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A l’été 1911, l’Europe a connu une intense de chaleur qui a fait monter les températures à plus de 30°C pendant une quinzaine de jours consécutifs. Considérée comme l’une des plus meurtrières de l’Histoire, cette canicule a fait 40.000 morts, principalement des enfants en bas âge.
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15 départements en vigilance rouge, 51 en vigilance orange avec une barre des 40 degrés Celsius qui sera “souvent atteinte ou dépassés“, prévient Météo-France sur son site internet. La France va connaître aujourd’hui ce qui pourrait être la journée la plus chaude de son histoire marquée par des records de chaleur.
Canicule : vers une “apocalypse” de chaleur en France et des records de température en Grande-Bretagne
Selon les prévisions météorologiques, l’ouest de l’Hexagone va être particulièrement touché avec des températures allant jusqu’à 45°C sur certains départements. Des pics qui vont largement dépasser les records établis par les précédentes vagues de chaleur intenses de 2019 et de 2003 qui avaient déjà eu de graves conséquences.
15.000, c’est le nombre de décès supplémentaires qu’a provoqué en France la canicule de 2003, d’après un rapport de l’Inserm publié l’année suivante. Si d’autres épisodes caniculaires avaient eu lieu au cours des décennies précédentes, c’est près de cent ans auparavant que s’est produit l’un des plus meurtriers.
A l’été 1911, l’Europe a connu une intense vague de chaleur qui s’est étalée sur 70 jours, du 5 juillet au 13 septembre, ne s’interrompant que pour de courtes accalmies. C’est aux Etats-Unis que le mercure a commencé à grimper dès le début du mois de juillet, frappant durement les habitants de la côte est, notamment de la ville de New York.
Peu après, la canicule traversait l’Atlantique et gagnait le Vieux continent. Température “torride“, “à peine supportable“, “chaleur excessive“, les journaux se sont rapidement fait écho de cet épisode inhabituel. “Nous souffrons, depuis trois jours, de chaleurs vraiment exceptionnelles à Paris“, écrit ainsi le journal La Croix le 9 juillet 1911.
Climat : à partir de quand parle-t-on de canicule ?
La température est en hausse continue depuis le 5 de ce mois […] Ce matin à 9h, le thermomètre atteignait 27,6°C“, poursuit l’article. Mais la vague de chaleur ne fait alors que commencer. La hausse du mercure touche toute la France mais plus intensément le nord du pays. Jusqu’à la mi-juillet, les températures dépassent à plusieurs reprises les 35°C dans la capitale.
A Lyon ou à Toulouse, le thermomètre grimpe jusqu’à 37°C sans descendre sous la barre des 30°C pendant plusieurs jours. Après une légère baisse, une nouvelle vague de hausse marque le mois d’août. Les photos d’époque montrent des promeneurs ou des travailleurs assis sur des bancs ou à même le sol, assommés par la chaleur accablante.
Un groupe d’hommes coiffés d’un chapeau observe un thermomètre dont la colonne monte à 39°C, dans l’édition du 20 août des Annales politiques et littéraires. Alors que le mercure ne baisse toujours pas durablement, certains quotidiens à l’instar du titre Gil Blas s’en prennent même aux météorologues et à leurs prévisions :
Le mois de septembre n’offre pas le soulagement espéré avec un mercure qui se maintient au-dessus de la barre des 30°C. “De mémoire d’homme on n’avait vu un mois de septembre aussi torride. Le thermomètre marque, tous les après-midi, 33 et 31° à l’ombre. Au soleil, il fait plus de 40°”, explique Le Journal de Roanne le 10 septembre.
“Aussi tout grille par la campagne. Les prés, ranimés et reverdis par les pluies d’il y a quinze jours, redeviennent couleur de poussière ; les mais se recroquevillent ; les betteraves cuisent dans terre”, poursuit-il. Ce n’est que trois jours plus tard que les températures commencent enfin à baisser dans la capitale et le reste de l’Hexagone.
