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Star d’Instagram pour sa médina chaulée de toutes les nuances de bleu, Chefchaouen mérite davantage qu’un simple arrêt sur image. À deux heures de route de Tanger, cette jolie cité enchâssée dans les montagnes du Rif à 600 mètres d’altitude, invite à une pause hors du temps, mixant culture et nature.
Cité sainte longtemps interdite aux étrangers, ville rebelle depuis toujours comme en témoigne sa belle kasbah édifiée pour défendre le nord contre les invasions portugaises, Chefchaouen (souvent appelée Chaouen, son ancien nom) aimante les envies d’un Maroc hors des sentiers battus. Promesse tenue ! Au-delà de son décor de carte postale vu et revu – les indigos de sa médina, l’une des plus ravissantes du pays, ont fait le tour du monde sur les réseaux sociaux —, la belle bleue est une jolie étape pour percer les secrets d’une région profondément authentique, encore pétrie de traditions agricoles, culinaires ou vestimentaires.
Et pour s’immerger dans une nature à grand spectacle : aux portes de la cité, le parc national de Talassemtane, classé réserve de Biosphère Transcontinentale de la Méditerranée, est un vivier de randonnées entre vallées piquetées de hameaux immaculés, forêts de sapins et gorges vertigineuses.
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Indigo, lavande, turquoise, cobalt ou encore azur…L’inépuisable nuancier de ses ruelles a beau avoir fait le tour du monde sur les réseaux sociaux, plonger dans le grand bain de bleu de la médina de Chefchaouen reste un bonheur de tous les instants à condition de bouder les artères les plus instagrammées ! Entre placettes paisibles et ruelles en escalier incrustées de pots de fleurs, l’œil s’exerce à repérer les variations de bleus mais aussi les détails du décor, portes cloutées en ogive, fenêtres grillagées, toits de tuiles rondes et ocre…
La filiation andalouse est une évidence : comme Tétouan, sa voisine du Nord, Chefchaouen s’est développée au XVe siècle avec l’arrivée des musulmans et juifs d’Andalousie fuyant l’Inquisition. Quant aux origines du bleu, elles restent un mystère… Repoussoir pour les moustiques ou symbole du lien à Dieu dans le judaïsme ? L’azur évoque aussi l’eau, omniprésente. En grimpant jusqu’à la porte Bab El-Ansar, on parvient à la source de l’oued Ras El Ma qui alimente la ville. Un sentier longe ses berges ponctuées de vieux moulins où les femmes battent le linge, on suit le fil bleu !
Pour s’offrir un beau panorama sur la médina au coucher au soleil, une bonne option est de grimper jusqu’à l’ancienne mosquée espagnole mais le point de vue est souvent très fréquenté. On peut aussi se contenter d’une halte dans les cafés et restaurants avec terrasse afin de contempler la ville bleue depuis les toits.
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À force de regarder les deux pics Kelaa et Meggou qui lui ont donné son nom (Chefchaouen signifie « regarde les cornes ») on se sent vite des envies de battre la montagne. Rien de plus simple, le parc national de Talassemtane (près de 59.000 hectares appartenant à la Réserve de Biosphère Transcontinentale de la Méditerranée) est aux portes de la ville. Pour s’immerger dans cet océan de verts, mieux vaut poursuivre au-delà des itinéraires très fréquentés comme le circuit vers la cascade d’Akchour et l’arche naturelle du Pont de Dieu, pour s’enfoncer dans les profondeurs de la montagne rifaine.
À quelques heures de marche, des paysages grandioses s’offrent aux randonneurs épris de nature, falaises à pic, gorges et montagnes calcaires émaillées de verdoyantes vallées où se blottissent des hameaux. Un véritable paradis en matière de biodiversité : le parc abrite 100 espèces d’oiseaux parmi lesquelles l’aigle royal et le gypaète barbu, et 700 espèces de plantes dont de nombreuses variétés endémiques, comme le cèdre de l’Atlas et surtout l’Abies pinsapo Marocana, le sapin du Maroc que l’on ne trouve nulle part ailleurs. De quoi prendre un bon bain de forêt !
