Aujourd’hui, la mer est calme. Tout juste un peu de mara’amu, un vent du sud-est, qui commence à se lever. Ici au cœur de la presqu’île de Tahiti, au Fenua ‘aihere (véritable refuge de la biodiversité, uniquement accessible en bateau), école rime avec bateau… La route n’existe pas. Alors, pour assurer le ramassage scolaire, la commune a instauré une navette maritime.
Augustin connaît le lagon par cœur. Cet ancien pêcheur a lâché ses filets pour s’occuper de la navette quand les poissons se sont faits plus rares dans le lagon. Il lui arrive de croiser Peva Levy, cet ancien chercheur de l’Ifremer qui vit à deux pas de la vague mythique de Teahupoo. Il habitait déjà la presqu’île du temps où l’électricité n’était pas encore arrivée ! On pêchait encore à la main dans le lagon. Les poissons étaient moins méfiants et surtout plus nombreux. L’arrivée des congélateurs et l’afflux massif des travailleurs du nucléaire ont changé la donne. Aujourd’hui les coquillages et les gros perroquets bleus ont disparu du lagon… et les pêcheurs avec !
Alors, les autorités polynésiennes ont pris une décision radicale, celle de mettre en place un rahui (mot polynésien pour signifier un espace interdit et protégé). Cette pratique traditionnelle polynésienne, qui consiste à limiter le prélèvement de ressources naturelles (plantes, produits de la mer) temporairement et dans des zones limitées, refait surface depuis quelques année à Tahiti et dans certaines îles, Moorea et Fakarava notamment.
A 48 heures de mer de Tahiti, l’atoll de Tikehau et son village de pêcheurs… 5 ou 6 habitations près de la passe isolées de tous et de tout.
Benoît est né ici. Son unique richesse : un parc à poissons que lui a transmis son père. Un piège dans lequel les poissons s’engouffrent pour ne plus jamais ressortir. Ici aussi les poissons du lagon sont moins nombreux mais surtout certains sont contaminés par une bactérie, la ciguatera. Un mal qui empoisonne la vie des pécheurs polynésiens. “La gratte”, comme on dit ici, est due à la consommation de poissons infestés par une toxine… la ciguatoxine.
Matehau, le voisin de Benoît, est venu s’installer il y a quelques années. C’est un pêcheur de mahi mahi, la dorade coryphène. Il lui arrive de croiser au large de drôles de radeaux. Des DCP (dispositifs de concentration de poissons) dérivants, qui filent au gré des courants, et qui attirent les poissons. Ancrés ou dérivants, mis à l’eau par l’homme, les DCP permettent d’identifier les points de regroupement des poissons, ce qui facilite la pêche. Mais, s’il s’agit dans certains cas d’un formidable outil pour la pêche artisanale, ils peuvent également présenter un véritable danger pour le milieu marin et la survie des espèces. Cette pratique est aujourd’hui interdite en Polynésie française. Mais on raconte que les flottilles de pêche étrangères lâchent leurs radeaux dérivants dans l’espace maritime de la Polynésie française, et les récupèrent gorgés de poissons sans tenir compte des restrictions liées au rahui.
Réalisation : Hervé Corbière et Denis Pinson
Production : Antipode/Archipel Production
Avec la participation de France Télévisions
Durée 52 min – Année 2021
DOCU. Polynésie, les sages de l'océan
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