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DÉCRYPTAGE – Héritières du mythe de l’Orient-Express, les croisières ferroviaires continuent de faire le plein. En attendant l’arrivée de nouveaux acteurs, obtenir une place à bord de l’un de ces palaces sur rails demande toujours plus de patience.
Orient-Express, Royal Scotsman, Transsibérien… La simple évocation de ces noms suffit à nous transporter dans l’imaginaire des grands voyages ferroviaires. Celui du temps long, des locomotives à vapeur, du service raffiné et des wagons-lits à la décoration embellie de boiseries, dorures et tissus précieux. À l’échelle d’une région, d’un pays ou d’un continent, le temps d’une nuit, de quelques jours voire d’une semaine, plusieurs dizaines de trains d’exception à travers le monde perpétuent cette mythologie du chemin de fer, à l’image du Rovos Rail en Afrique du Sud, de l’Eastern & Oriental Express entre la Thaïlande et Singapour ou du Venice Simplon-Orient-Express entre Paris et Venise.
Si les préoccupations environnementales incitent de plus en plus de personnes à privilégier le train à l’avion, « l’écologie n’est pas la préoccupation première des clients qui réservent une croisière ferroviaire, estime Laure Jacquet, directrice de Discovery Trains, spécialiste français des voyages ferroviaires. Néanmoins, la tendance du slow travel pourrait séduire de nouveaux voyageurs en quête d’un tourisme plus contemplatif. » Pour la clientèle, principalement des retraités, une telle échappée ferroviaire est l’occasion de « vivre une expérience unique, hors du temps, qui ne doit ressembler à aucun autre voyage ».
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Pour emprunter ces trains légendaires, il faut y mettre le prix. Pour une nuit dans le Venice Simplon-Orient-Express ou une semaine de croisière à bord du Al Ándalus (en Andalousie, en Espagne), il faut compter au minimum 5000 € par personne. Des tarifs qui évoluent selon le confort de la cabine ou le nombre d’étapes. « Gardons en tête que le train de luxe est un marché ultraconfidentiel, à l’inverse de la croisière maritime et fluviale qui propose une plus grande diversité en matière de prix, de confort et d’itinéraires », expose Lionel Rabiet, directeur de Voyages d’exception (anciennement Croisières d’exception).
Les places sont donc chères, dans les deux sens du terme. Les trains de prestige n’accueillant qu’une cinquantaine de passagers avec seulement quelques départs par mois, ils affichent rapidement complet et obligent à anticiper avec au moins un an d’avance. Et les billets disponibles sont encore plus rares après deux ans de pandémie. Les deux agences observent en effet un phénomène de report massif des séjours qui n’ont pas pu avoir lieu en 2020 et en 2021. « L’envie de voyager est plus forte que jamais, et avec les économies réalisées pendant la pandémie, certains voyageurs n’hésiteront pas à se rattraper en s’offrant un séjour en train de luxe », affirme Lionel Rabiet. « Si vous prévoyez une croisière ferroviaire en 2023, peu importe la destination, c’est le moment de réserver », recommande Laure Jacquet.
Parmi les itinéraires traditionnellement les plus demandés en Europe, le Transsibérien a connu un taux de réservation « exceptionnel » en 2021 pour l’année 2022, selon Discovery Train, qui englobe désormais le spécialiste de la Russie Tsar Voyages. Mais le contexte géopolitique en Russie rend ce circuit impraticable… L’Orient Silk Road Express, un train empruntant la Route de la soie en Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan…), fait figure d’alternative au Transsibérien, avec une longueur et une durée de trajet équivalentes. Un circuit que Voyages d’exception vient d’ajouter à son catalogue («La légendaire Route de la Soie», départ en octobre 2022).
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Malgré l’arrivée attendue de nouveaux acteurs, « l’offre reste et restera toujours en deçà de la demande », prévient Lionel Rabiet. En 2023, le Puy du Fou compte lancer « Le Grand Tour » , un itinéraire de six jours et de 4000 km «à la découverte des splendeurs françaises», avec spectacles à bord. Prix du billet : 4900 € par personne. Toujours en 2023, le groupe hôtelier Accor, en partenariat avec la compagnie nationale italienne Trenitalia, veut ressusciter le mythe de l’Orient-Express en lançant le Dolce Vita sur les rails italiens (prix non communiqués). « Un concept innovant dans la mesure où il rompt avec la thématique des années 1920, répandue dans la plupart des trains de luxe, au profit de l’art de vivre à l’italienne des années 1960 », souligne Laure Jacquet.
De son côté, Midnight Trains ambitionne de faire circuler ses « hôtels sur rail » à partir de 2024 vers une dizaine de destinations au départ de Paris. Si la jeune compagnie française se pose avant tout en concurrent de l’avion plutôt que comme un opérateur de trains de luxe, elle en reprendra les codes avec l’aménagement d’une voiture-restaurant, d’un bar à cocktails et de cabines privatives avec différentes catégories de confort. Les liaisons Paris-Venise et Paris-Barcelone sont prévues pour 2024, avant que le réseau s’étende à d’autres destinations européennes comme Édimbourg, Rome et Copenhague.
À défaut de trouver une place ou d’avoir un budget suffisant, les voyageurs disposent d’alternatives aux trains d’exception. « Les itinéraires mythiques peuvent toujours être empruntés avec les trains commerciaux réguliers des compagnies nationales », rappelle Laure Jacquet. Par exemple, celui de l’Orient-Express, entre Paris et Istanbul, peut être réalisé en deux ou trois jours en empruntant le nouveau train de nuit Paris-Vienne, puis en poursuivant par exemple vers Budapest et Bucarest. Moins coûteux et moins confortable, sans doute. Mais tout aussi poétique.
olivier champagne
le
On vend toujours des billets pour le transsibérien ?
olivier champagne
le
Ca ressemble tellement au tgv…
Heretique
le
Je m’inquiète moins de la musique et de la restauration à bord que de pouvoir là fumer et jouir d’un bon café.
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Trains d’exception, un luxe qui fait toujours autant rêver
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