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Grâce aux technologies vertes les plus avant-gardistes, l’hôtel du futur naît actuellement à Tetiaroa, un atoll de Polynésie. Ouverture annoncée le 1er juillet. En exclusivité,  Le Figaro  l’a visité.
L e pari est fou. Construire un hôtel 100 % vert sur l’atoll de Tetiaroa, là où vécut Marlon Brando entre 1970 et 1990. Ce confetti de 13 îlots (prononcer «motu») et de 6,5 km2 flotte 53 km au nord de Tahiti. L’acteur rêvait d’y créer un monde idéal, son An 01 à lui. En 1962, le héros des Révoltés du Bounty épouse Tarita, sa partenaire tahitienne à l’écran, et s’entiche de ces arpents de sable coiffés de cocotiers, baignés d’un Pacifique au bleu intense. 200.000 dollars plus tard, il en devient le souverain.
Dès lors, il ressasse son utopie: «Établir à Tetiaroa une communauté autosuffisante où se trouveraient associés la ­recherche, l’agriculture, l’aquaculture et le tourisme au sein d’un environnement préservé pour le bénéfice de tous.» Ce sera désormais sa feuille de route polynésienne.
Brando meurt en 2004, chantre d’un éden homme-nature qu’il éclaire aux reflets du lagon émeraude, au bruissement des ramures de cocotiers, aux gerbes d’écume qui dansent sur la ­barrière de corail, à l’éclat d’un ciel dont l’infini alimente ses rêves.
Le numéro un de l’hôtellerie locale, le groupe Pacific Beachcomber (un établissement à Tahiti, un autre à Moorea, deux à Bora Bora, deux bateaux de croisière dont le Paul Gauguin…) emmené par Dick Bailey, autre Californien tombé sous le charme de la Polynésie il y a une trentaine d’années, a décidé de matérialiser le rêve Brando. «Durant ses dernières années, Marlon et moi avons beaucoup échangé sur le projet qu’il souhaitait installer à Tetiaroa. Il avait la vision, une folie propre aux génies, il lui manquait notre savoir-faire hôtelier, nous étions en phase», raconte Dick Bailey. Suivirent des années de négociations avec les huit héritiers du clan Brando, des explications souvent houleuses face au pouvoir politique et aux écologistes tahitiens, des études de faisabilité, la recherche du financement à hauteur de 120 millions d’euros…
Le 1er juillet 2014, dix années jour pour jour après la disparition de Marlon, l’hôtel The Brando sera inauguré, c½ur battant du monde dont il se voulait l’inspirateur.
La grande bataille du projet est celle de l’énergie. Trois solutions ont été retenues pour alimenter les 35 villas servies par 150 membres du personnel. D’abord, le SWAC (Sea Water Air Conditioning), une idée de Brando. Cette technologie fait ses preuves depuis huit ans à l’Intercontinental de Bora Bora. Elle consiste à puiser l’eau du large à grande profondeur (935 m), où sa température de 5 °C assure la climatisation de l’hôtel et alimente un spa unique dans le Pacifique. Impact écologique quasi nul et 90 % des besoins en froid assurés pour trois fois rien. L’autre énergie vient du ciel polynésien, généreux au rayon grand bleu. La piste d’atterrissage de Tetiaroa, 775 m de longueur, est bordée par 2400 panneaux solaires. C’est suffisant pour éclairer tout le domaine. Enfin, une unité de transformation de l’huile de coprah (extraite de la noix de coco) en électricité est là par prudence: elle se déclenchera en cas de défaillance des précédentes alimentations.
Ces différentes énergies permettent de traiter l’eau. Outre la récupération des pluies, la maison mise sur une unité de dessalement de l’eau de mer (100 m3 par jour, largement au-delà des besoins de l’hôtel) ainsi que sur une petite nappe phréatique puisée avec toute la modération possible.
Par nécessité, le plan de consommation respecte une discipline quasi militaire: les salles de bains sont alimentées par la désalinisation, les locaux techniques (buanderie, toilettes, etc.) puisent dans la nappe phréatique, l’arrosage du potager et des massifs fleuris est assuré par les eaux usagées retraitées. Un astucieux système de plantation hors-sol achève le traitement des eaux devenues compost. Ses fleurs égayeront bientôt les parties communes. Enfin, le potager fournira tomates, avocats, salades, citrons et autres aux cuisines de la maison. «Tout cela, avec des technologies françaises d’avant-garde!», souligne Dick Bailey.
Les villas du domaine n’échappent pas au diktat vert. The Brando veut être le premier hôtel à décrocher l’écolabel Leed Platinum, une norme anglo-saxonne exigeant des matériaux locaux, des déchets recyclés, une énergie à l’efficacité testée et totalement renouvelable. Le verdict tombera d’ici à trois mois.
Au moins les résidents n’écorneront-ils pas le bilan carbone du royaume puisque deux bicyclettes seront à la porte de chaque habitation. Quant aux ­employés, ils circuleront en voiturette électrique. Même le système de communication se fond dans la nature puisqu’il est installé sur un cocotier artificiel bardé d’antennes et de soucoupes qui offriront liaisons Internet et télés du monde entier. Robinson d’accord, mais relié quand même au grand show planétaire. Heureusement, les terrasses des villas dominent la plage des Sirènes tapissée de sable de corail blanc et rosé, ombragée par les filaos. Plus loin, vue grand écran sur le lagon étale, les autres motu de Tetiaroa et la ligne d’horizon, fil tendu entre bleu du ciel et bleu de l’océan. Les urgences du monde attendront bien un peu.
Dernier volet du «testament Brando», l’invitation faite au monde scientifique à venir étudier la nature de l’atoll, afin de la protéger et d’en partager les leçons. A donc été créée la Tetiaroa Society, une entité scientifique avec labo équipé, capable d’accueillir 12 chercheurs. Au programme: une bonne centaine d’essences endémiques, ainsi que frégates, nodis, sternes blanches, raies et requins, cétacés (les baleines à bosse passent entre juillet et fin novembre), corail ou tortues vertes. Ces dernières sont déjà l’objet de savantes observations menées par le docteur Cécile Gaspar, spécialiste passionnée par leur migration de 4 500 km qui les conduit jusqu’aux Fidji avant qu’elles reviennent à Tetiaroa pour la ponte (octobre à mars). Cécile proposera aux hôtes du Brando d’accompagner les chercheurs pour partager leurs découvertes. Elle fera aussi venir des enfants des écoles de Tahiti pour les sensibiliser à la fragilité des atolls, à leur richesse aussi.
Promis, l’héritage Brando ne sera pas galvaudé. Reste à savoir comment le fonctionnement d’un 5-étoiles (majordome pour chaque villa, spa et thalasso haut de gamme, cuisine confiée au chef étoilé français Guy Martin, cave précieuse) et les exigences de clients souvent plus soucieux d’or que de vert composeront avec le projet initial, sans l’altérer. La villa de base, 96 m2 avec piscine, capable d’abriter deux adultes, éventuellement deux enfants, coûte 3 500 ¤ la nuit. Pour les plus vastes, trois chambres, ce sera 11 500 ¤. Avec obligation d’en réserver trois au minimum. Ajouter l’acheminement aérien depuis Tahiti. À ce tarif, fût-il tout inclus, jusqu’à inventer la formule «all exclusive», la prestation devra être exemplaire. Offrir le premier hôtel quasiment vert de la planète et adhérer à la flamme de Marlon Brando, lieutenant Fletcher. Il avait souhaité qu’une partie de ses cendres soient dispersées au large de Tetiaroa. Manière d’approcher l’éternelle quiétude: «Mon esprit s’apaise toujours quand je m’imagine la nuit, assis sur mon île du Pacifique.»
CARNET DE ROUTE
Yaller
Vols quotidiens entre Paris et Tahiti assurés par Air Tahiti Nui. Le vol, escale de 2 heuresà Los Angeles comprise, dure 22 heures. L’accord avec TGV Air permet de partirdepuis 19 villes de province avec un seul billet.Et l’équipement des surfeurs, plongeurs et golfeursest embarqué gratuitement. À partir de 1 686 ¤ en classe économique et 4 593 ¤ en affaires. Tél.: 0 825 02 42 02et www.airtahitinui.com
Formalités
Passeport en cours de validité. L’escale à Los Angeles oblige à remplir un formulaire Esta (https://esta.cbp.dhs.gov).
Heure
À midi en France, il est 1 heurela veille à Tahiti en hiver et minuit la veille en été.
Argent
Le franc pacifique. Un euro s’échange actuellement contre 120 CFP.
Se loger
Hôtel The Brando (www.thebrando.com).
Se renseigner www.tahiti-tourisme.fr

