« C’est là le combat, dans la cage, pas dans la rue » : la pratique du MMA explose en Polynésie depuis sa légalisation en décembre 2019. Longtemps méfiantes, les autorités considèrent désormais cette discipline comme un moyen de lutter contre la violence de rue.
Les combats fréquents d’adolescents ou de jeunes adultes, filmés au téléphone portable au centre-ville de Papeete, ont longtemps freiné les arts martiaux mixtes (MMA, selon leur acronyme anglais).
Mais des champions locaux de ce sport de combat qui allie plusieurs arts martiaux et permet coups de pied, poing, genou et coude, ainsi que coups au sol et étranglements à l’intérieur d’une cage fermée, se sont engagés publiquement contre ces combats en dehors des salles de sport.
Comme Taramu Tinirau : « À tous les jeunes qui vont fight [se battre] dans la rue, c’est là le combat, dans la cage, pas dans la rue », a-t-il lancé fin septembre, tout juste vainqueur d’un combat et encore essoufflé, en désignant la cage où il venait de combattre.
Il y avait une « peur d’enseigner aux jeunes à se battre, mais j’ai une vision différente, parce que le club structure, avec des arbitres et de la sécurité », explique à l’AFP le ministre des Sports du gouvernement polynésien, Naea Bennett.
« Ils se battent dans la rue, mais ce sport peut les canaliser. Il ne faut pas se battre pour être le caïd du quartier, ça n’amène qu’en prison, alors que quand on se bat pour son pays, on peut faire une carrière mondiale et être un champion », poursuit-il.
La Fédération polynésienne de lutte, d’arts martiaux mixtes, de jiu-jitsu brésilien et disciplines associées compte 35 clubs et un millier de licenciés pour une population de 280 000 habitants.
Selon le directeur technique de cette fédération, David Proia, le jiu-jitsu et la lutte sont en recul, et la grande majorité de ses licenciés pratiquent les arts martiaux mixtes. « Le Polynésien est un guerrier, les sports de combat lui conviennent bien : on a un bon vivier et un fort potentiel de champions en MMA », estime-t-il.
Aucun Tahitien n’a encore atteint le plus haut niveau mondial, à savoir les ligues professionnelles américaines UFC ou Bellator, mais certains ont déjà remporté des succès internationaux, comme Henri Burns et Raihere Dudes chez les hommes, ou Flore Hani chez les femmes, toujours à l’extérieur de la Polynésie.
Les premiers combats professionnels devraient se disputer à Tahiti le 25 novembre.
Mais les rencontres locales sont déjà spectaculaires, avec écrans géants, jeux de lumière, entrées tonitruantes des combattants et show à l’américaine.
Leur organisateur est Bernard Di Rollo, un professeur de judo qui s’est diversifié avec déjà trois soirées consacrées au MMA.
Pour la dernière, le 24 septembre, il avait invité six combattants de Nouvelle-Calédonie. Les arts martiaux mixtes sont bien moins développés dans cette autre collectivité française du Pacifique Sud. Les Calédoniens ont perdu 5 à 1 contre les Polynésiens.
Voulez-vous activer les alertes du navigateur?

source

Étiqueté dans :

,