Actualités
Retour
Actualités
Les artistes et professionnels des Outre-mer font avancer la cause du développement culturel.
Les artistes ultramarins ne manquent pas de dynamisme, bien au contraire. Ils sont même, à certains égards, à la pointe de l’innovation en matière de développement culturel. Aguerris par les difficultés de l’éloignement, de l’insularité ou de l’enclavement, et soutenus dans la durée par le ministère de la Culture, ils développent des stratégies et lancent des initiatives passionnantes.
Qu’il s’agisse d’inventer un réseau de partage de compétences aux dimensions – quasi-continentales – du bassin Amazonie-Caraïbes, de cultiver les ressources créatrices de La Réunion en y soignant l’émergence de nouveaux artistes, ou de monter des laboratoires de recherches artistiques complètement ouverts sur la jeunesse de Mayotte, on peut compter sur eux pour concevoir et entreprendre de nouvelles expériences qui gagnent à être connues et partagées ! Focus sur trois initiatives remarquables.
Aux Caraïbes, la danse est un art populaire, traditionnel et sensible aux formes nouvelles. Quant au cirque contemporain, il est, lui aussi, délibérément populaire et artistique. Il a tout ce qu’il faut pour dialoguer avec la danse et se développer à ses côtés pour renforcer une vie culturelle prometteuse, ancrée dans les territoires, ouverte au tourisme, et capable de rayonner sur l’espace multilingue des Caraïbes comme à l’international.
Toutefois, l’insularité et l’immensité du bassin Caraïbes-Amazonie fragmentent le territoire en micromarchés culturels, et limitent les échanges entre les équipes artistiques. Jusqu’ici, la transmission, la production, la diffusion s’en sont trouvées affectées. Les jeunes artistes peinent parfois à trouver les formations dont ils ont besoin. Les métiers culturels peinent à se développer. Pour remédier à ces difficultés, le projet « Passeport Caraïbes Amazonie Danses et Cirque » (PACAM) crée les « liens de complémentarité » indispensables entre les institutions déjà présentes sur cette immense région, afin de vitaliser un réseau et des circulations de personnes, de compétences et d’idées qui ne demandent qu’à s’activer.
Tout le monde désire travailler ensemble. Qu’on en juge : depuis la Guadeloupe, la compagnie de danse et de cirque Métis’Gwa, coordinatrice du projet, apporte son expertise pour la formation en administration et gestion culturelle ; depuis la Guyane et depuis la Martinique, respectivement, le Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) Touka Danses et l’Association pour la promotion des arts du cirque Lezard ti show (LTS), apportent la leur dans le domaine de la formation en danse et en cirque, et du développement des actions danse et cirque ; depuis Bagneux au sud de Paris, c’est le Centre des Arts du Cirque et des Cultures Emergentes, le Plus Petit Cirque du Monde (PPCM) qui, quant à lui, apporte son expertise en formation et développement dans le domaine des arts du cirque mais aussi de l’entreprenariat culturel, ainsi que son action dans la promotion des créations caribéennes dans l’Hexagone et en Europe ; depuis Sainte-Lucie, mieux encore, l’Alliance française se met au service de cet ensemble pour développer liens et synergies avec les îles anglophones des Caraïbes ; enfin l’université de la Jamaïque (School of Drama, Edna Manley College of the Visual and Performing Arts) complète le tableau avec son offre de formations artistiques diplômantes.
En ligne de mire : l’émergence possible d’un pôle des arts du cirque aux Antilles, largement ouvert sur les Caraïbes et l’Amazonie, capable de structurer et pérenniser l’ensemble de ce réseau étonnant.
Cirquons Flex est une compagnie résolument contemporaine, urbaine, ouverte sur le monde, et puissamment traversée des pratiques ancestrales réunionnaises. Un cirque étonnant, qui se dit « endémique de La Réunion », et qui délivre ses spectacles dans l’immense région planétaire (l’Océan indien et au-delà) qui entoure son territoire insulaire : l’Inde, l’Afrique, Madagascar, mais aussi la Chine, et bien sûr, un peu plus loin vers le nord, la France hexagonale. Quinze années de péripéties réunionnaises et internationales pendant lesquelles les artistes ont aussi accueilli les cultures voisines, berceaux d’une partie de la population métissée de l’île.
Forts de leur toute jeune expérience, Virginie Le Flaouter et Vincent Maillot n’oublient pas les difficultés de leurs débuts. Ils s’intéressent à la génération qui les suit, dont ils cherchent à accompagner l’émergence. « Ces quinze dernières années, le cirque s’est beaucoup développé à La Réunion, explique Virginie au journal La Terrasse. En témoigne la création du premier collectif de circassiens professionnels de l’île, « Ansamb Avèk ! ». Avec ce collectif de sept jeunes circassiens, nous montons le projet Radio Maniok : l’évocation d’un épisode passé de La Réunion, dont le confinement a fait ressurgir le souvenir : la période 1940-45 pendant laquelle l’île a été complètement coupée du monde. Grâce au langage du cirque, mais aussi du théâtre, de la danse et de la musique, nous aborderons ces années à travers une série de tableaux inspirés des Affamés de Saint-Denis de Victor P. de La Rhodière. »
Le Royaume des Fleurs est le fruit de la rencontre entre deux passionnés : Marie Sawiat Ali Saïd, originaire de Mayotte, qui en est aujourd’hui la présidente, et le danseur et chorégraphe Djodjo Kazadi, originaire de Kinshasa. Cette rencontre, a expliqué la première lors d’une résidence du second à Viadanse, Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté, leur partenaire, « nous a conduit à créer notre compagnie Kazyadance et à rêver Le Royaume des Fleurs lors de longues balades à la Nuit Blanche, à Paris. Un magnifique projet qui matérialise le travail de recherche et de réflexion que nous avons engagé depuis 2005 pour les artistes et la jeunesse de Mayotte. »
Le Royaume des Fleurs propose des ateliers tous niveaux de danse et d’expressions artistiques aux enfants, ados et adultes. C’est aussi un espace d’accueil en résidences d’artistes professionnels, tout au long de l’année, qui participent à des laboratoires artistiques de danse, théâtre, arts plastiques et visuels. À l’issue de chaque laboratoire, le Royaume des Fleurs ouvre ses portes au public pour assister aux restitutions de ces ateliers de recherche. Il offre enfin, chaque année au mois de juin, un événement remarquable : le festival Les Trépidanses au Royaume des Fleurs, un rendez-vous d’échanges, de partage et de rencontres artistiques et chorégraphiques.
« Je souhaite, précise Marie Sawiat Ali Saïd, que Le Royaume des Fleurs soit un lieu de découverte de la jeunesse, le lieu des expressions artistiques de la région et du monde. Un lieu de dialogue et de confrontation de nos histoires, de nos talents, pour changer le regard sur notre jeunesse, ô combien talentueuse. Un lieu, enfin, qui fonctionne comme une passerelle, qui porte des créations, et qui, bien qu’appartenant à la famille de la danse contemporaine, puise dans tous les registres et dans toutes les palettes de mouvements artistiques. »