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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Cet article fait partie du dossier :
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Plusieurs centaines de soignants se sont envolés pour les Antilles au cours de l’été afin de soutenir les professionnels de santé, débordés par la nouvelle vague épidémique de Covid-19. Parmi eux, Guillaume, infirmier, s’est rendu deux semaines en Martinique, où il a été affecté en service de nuit.
Guillaume s’est rendu en Martinique pour prêter main forte à ses collègues, touchés par la quatrième vague de Covid-19.
Infirmier en bloc opératoire à Clermont-Ferrand, Guillaume n’a pas attendu l’appel d’Olivier Véran aux soignants pour se rendre aux Antilles, où la situation s’est largement dégradée depuis le début du mois de juillet, afin d’y prêter main forte aux professionnels de santé débordés par la vague épidémique qui les frappent de plein fouet. Saturation hospitalière, patients de plus en plus jeunes…, de retour après deux semaines pendant lesquelles il a été affecté au CHU de Martinique, il témoigne de son expérience sur le terrain.
Je suis parti avant l’appel lancé par Olivier Véran aux soignants le dimanche 8 août 2021. Les chefs de service avaient diffusé le 29 juillet un message dans la clinique où je travaille expliquant que l’on pouvait se porter volontaire pour partir en renfort si on le souhaitait. J’ai vécu 3 ans en Martinique quand j’avais entre 5 et 8 ans, et j’ai un petit attachement à cette partie de l’Outre Mer. De plus, je travaille en bloc opératoire et l’été est une période creuse. Ils avaient vraiment besoin de soignants aux Antilles et je me suis dit que je serais plus utile en allant aider mes collègues en difficulté. Je me suis donc porté volontaire. Le Ministère de la Santé m’a contacté le 30 juillet et je suis parti le 1er août en Martinique pour deux semaines, jusqu’au 15 août. J’ai bénéficié d’un contrat de mise à disposition entre mon employeur et le CHU de Martinique. Une fois là-bas, j’ai été logé dans un hôtel avec des membres de la Réserve sanitaire venus de métropole qui étaient déjà sur le terrain.
J’ai travaillé au service de nuit des urgences, d’abord du côté non-Covid pendant deux nuits, puis du côté de l’oxygénation à haut débit, qui accueille essentiellement des patients en post-réanimation ou en pré-réanimation. On recevait aussi des patients trop instables pour être maintenus aux urgences et qui finissaient souvent ensuite en réanimation. Ma mission consistait surtout à gérer tant bien que mal les besoins en oxygène des malades sous oxygénothérapie à haut débit afin qu’ils aient une saturation raisonnable. Celle-ci dépend évidemment du patient, mais en décubitus ventral, avec le matériel d’oxygénothérapie au maximum à 60 litres, nous étions satisfaits quand nous atteignions une saturation d’oxygène de 95%. Nous pouvions tolérer jusqu’à 80-85% de saturation pour les patients sur le ventre, ce qui est très peu. Mais nous tolérions parce que, de toute façon, il n’y avait pas de place en service de réanimation pour les intuber. Donner les soins techniques [n’est pas compliqué]. On apprend rapidement à manipuler les matériels d’oxygénothérapie, même quand on n’en a jamais utilisé. Ce sont des choses qu’on finit par faire tous les jours, et cela ne m’a pas mis en difficulté. En revanche, c’est moralement très dur. Mes derniers patients avaient 70, 31, 34 et 47 ans, et les plus jeunes ne souffraient pas de comorbidités, n’étaient pas en surpoids. C’est surtout cela qui m’a vraiment choqué.
Elle est catastrophique. À l’entrée du service d’urgences Covid, deux tentes ont été installées afin de trier les patients : ils passent un test antigénique, puis ils sont reçus par un infirmier et un interne. Ils attendent parfois sur des brancards, le temps qu’une place aux urgences se libère. Mais il faut savoir que, dehors et dans les couloirs des urgences, il y a déjà des patients sur le ventre, certains sous oxygène ! J’ai déjà travaillé aux urgences en métropole, donc j’ai déjà vu des couloirs pleins de patients qui attendent. Mais voir autant de patients sous oxygène, c’est vraiment choquant. C’est de la médecine de guerre, vraiment. C’est ce que nous a dit le chef des urgences, le deuxième jour après mon arrivée, en nous expliquant que l’hôpital était en manque d’oxygène et qu’il allait falloir diminuer son utilisation dans tous les étages et en réanimation, le temps que de nouvelles réserves arrivent. Et par « médecine de guerre », j’entends également le fait que le CHU a revu tout son système de triage en préhospitalier et en hospitalier des patients admissibles en réanimation. Les critères de sélection des patients ont changé. En tant qu’infirmier, je me chargeais uniquement des soins techniques, mais avec mes collègues, nous entendions parler de patients dont on limitait rapidement les soins ou pour lesquels on savait que, s’il leur arrivait quelque chose, on ne chercherait malheureusement pas à les réanimer. Mon dernier patient, par exemple, avait 70 ans et souffrait de comorbidités (diabète et hypertension). Son état fluctuait constamment, et il est décédé la nuit suivant mon départ. Mais on savait déjà qu’on ne pourrait rien faire pour lui. Bien sûr, les médecins n’appliquent pas toujours strictement les critères de sélection. Il rentre encore un peu d’humain dans tout ça, c’est aussi du cas par cas.

