Le spationaute, accueilli avec tous les honneurs à l’école de la mission ce samedi, a confié qu’après plusieurs survols du fenua depuis l’ISS, il avait réalisé son rêve en y venant en vacances. Du côté des élèves et de leur parents, venus très nombreux, c’est aussi un « rêve qui se réalise » : personne n’oubliera ce moment d’échange avec la star spatiale française.
« Laissez-le se frayer un chemin ! ». L’organisation a beau avoir été réglée au quart de poil à l’école de la Mission, difficile d’éviter les mouvements de foule quand Thomas Pesquet fait son entrée. Il faut dire qu’ils sont venus nombreux, très nombreux pour accueillir le spationaute, interpellé l’année dernière en vidéo par une classe de CM1 de l’école de La Mission, et qui a accepté de prendre une journée sur ses vacances aux Tuamotu pour honorer l’invitation. Les 700 élèves, sur un 31 très polynésien, ont chacun ramené des parents ou des proches, auxquels s’ajoutent quelques officiels, pas mécontents eux non plus de voir de près le spationaute le plus expérimenté d’Europe. Aussi quand l’ancien commandant de la station spatiale internationale fait son entrée, c’est d’abord un frisson puis une clameur qui parcourt la foule. Elle ne la quittera pas, jusqu’à son départ, deux heures plus tard, toujours sous les applaudissements.
Danse, chant, orero et cadeaux
L’école catholique, grâce au soutien de la Socredo, a mis les petits plats dans les grands : danse marquisienne, chants, prière, orero, montagne de cadeaux, sans compter l’affichage des nombreux projets pédagogiques liés à l’espace et à l’environnement menés ces derniers mois. Édouard Fritch salue l’ingénieur français pour avoir permis aux élèves de réaliser leur rêve, l’invite d’ores et déjà, alors que son séjour polynésien touche à sa fin , à venir découvrir d’autres archipels, mais le remercie surtout pour avoir mis en avant, lors de ses missions spatiale et de ses régulières interventions médiatiques à terre, la nécessité de préserver les océans. « Cet « Or » bleu qui fait partie de notre patrimoine commun universel, mais aussi de notre culture polynésienne, précise le président. L’océan fait partie de nous, il fait partie de notre quotidien, il nous nourrit, il nous transporte, il nous divertit, il est source de vie ».
Mais le moment le plus attendu de cette rencontre, c’était bien sûr la séance de questions-réponses entre les élèves de la primaire – certains de la classe qui l’avait invité, aujourd’hui en CM2, d’autres de classes différentes – et l’ancien commandant de la Station spatiale internationale. Un moment d’échange dans les deux sens, comme l’a souhaité Thomas Pesquet, qui confie en guise d’introduction réaliser lui aussi son rêve en foulant enfin du pied cette Polynésie qu’il a plusieurs fois admiré depuis l’espace. Les enfants l’interrogent donc sur ses habitudes en orbite, notamment du côté de l’alimentation, du sport ou des loisirs, des expériences et plantations menées à bord de l’ISS, de son message en matière environnementale aussi.
Échanges dans les deux sens
En la matière, les conseils les plus simples sont souvent les meilleurs : chacun doit « se poser la question de son impact », à chaque activité, explique l’ingénieur, et réfléchir à la façon de le diminuer. Rompu à l’exercice, la deuxième personnalité préférée des Français – derrière l’indétrônable Jean-Jacques Goldman – mêle avec aisance les anecdotes sur le quotidien de la station spatiale (les grands nettoyages du samedi, où il ne faut pas oublier le « plafond » de la salle à manger) et la sensibilisation à l’intérêt de la science, de la conquête spatiale et de la préservation environnementale. Il écoute aussi, quand les élèves lui parlent des constellations qui ont guidé les navigateurs polynésiens ou des fruits et mets du pays, qui, pourquoi pas, il pourrait amener avec lui lors d’une prochaine mission. Et essaie, même, quand les enfants tiennent, avant son départ à lui présenter la course de porteur de fruit et les relais d’échasse en bambou.
Avant de partir animer une conférence publique au Grand théâtre – la salle de 800 places s’est remplie en quelques minutes après l’ouverture des réservation, Thomas Pesquet remercie ses jeunes hôtes : « bravo, on voit que vous avez bien travaillé le sujet ». Pour la directrice de l’école primaire, Hereana Le Mouchon, la rencontre a tenu toutes ses promesses. « Ils s’en souviendront », pointe-t-elle, précisant que cette visite pourrait motiver de nombreux autres projets pédagogiques à l’avenir. Et peut-être faire naitre quelques vocations.
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