et la mort de Charcot, ou « la querelle d’ego » qui l’opposera à Jean Malaurie, ou encore sa « vie personnelle minante »…
Ainsi, les auteurs déroulent l’activité trépidante – « sa vie est un tourbillon », « cycle infernal des conférences », « il y a les reproches ou les jérémiades incessantes d’Eliane [son épouse, dont il est officiellement séparé le 5 février 1962], ses mensonges, ses moqueries, ses amants » – de PEV (Année géophysique internationale, retours au Groenland)… jusqu’à sa découverte de Bora Bora, en Polynésie française fin 1958, « dorénavant au cœur de ses préoccupations » et où il s’installera avec Colette Faure de la Vaulx, qu’il épouse en 1965.
Désormais, « sa vie est rythmée par une sorte de mouvement pendulaire : Paris-Groenland-Paris-Tahiti-terre Adélie-Tahiti-Paris », ponctuée par ses succès en librairie. Ses dernières années le voient s’engager dans la lutte en faveur de l’environnement, sans cesser sa vie épuisante de « globe-trotter insatiable », enchaînant en particulier les conférences, et quelques expositions de ses œuvres « à Bora Bora, Papeete, Paris ou encore en Suisse et en Provence »… Jusqu’à la « consécration » : une exposition à la Galerie de la Présidence, près de l’Elysée, à la Galerie Apesteguy, à Deauville et au Musée de la Marine. Un talent qu’illustrent quelques timbres-poste.
D’ailleurs, « toujours soucieux de communiquer et de laisser une trace, il passe des heures à signer l’abondant courrier estampillé Agence postale de terre Adélie, destiné aux philatélistes férus de polaire ». Ses dessins sont reproduits sur de nombreuses cartes postales.
La fin de sa vie est marquée par ses difficultés financières soldées par la vente aux enchères en 1982 d’une « partie de sa bibliothèque polaire, ainsi que des autographes, photographies et autres souvenirs d’expéditions ».
Le livre se termine sur l’histoire de la création du musée de l’Espace des mondes polaires Paul-Emile Victor, à Prémanon (Jura), inauguré fin 1988 et le drame du cyclone Wasa qui s’abat sur Bora Bora, laissant Paul-Emile Victor dans le dénuement : « Tout ce qui lui était le plus cher a été englouti, emportant ses liens avec son riche passé ».
« Paul-Emile Victor. Le rêve et l’action », par Daphné Victor et Stéphane Dugast. Paulsen, 216 pages, 39,90 euros.
Le premier prix littéraire Paul-Émile Victor, « Prix de l’aventure du cœur et d’ailleurs », lancé à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la disparition de l’ethnologue et explorateur ans, récompensant une œuvre littéraire fictive ou vécue, portant en elle l’aventure, le voyage, l’exploration, le chemin, au sens large de ces termes, a été décerné le 29 octobre à Trait pour trait, de Stéphanie Ledoux (Editions Elytis), femme dessinatrice et voyageuse.
Stéphanie Ledoux, qui a été ingénieure-agronome avant de se consacrer définitivement à son travail d’artiste, présente dans cet ouvrage un tour du monde, qu’elle parcourt depuis plus de dix ans, trouvant sa source d’inspiration dans ses rencontres avec différentes ethnies. Stéphanie Ledoux revendique dans ses carnets de voyage la curiosité, l’ouverture à l’autre, la recherche d’une connivence et l’étonnement face à des civilisations opposées à la sienne.
Organisé par le Fonds de dotation que les quatre enfants de l’explorateur ont créé pour perpétuer la mémoire et les valeurs de cette figure tutélaire de l’exploration polaire du XXe siècle, ce prix littéraire – doté d’un chèque de 1 000 euros et, grâce à la marque horlogère Longines, d’une montre créée à la fin des années 1940 pour les Expéditions polaires françaises, et rééditée cette année – doit « révéler certaines des valeurs fondamentalement humanistes de l’explorateur Paul-Émile Victor (1907-1995) comme la curiosité, l’ouverture, la confiance en l’autre, l’esprit d’équipe, le sens du partage et de l’intérêt général, le sens de la responsabilité (personnelle, collective, planétaire), l’intégrité, le sens de la transmission, l’écoute et le soutien aux générations futures »…
Le jury présidé par Patrick Poivre d’Arvor était composé de sept personnes : Benoît Albert (libraire à Nantes), Stéphane Arru (proviseur du lycée Paul-Émile Victor de Champagnole, dans le Jura), Stéphane Dugast (auteur, réalisateur et co-biographe de PEV), Thierry Fournier (archiviste et conservateur des bibliothèques), Stéphane Niveau (éco-interprète, guide polaire et fondateur de l’Espace des mondes polaires Paul-Emile Victor à Prémanon, Jura), Patrick Poivre-d’Arvor (journaliste, écrivain et ami de PEV), Daphné Victor (fille et co-biographe de PEV, et présidente du Fonds de dotation Paul-Emile-Victor).
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Daté du lundi 19 décembre
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