La difficulté, c’est que le CHU de Martinique est l’hôpital de référence pour les problèmes cardiologiques et neurologiques des Antilles et accueille des patients qui viennent de Guadeloupe et de la Guyane. Il faut donc garder des lits de réanimation pour ces gens-là. Or le service de réanimation, qui compte 45 lits, a été presque entièrement transformé en réanimation Covid. De manière générale, j’ai vu la situation se dégrader progressivement : chaque jour, l’hôpital transformait un service en unité Covid, ouvrait des lits de réanimation. L’armée est également intervenue pour ouvrir des lits supplémentaires.
Il faut savoir que Clermont-Ferrand a été très peu touché lors des premières vagues de l’épidémie. J’ai donc été très choqué par ce que j’ai pu voir en Martinique. Émotionnellement, je suis assez résistant et, en y allant, je m’y étais préparé parce que je savais que la situation était catastrophique. J’y suis allé pour faire mon métier de soignant du mieux que je pouvais, avec les moyens que j’avais. Mais c’est vrai que le retour est difficile, surtout quand je réfléchis à la situation actuelle. Beaucoup de patients n’auraient pas fini à l’hôpital s’il n’y avait pas eu la pandémie. Mes collègues de la Réserve sanitaire qui étaient présents en Martinique et moi, nous partagions le même ressenti : nous venions prêter main forte, mais comme la vaccination n’avance pas, que les mentalités ne changent pas et que beaucoup, même parmi les soignants, y sont réfractaires, nous avions l’impression d’être simplement là pour aider à faire passer la vague épidémique actuelle. Au risque qu’elle soit suivie par une autre dans 3 ou 4 mois si la campagne de vaccination ne progresse pas. À la décharge des Martiniquais, ils n’ont pas été sévèrement touchés lors des vagues précédentes, à la différence de la métropole, qui a été frappée de plein fouet et où les soignants ont rapidement pris conscience de l’importance de la vaccination. On a compris que surcharger un système de santé est néfaste, car dès qu’il y a des déprogrammations, des patients qui devaient être pris en charge pour d’autres pathologies ne le sont pas, avec des pertes de chance terribles, notamment.

Malgré tout, je me suis senti utile là-bas. Il n’y avait pas assez d’effectifs au vu du nombre de lits dédiés à la prise en charge des patients Covid. Personnellement et humainement, cette expérience m’a fait grandir. Elle m’a également donné envie de m’inscrire dans la Réserve sanitaire pour pouvoir aller aider plus souvent. Et globalement, les soignants de la métropole sont bien accueillis. Néanmoins, entendre les gens s’exprimer contre la vaccination me met en colère. Je me dis que ces personnes pourraient se retrouver demain dans un lit de réanimation. Ce n’est pas une question de pass sanitaire ; c’est vraiment une question de santé. Alors ce sont des discours que j’ai désormais beaucoup de mal à entendre.
Journaliste audrey.parvais@gpsante.fr

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