13 septembre 1911 : l’épisode caniculaire est terminé mais le bilan est catastrophique. Ces deux mois et demi de températures inhabituellement élevées et de sécheresse intense ont lourdement touché la population. Plus de 40.000 morts sont recensés dont les trois quarts sont des enfants en bas âge. A l’origine des décès : des insolations mais aussi une poussée de diarrhées.
Dès la mi-juillet, le médecin Jacques Bertillon fait état d’une augmentation des cas de diarrhées chez les enfants, souligne Catherine Rollet, historienne et démographe, autrice de La canicule de 1911 : observations démographiques et médicales et réactions politiques publié en 2010 dans la revue Annales de démographie historique.
La corrélation entre la température et la mortalité est étroite : les décès, en particulier ceux liés à la diarrhée, augmentent dès lors que la température affiche plusieurs jours de suite des niveaux élevés“, constate-t-elle, précisant que la mortalité infantile a atteint 366 et 332 pour mille les semaines de plus forte mortalité en juillet et en août.
Selon les recherches de l’historienne, cette poussée serait à attribuer à une pénurie de lait, les vaches laitières ayant été victimes d’une épidémie de fièvre aphteuse, mais aussi à une mauvaise qualité de l’eau et une hygiène insuffisante, la chaleur favorisant la prolifération des micro-organismes.
La catastrophe a ainsi été perçue comme une véritable “crise de la mortalité infantile” alors qu’on tentait à l’époque de réduire les décès des enfants au cours de leurs premières années. Néanmoins, les fortes températures ont aussi affecté les personnes âgées qui constituaient le quart restant des plus de 40.000 décès.
Cette vague de chaleur survenue à l’été 1911 a frappé d’autres pays dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique, s’imposant aussi comme l’une des plus intenses et des plus meurtrières de leur histoire. Si les températures actuelles vont dépasser les records établis cette année-là, la vague de chaleur ne perdurera heureusement pas aussi longtemps.
Cette canicule est cependant la seconde qui frappe la France et l’Europe depuis la mi-juin. Elle a déjà fait des centaines de décès et de blessés en Espagne et au Portugal. Elle a également favorisé le déclenchement et la propagation de plusieurs incendies de forêt dont deux sont toujours en cours en Gironde, après avoir détruit quelque 14.000 hectares.
La première vague survenue à la mi-juin a par ailleurs constitué “la plus précoce jamais enregistrée en France” depuis 1947, a précisé à l’AFP Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France, voyant-là un “marqueur du changement climatique“. Un lien souligné par de nombreux spécialistes et études dont une récemment parue dans la revue Environmental Research: Climate.
Il n’y a aucun doute que le changement climatique modifie les règles du jeu en matière de canicule“, a déclaré à l’AFP l’une des auteurs de ces travaux, Friederike Otto, de l’Imperial College de Londres. “Chaque canicule dans le monde aujourd’hui est plus forte et a plus de probabilité de se produire en raison du changement climatique provoqué par les humains“.
Toutes les canicules sont renforcées par le changement climatique, selon des experts
Pour la canicule qui a frappé la France en juillet 2019 par exemple, les spécialistes de l’attribution (la discipline qui permet de déterminer si tel ou tel phénomène est lié au changement climatique) ont déterminé que l’épisode aurait été “600 fois moins probable sans activités humaines qu’il ne l’a été dans le monde de 2019, celui du monde réel”, selon Aurélien Ribes.
Avec son équipe, ce chercheur au Centre national de recherches météorologiques (CNRM) est également parvenu à démontrer que cet épisode caniculaire avait été 2,1 degrés plus chaud qu’il n’aurait été sans influence humaine.
“Les calottes sont cuites”, c’est le podcast du magazine GEO avec Météo-France pour tout comprendre au changement climatique. Dans ce deuxième épisode, on se penche sur les phénomènes extrêmes et leur lien avec le changement climatique. Sécheresses, pluies diluviennes, cyclones ultraviolents, canicules… Comment évaluer la responsabilité humaine dans ces événements ? On a mené l’enquête. Episode à découvrir ci-dessous et sur toutes les plateformes d’écoute.
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Topical Press Agency/Getty Images
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