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Jean-Luc Mélenchon et la Nupes ont-ils remporté le premier tour du scrutin législatif dimanche 12 juin ? Non, pour le ministère de l’Intérieur, qui classe la Nouvelle union populaire, écologique et sociale en deuxième position, légèrement derrière le mouvement Ensemble du président de la République (qui a obtenu 25,75 % des voix contre 25,66 %). Oui, pour le chef de la France insoumise, qui estime que le gouvernement a délibérément exclu certains candidats Nupes pour minimiser la victoire des gauches réunies.
Certains médias, qui ont effectué leur propre catégorisation des nuances politiques, donnent raison à Jean-Luc Mélenchon. Pour Le Monde, la Nupes a obtenu 26,11 % des votes. Ensemble arrive juste derrière (25,88 %).

Comment expliquer cette différence ? Regardons en direction des Outre-mer. Lorsque l’alliance des partis de gauche a été conclue après l’élection présidentielle, la France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie-Les Verts et le Parti communiste se sont répartis les circonscriptions pour éviter de se concurrencer et augmenter leurs chances d’être élus. Sauf que ni les Outre-mer, ni la Corse ne sont compris dans l’accord, spécificités politiques locales obligent.
Or, cela ne signifie pas qu’aucun Ultramarin ne siègera aux côtés des députés de la Nouvelle union populaire à l’Assemblée nationale. Le ministère de l’Intérieur s’en est donc tenu à une lecture purement factuelle des résultats des législatives : aucun candidat ultramarin n’a officiellement été investi par la Nupes. Mais dans les faits, des accords locaux ont été conclus entre tout, ou une partie, des mouvements de gauche régionaux, comme à La Réunion et en Guadeloupe.
Régionaliste, divers droite, divers gauche… La plupart des candidats qui s’affronteront donc dans les 27 circonscriptions d’Outre-mer samedi 18 et dimanche 19 juin se sont vus attribuer des étiquettes à la signification imprécise, car ils ont été investis par des partis locaux. Que défendent-ils ? Où siègeront-ils ? Outre-mer La 1ère fait le point.
En Polynésie, les trois duels verront s’affronter les autonomistes du Tapura huiraatira aux indépendantistes du Tavini huiraatira.
Le Tapura est un parti autonomiste, partisan du statu quo. Fervent défenseur de la République, le parti affilié à l’UDI soutenait François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Avant de se porter vers Emmanuel Macron au second tour. Depuis, même si elles ont continué de siéger avec l’UDI, les députées Maina Sage et Nicole Sanquer ont dévié vers la majorité présidentielle. En 2022, le parti soutient la réélection d’Emmanuel Macron. Les trois candidats du Tapura aux législatives – Nicole Bouteau, Tepuaraurii Teiitahi et Tuterai Tumahai – bataillent sous l’étiquette Ensemble, le mouvement d’Emmanuel Macron.
Le Tavini, lui, soutient l’indépendance de la Polynésie. Créé par Oscar Temaru en 1977, le parti envoie son premier député indépendantiste – Moetai Brotherson –  à l’Assemblée nationale il y a cinq ans. Dans la dernière législature, le Tavini siégeait dans le groupe communiste (Gauche démocrate et républicaine). S’ils sont élus, les trois candidats indépendantistes devraient se ranger derrière la Nupes.
Dans les deux circonscriptions de la Nouvelle-Calédonie, un candidat de l’Union loyaliste affrontera un indépendantiste du FLNKS.
L’Union loyaliste regroupe la plupart des partis politiques du Caillou opposés à l’indépendance du territoire. Née en 2019 pour unir le camp loyaliste à l’occasion des référendums sur l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, l’alliance s’est rangée derrière le pouvoir en place à Paris, soutenant Emmanuel Macron pour sa réélection en avril 2022. Les candidats de l’Union loyaliste se sont présentés sous l’étiquette Ensemble pour les élections législatives.