Pour randonner en toute sécurité, mieux vaut être accompagné d’un guide de montagne. Passionné d’écotourisme, et guide professionnel, Abdeslam Mouden organise des randonnées à la demi-journée (30 €), à la journée (50 €) ou plus (50 €/jour + 30 € pour une nuit en gîte en demi-pension). Une véritable immersion dans les paysages et la vie quotidienne des paysans du Rif. Tél. : + 212 (0)6 61 46 39 05
La région est traditionnellement une zone de culture du cannabis (le « kif »), en principe interdite jusqu’à présent. Une loi de 2021 autorise désormais son usage « médical, cosmétique et industriel » et une Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac) est entrée en fonction en juin dernier.
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À Chefchaouen c’est le moment de se mettre à la diète ! Depuis 2010, la cité du Rif est reconnue comme Communauté Emblématique de la Diète Méditerranéenne par l’Unesco, pour la préservation de savoir-faire séculaires autour de l’agriculture et l’art du partage inscrit dans sa culture culinaire. À la clef, la mise en valeur de produits du terroir healthy : huile d’olive le plus souvent pressée selon des méthodes traditionnelles, jben, savoureux fromage de chèvre frais, figues séchées, samet (gelée de raisin) ou encore miel d’arbousier ou de caroubier fleurant bon les parfums de la montagne. On ne boude donc pas son plaisir pour goûter les spécialités de la région. Parmi elles, la bissara, une purée de fèves fraîches assaisonnée d’huile, d’ail et de cumin, dont les Chaounis se vantent de concocter la version la plus savoureuse du Maroc. Au petit déjeuner, elle donne des ailes pour arpenter la médina ou partir à l’assaut des sentiers de la montagne !
Cadre bucolique et délices de la ferme à l’auberge Dardara, à 10 mn de la ville. Au menu, une cuisine « du potager à la table », bissara, salade au fromage de chèvre (5 €), tajine de lapin aux coings ou de chevreau aux figues (9 €).
Auberge Dardara, aubergedardara.ma, tél. : 212(0)661150503.
Dans la médina, à deux pas de la place Uta El-Hammam, on déguste des petits plats sans chichis sur la terrasse perchée d’Hamsa : bissara (3,5 euros) servie avec du pain et du fromage local, rghaïf (crêpes traditionnelles) aux oignons ou tajines (9 euros). 32 Place Uta El Hammam Square Tél. : + 212 6 80 77 13 03hamsachaouen.wixsite.com/
Au Café Clock, on apprend en prime à concocter un repas marocain (60 € incluant une balade au souk), mais aussi les pains et pâtisseries traditionnelles (40 euros, avec visite du four communautaire). Café Clock 3 derb Tijani Hay Souk. Tél. : +212 (0)5 39 98 87 88. cafeclock.com/about-1
Tout un chacun connaît la fouta, cette serviette légère et douce qui garnit tout bon panier de plage. Mais saviez-vous qu’à l’origine, il s’agit d’une sorte de tablier porté par-dessus leur jupe par les femmes jbala ? On croise toujours des paysannes vêtues de ces jolies pièces à rayures, notamment au souk du lundi et du jeudi, quand elles viennent y vendre leurs produits. L’art du tissage qui a fait la réputation de la ville (ses djellabahs étaient très prisées dans tout le Maroc) est toujours bien vivant. En attendant la réouverture annoncée prochainement de l’Ensemble artisanal en cours de rénovation, il faut pousser la porte des ateliers de tissage de la médina où s’élaborent sobres foutas, douces couvertures de laine, ou nappes colorées pour habiller ses intérieurs à prix doux. L’un d’eux, soutenu, par l’Organisation alaouite de promotion des aveugles au Maroc (OAPAM) est animé par des tisserands non-voyants, dont les créations multicolores réchauffent le bleu chaouni.
