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Les Polynésiens, les Néo-Calédoniens et les habitants de Wallis-et-Futuna abandonneront-ils leurs billets aux couleurs des îles et leurs grosses pièces de monnaie argentées? Cette hypothèse est envisageable. A Papeete et à Wallis-et-Futuna, la puissance publique y est plutôt favorable. Paris l’est tout autant.
Tout dépend en fait du résultat du référendum en Nouvelle-Calédonie, prévu en 2018. Dans deux ans, en effet, une consultation sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie doit être organisée. Si la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté, ce projet tombe à l’eau. En revanche, si tel n’est pas le cas, et si les trois territoires se prononcent officiellement en faveur de l’adoption de l’euro, le gouvernement français fera alors une demande en leur nom au Conseil européen, le passage à l’euro s’effectuant quelques années plus tard.
Si ce passage à l’euro devait se concrétiser, le franc Pacifique (également connu sous le nom de franc CFP) disparaitraît après plus de 70 ans de bons et loyaux services. Créé en décembre 1945, dans la foulée de la signature des accords de Bretton Woods, en même temps que le franc CFA, le franc CFP a remplacé les francs français et les piastres indochinoises qui avaient cours depuis les années 1890 dans ces îles du Pacifique. Pour mémoire, la Banque de l’Indochine avait ouvert un comptoir à Papeete le 5 décembre 1905.
Selon une étude réalisée par les services de l’Assemblée de Polynésie française, le franc CFP, légalement, signifie toujours « franc des Colonies françaises du Pacifique », appellation fixée par décret le 26 décembre 1945, même si l’appellation CFP a évolué en « Communauté financière du Pacifique », puis, aujourd’hui, en « Change Franc Pacifique ». Il n’existe aucun texte officiel modifiant l’appellation de 1945. Sa parité a été dans un premier temps fixée par l’arrêté du 31 décembre 1998, puis par le code monétaire et financier en 2015. Selon cette parité, 1.000 francs CFP valent 8,38 euros. Donc 1 franc CFP (ou XPF) correspond à 0,00838 euro. Et 1 euro vaut environ 119,332 francs CFP. Cette parité étant fixe, les entreprises de ces collectivités du Pacifique peuvent accéder aux marchés de la zone euro sans le moindre risque de change. Les nouveaux modèles émis par l’Institut d’émission d’outre-mer (IEDOM) ont été mis en circulation en 2014. Tortues, raies, pagaies et fleurs des îles ornent notamment ces billets dont le format est calqué sur celui de la monnaie européenne.
Teva Rohfritsch, le ministre de la Relance économique, plaide pour une adoption de l’euro:
Avec le franc Pacifique, qui possède une parité fixe avec l’euro, nous avons les inconvénients de la monnaie unique. Concrètement, nous subissons la politique monétaire décidée à Francfort par la Banque centrale européenne, évidemment inadaptée à la situation de l’économie polynésienne, et nous ne profitons pas des avantages que procurent une monnaie forte. Il est certain que l’adoption de l’euro donnerait un coup de fouet aux investissements étrangers“, explique-t-il.
Qu’en pensent les forces vives? Olivier Kressmann, le président du Medef de Polynésie française, partage cet avis:
Adopter l’euro permettrait de ne plus être marginalisé avec une monnaie exotique, et donc ferait s’éloigner le spectre d’une dévaluation potentielle, comme celle connue par le franc CFA. Localement, ce choix permettrait d’encore mieux affirmer notre attachement à la France et surtout de nous placer au même niveau de discussions que les DOM. Par ailleurs, on peut s’attendre à ce que le passage à l’euro simplifie les échanges monétaires en devises, même si la parité avec l’euro est fixe.”
Tout le monde ne partage pas cette opinion. Au lieu d’un choc de simplification, certains industriels interrogés redoutent un choc de  complexité.
L’adoption de l’euro peut coûter cher aux entreprises car elles devront changer tous leurs logiciels comptables. Même si la reprise semble enclenchée, cette hypothèse n’est pas bienvenue“, explique un chef d’entreprise qui craint également que le passage à l’euro ne provoque une envolée des prix.
Une envolée des prix que ne confortent pas les statistiques de l’Insee et de la Banque de France mais que les citoyens métropolitains ont pourtant ressenti à travers l’augmentation des prix de produits de base comme le pain ou le café au comptoir.

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