SERVICE:

» Aller plus loin avec : “Tahiti” sur Vodeo.tv

Haley-Bop Farinet
le 08/07/2014 à 21:03
La communication a intérêt à être impeccable et hélas, le site ne fonctionne pas ! La balle dans le pied… La clientèle d’un tel établissement est trop réduite. Il ne s’agit même pas d’une clientèle aisée mais richissime. Pour un hôtel situé à Tahiti, c’est beaucoup trop cher. Ca réduit les prospects. Ils vont devoir adapter leur affaire s’ils veulent remplir. On parie ?
antoine Aquiert de Dromard
le 25/02/2014 à 23:06
C’est bien de faire un hotel auto-suffidant en énergie… mais qu’on vienne pas raconter que c’est écolo de faire venir des touristes de l’autre bout du monde pour une semaine de vacance.
figminou
le 20/02/2014 à 01:14
Confetti écolo pour le microcosme écolo-bobo qui va s’y presser, c’est du sur-mesure. Ils iront sûrement en Velov’.
DÉCRYPTAGE – L’explosion du prix de l’électricité fait flamber les coûts de fonctionnement des remontées mécaniques. Inquiets, les professionnels de la montagne explorent les pistes pour limiter les répercussions sur les skieurs.
À la haute saison, ce sont parfois des dizaines de navires qui se succèdent au même endroit ou qui pénètrent dans les espaces de baignade, menaçant la biodiversité fragile du parc national.
Entre esprit Belle Époque et cité corsaire, les deux villes de la Côte d’Émeraude se font face et se complètent. Notre sélection de bonnes adresses dans le nord-est de la Bretagne, pour un séjour qui ne saurait se passer d’une balade à bord de la navette maritime reliant l’une à l’autre.
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Marlon Brando en rêvait, Tahiti le fait
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