La mission de l’équipage était pacifique. Le voyage de la Bounty avait pour objectif de venir chercher des plants de l’arbre à pain pour les transporter vers les colonies britanniques des Indes occidentales. En 1789, Joseph Banks, naturaliste et personnage puissant au sein de l’amirauté de sa majesté le roi George III, avait considéré – après son voyage à Tahiti avec l’expédition de James Cook – que cette nourriture, prisée par les Polynésiens, serait tout à fait appropriée pour nourrir les esclaves des plantations de canne à sucre des Antilles britanniques.
Joseph Banks avait recommandé William Blake, un jeune lieutenant de 33 ans. Banks avait apprécié Bligh lorsqu’ils voyageaient ensemble sous les ordres du Capitaine Cook. Bligh était reconnu pour ses grandes qualités de marins et connu pour son “foutu” caractère. C’est ainsi qu’il devint Capitaine de la Bounty.
À l’aube du 23 décembre 1787, une petite frégate d’à peine 27 mètres de long, quitte le port de Spithead au nord de l’île anglaise de White. Les 46 hommes de la Bounty sont parés pour rejoindre les eaux claires du Pacifique Sud. Mais l’expédition ne se passe pas comme prévu. Une première tempête oblige le navire à faire escale quelques jours à Tenerife pour réparer et ravitailler. Dès le début du voyage, Bligh établit de bonnes relations avec Fletcher Christian avec qui il a déjà navigué sous les ordres de Cook et le nomme rapidement second officier. Le jeune homme vient d’avoir 23 ans.
Les semaines passent et les intempéries se succèdent. Après plusieurs tentatives infructueuses, la Bounty ne parvient pas à doubler le Cap Horn. Les hommes sont épuisés. Bligh se résout alors à traverser l’océan Indien par le cap de Bonne Espérance. Au prix de rationnements drastiques et de tensions au sein de l’équipage, dont l’ambiance ne cesse de se dégrader tout au long du voyage, la Bounty arrive enfin à destination, à Tahiti, et jette l’ancre le 26 octobre 1788, dans la baie de Matavai, au pied de la pointe Vénus, au terme d’un périple de 50.000 km et 10 mois de navigation.
L’accueil des Tahitiens est chaleureux. Cook l’avait déjà noté à l’époque de son passage en Polynésie. Une fois sur place, Bligh réussi, après plusieurs mois de troc avec les Tahitiens, à réunir une cargaison de plus de mille plants d’arbres à pain, appelé “uru” en tahitien.
Pendant les cinq mois d’escale à Tahiti, les marins jouissent d’une faible charge de travail et de la douceur insulaire. Les marins dorment à terre, la plupart d’entre eux fréquentent des vahinés, tandis que Bligh ne se mélange pas à la population locale. Malgré un relâchement sensible de la discipline, Bligh tance régulièrement ses subordonnés.
Mais suite à un violent différent avec une partie de son équipage, une première mutinerie éclate et trois marins s’échappent sur une chaloupe vers Tetiaroa, une petite île non loin de Tahiti. Rattrapés, les mutins sont durement réprimandés et fouettés.
Rouge, la navigation du Bounty vers Tahiti et vers le lieu de la mutinerie, le 28 avril 1789.
Jaune, navigation du Bounty après la mutinerie, sous le commandement de Christian.
Vert, la route suivie par Bligh lors de sa navigation vers Coupang (2 mai-14 juin 1789).
Au bout de six mois, le 5 avril 1789, la Bounty lève enfin l’ancre pour mettre le cap vers les Antilles. Les marins ne sont pas heureux de quitter l’île paradisiaque et leurs vahinés.
Une fois reparti, le lieutenant Fletcher Christian va s’opposer à Bligh. La mutinerie restera légendaire. L’a-t-il réellement fomentée ou bien s’est-il malgré lui retrouvé à la tête des mutins ? C’est ce que nos intervenants essaieront de démêler et d’éclairer.
À l’aube du 28 avril 1789, Bligh et dix-neuf autres marins restés fidèles au capitaine, se retrouvèrent expulsés du navire, sur une chaloupe surchargée, avec cinq jours de ravitaillement, une boussole et un sextant. La poignée d’hommes est promise à une mort certaine au milieu d’un Océan Pacifique immense et hostile, tandis que les autres devinrent à l’issue de la mutinerie, des parias. Ils avaient commis l’irréparable et savaient qu’ils ne pourraient jamais retourner en Grande-Bretagne.
Extraits de films diffusés : Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty) de Frank Lloyd, sorti en 1935, oscar du meilleur film en 1936. Avec dans les rôles principaux, Clark Gable (Lieutenant Fletcher Christian) et Charles Laughton (Capitaine William Bligh) – Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty) de Lewis Milestone, sorti en 1962. Avec dans les rôles principaux, Marlon Brando (Lieutenant Fletcher Christian) et Trevor Howard (Capitaine William Bligh).
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Thomas Arne, Thomas and Sally – Henning Kraggerud, Morning Greenwich – Taaroa John, O Tahiti – Thomas Arne As you like this / the Cuckoo – Thomas Arne ” Artaxerses” – Thomas Arne ” Come away death” – Thomas Arne ” Symphonie n°1 en ut majeur / allegro ” – Edmond Teraiamano, Toru Ahuru ma ho e – Love song, extrait de la BOF du film Les Révoltés du Bounty.
Un documentaire de Stéphanie Thomas, réalisé par Séverine Cassar. Prise de son, Stéphane Foulon et Noé Chabane. Mixage, Éric Boisset. Archives Ina, Mylène Touchais. Coordination, Christine Bernard. Avec la collaboration d’Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.
Les mutins de la Bounty trouvent refuge sur l’île Pitcairn. Extrait de la dramatique “L’île du bonheur perdu” (France Inter, 1974)
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