L’Ensemble artisanal lorsqu’il aura rouvert ses portes est une bonne adresse pour regarder les artisans travailler et faire ses emplettes à prix raisonnables. Pour le tissage, voir également l’atelier de Mustapha Fahsi, dans le quartier Rif Andalous, près de la mosquée (+ 212 (0)6 63 88 17 89) et l’atelier de l’organisation OAPAM, rue Targui.
Ses 13 tours ocres dentelées de créneaux en disent plus long qu’un livre d’histoire. Fondée en 1471 pour protéger le nord des invasions portugaises, la kasbah de Chefchaouen incarne l’esprit frondeur du Rif, région rebelle depuis toujours, comme en témoigne sa petite prison, souvenir de la guerre contre l’occupant espagnol au début du XXe siècle. Plus paisible, son beau jardin planté d’orangers, de palmiers et de bananiers, évoque le métissage arabo-andalou qui irrigue depuis toujours la culture marocaine.
Du haut de la grande tour édifiée par les captifs portugais, la ville dévoile ses incroyables dégradés de bleu sur fond de montagnes vertes, un tableau longtemps conservé à l’abri des regards : jusqu’en 1920, la ville était interdite aux chrétiens et l’explorateur et missionnaire Charles de Foucauld avait dû se déguiser en rabbin en 1883, pour contempler le temps d’une rapide excursion depuis Tétouan, « son vieux donjon à tournure féodale, ses maisons couvertes de tuiles et ses ruisseaux qui serpentent de toutes parts ».
La région se singularise par la hadra chefchaounia, un courant musical soufi interprété exclusivement par des femmes. Le groupe Rhoum El Bakkali dépositaire de la tradition se produit dans de nombreux festivals, au Maroc notamment au Festival de musiques sacrées de Fès, et parfois au festival de musique Alegria à Chefchaouen, mais aussi à l’étranger.
S’offrir une parenthèse culturelle avec les cours du café Clock, calligraphie (40 € le cours de 2 heures), oud (luth, 35 €) ou initiation à la culture locale (25 €). Café Clock, 3 derb Tijani Hay Souk. Tél. : +212 (0)5 39 98 87 88.
COMMENT Y ALLER
À 123 km (environ 2 h 30 de route) de l’aéroport de Tanger. Transavia opère jusqu’à 4 vols par semaine (les lundis, jeudis, vendredis et dimanches) entre Paris-Orly et Tanger, à partir de 112 € TTC l’aller-retour.
QUAND Y ALLER
Du printemps à l’automne, en évitant le plus fort de l’été pour la randonnée.
OÙ DORMIR ?
Riad Dar Meziana
Accueil soigné et beau panorama depuis la terrasse dans cette demeure authentique de la médina au style arabo-andalou (7 chambres). À partir de 68 euros la chambre double avec petit-déjeuner. Repas de spécialités sur demande. riadmeziana.com/ 7 avenue Zagdoun Bab Souk. Chefchaouen. Tél. : + 212 (0)5 39 98 78 06
Riad Nila
Une maison traditionnelle nichée dans la médina à la déco cosy et épurée. Six chambres et une suite avec belle vue sur la ville. Petit-déjeuner copieux et table d’hôtes sur réservation. À partir de 65 euros la chambre double avec petit-déjeuner, 70 euros la suite. riadnila.com Rue El Haj El Mokhtar Quartier Andalous. Chefchaouen. Tél. : +212 (0)662134431
Dar Echchaouen
Maison d’hôtes à la déco soignée avec 24 chambres et suites (avec cheminée), toutes avec balcon ou terrasse, grande piscine, un plus à Chefchaouen, et de superbes panoramas depuis la terrasse commune. À partir de 90 euros la chambre double avec petit-déjeuner. Route Ras El Ma. Tél +212 (0)6 48 46 69 35. dar-echchaouen.business.site/
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Au Maroc, cinq raisons d’explorer Chefchaouen, l’étoile bleue du Nord
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