Au lendemain de l’annulation du Tahiti Pro, le spot de Teahupoo s’est réveillé en furie ce vendredi, poussé par une houle extrêmement puissante qui a tout ravagé sur son passage. Routes, jardins, pontons, maisons, voitures, tout a pris l’eau. Déjà bien active jeudi après-midi, la célèbre vague de la fin de la route du bout du monde s’est transformée après une nuit agitée… un vendredi 13.
Cet énorme swell a été à la hauteur des attentes, une telle journée n’avait pas eu lieu à Teahupoo depuis le fameux et mémorable Code Red du 27 août 2011. Cette fois, la météo ensoleillée a rendu la journée moins apocalyptique qu’il y a dix ans, heureusement pour ceux qui, comme nous, étaient présents sur le spot. Les vagues ont été démentielles, à commencer par celle de Kauli Vaast, dont il se dit qu’elle est à ce jour la plus grosse jamais surfée à Teahupoo. C’est dire l’insensé niveau de la journée.
Vers 7 heures, la fine pluie a cessé. Les nombreux équipages (bateaux et jet-skis) ont vite pris possession du lieu, secoué de toute part par une houle diabolique. Haunui David, l’un des fils de la légende « Poto », a ouvert le bal avec les deux premières bombes de cette journée démente, en tow in, sous les yeux d’une autre légende, Raimana van Bastolaere, et de la Française Justine Dupont. Les deux ont vite disparu du line up, et sont partis chevaucher une droite gigantesque à quelques encablures de là. La surfeuse de Nazaré en est revenue avec un ride époustouflant, elle qui découvre Tahiti.
Les locaux Tereva David, Lorenzo Avvenenti et Matahi Drollet ont pris le relais et assuré le spectacle. Le temps s’est presque arrêté quand Kauli Vaast est parti sur une vague inouïe après deux heures d’attente au large. Il était 9h05. Tracté par Baptiste Gossein, le jeune Tahitien de 19 ans a dropé un mur d’eau monstrueux, et avec un aplomb déconcertant. Sauf que le piège s’est refermé sur lui, aucune porte de sortie n’était prévue sur cette bombe affolante, à l’épaisseur surréaliste et à l’aspiration venimeuse. KV a « bouffé », éjecté en un éclair dans le lagon par la lèvre du monstre. Au même moment, les capitaines de bateaux ont tenté pendant trois secondes hors du temps de sauver leur équipage, tous à la verticale, le nez vers le ciel et les pieds décollés…
Au final, plus de peur que de mal. Sauf que Vaast n’est pas réapparu au milieu du lagon laiteux, lessiveuse qui vous broie sans pitié les mauvais jours. Au milieu de ce chaos, il venait d’être récupéré par son jet de sécurité et vite emmené loin de ce tumulte. Tous les regards se sont croisés. Les secondes qui ont suivi ont duré une éternité. Mais un messager est arrivé avec des nouvelles rassurantes : « Il est sain et sauf. »
De retour dans la passe, Vaast était rempli d’adrénaline, dans un état d’euphorie facilement compréhensible. Il venait de signer une performance XXL, lui le petit prodige à qui on pose déjà sur ses frêles épaules des espoirs de médailles aux JO de Paris 2024 – l’épreuve de surf sera à Teahupoo, chez lui.
La tension est redescendue d’un cran quand, au milieu du chenal, est apparu Benoît Magimel. Oui, l’acteur français. Il était là, sur un bateau, entouré de caméras, costard crème, lunettes de soleil, mèche blonde impeccable et savates aux pieds ! On ne sait pas quel film ou série il est venu tourner en Polynésie, mais on peut dire qu’il a été servi.
On n’en était alors qu’au début de cette longue est trépidante journée, qu’au début de ce défilé de bombes plus ahurissantes les unes que les autres. Le Marocain Jérôme Sahyoun s’est déplacé depuis Biarritz exprès, juste pour trois jours. Il n’a pas fait le long trajet (plus de vingt heures d’avion) pour rien, avec quelques rides costauds, à la hauteur de sa réputation. Nathan Florence, le frère de John John, n’a pas été en reste.
À l’heure du déjeuner a démarré le show de « tonton » Raimana van Bastolaer. Le boss du spot depuis plus de vingt ans s’est fait plaisir avec quelques jolies bombes avant de tracter Justine Dupont, à l’aise, mais surtout l’extraterrestre Lucas « Chumbo » Chianca. Le Brésilien, le meilleur surfeur dans l’enfer de Nazaré, a prouvé ce vendredi que même sans être venu mille fois à Tahiti, il savait surfer Teahupoo à merveille. Chianca a enchaîné les rides à vitesse grand V. Jamais rassasié, il a fait le show tout l’après-midi avec une joie évidente et une forme physique éclatante. Lui surfe vraiment sur une autre planète. À croire qu’il est né avec une planche de tow in aux pieds.
En toute fin de journée, à 17h, Matahi Drollet a conclu ce festival avec une bombe de folie, sa plus grosse sur le spot (voir post Instagram ci-dessous). Fou, comme cette journée, qui restera assurément gravée dans les mémoires.
Une publication partagée par Tim McKenna Ocean Ambassador (@timmckenna)

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