Face aux loyalistes, c’est une autre alliance qui se retrouve au second tour des élections. Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) agrège les partis calédoniens partisans de l’indépendance. Les indépendantistes espèrent envoyer au moins un représentant au Palais Bourbon, ce qui serait une première depuis les années 1980. Marqué à l’extrême-gauche, le FLNKS pourrait s’aligner sur la Nupes à l’Assemblée nationale, à l’instar des indépendantistes polynésiens.
Sur l’île de La Réunion, les partis nationaux sont davantage représentés que dans les autres territoires d’Outre-mer. La France insoumise, Les Républicains et le Parti socialiste seront présents au second tour dimanche 19 juin. En revanche, d’autres candidats qualifiés se présentent au nom de partis réunionnais.

La députée sortante Karine Lebon et le vice-président du conseil régional Frédéric Maillot bataillent au nom du parti Pour La Réunion. Créé en 2012 par l’actuelle présidente de la région Réunion, Huguette Bello, PLR est une scission du Parti communiste réunionnais. À l’Assemblée nationale, Karine Lebon faisait partie du groupe parlementaire dirigé par les communistes. Dans la prochaine mandature, les élus PLR seront aux côtés des députés de la Nupes.
D’autres partis réunionnais se retrouvent également au second tour des législatives : Peuple aux commandes du territoire (classé divers centre) avec Thierry Robert, anciennement membre du MoDem ; Croire et oser, un mouvement d’extrême-gauche ; et Banian, classé à gauche.
Habituellement, Saint-Pierre et Miquelon envoie des candidats de partis locaux se battre pour un siège à l’Assemblée nationale. Cette année, le candidat arrivé en deuxième position, Olivier Gaston, est issu de La France insoumise. Il est donc membre de la Nupes.
L’autre candidat, Stéphane Lenormand, défend les couleurs d’Archipel demain. Proche de la droite française – Les Républicains et l’UDI -, le parti contrôle le conseil territorial de Saint-Pierre et Miquelon.
Dans la première circonscription du département, deux candidats estampillés “régionalistes” se feront face lors du second tour. Yvane Goua représente son mouvement Tròp Violans. Marqué à gauche, il a été créé à l’aune des mobilisations sociales en Guyane en 2017. Vivement opposé à la politique sanitaire du gouvernement pendant la crise du Covid-19, le mouvement appelle à lutter contre toutes les formes de violence.

La militante fera face à un candidat indépendantiste guyanais du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale, Jean-Victor Castor. Le MDES avait appelé à voter “oui” lors du référendum sur l’autonomie de la Guyane en 2010.
En Martinique, une flopée de partis régionaux de gauche s’est qualifiée pour le second tour. Aucun parti national, de la France insoumise au Rassemblement national, en passant par Renaissance, n’a passé le premier tour.
Péyi-A, parti indépendantiste fondé en 2019, est présent dans deux des quatre duels de l’île. En cas d’élection dimanche 19 juin, les régionalistes de Péyi-A siègeraient auprès des députés de la Nupes. Un de ses fondateurs, Jean-Philippe Nilor, député sortant, était membre du groupe dirigé par les communistes à l’Assemblée nationale entre 2017 et 2022.
Autre possible recrue pour la Nouvelle union populaire, écologique et sociale, le candidat du Parti progressiste martiniquais (PPM), arrivé en tête dans la 3ᵉ circonscription de l’île, Johnny Hajjar. Le PPM, parti du président du conseil régional Serge Letchimy, siège actuellement avec le Parti socialiste au Parlement.
Face à ces candidats se retrouvent des partisans du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM) ou du Parti pour la libération de la Martinique (PALIMA). Impossible, en revanche, de savoir en avance avec qui siègeraient ces élus s’ils remportaient un siège au second tour. Depuis leur rupture politique, Jean-Philippe Nilor (Péyi-A) et Alfred Marie-Jeanne, fondateur du MIM, sont devenus rivaux. Difficile de les imaginer siéger dans le même groupe au Parlement.
Contrairement à sa voisine antillaise, en Guadeloupe, les partis nationaux ont réussi à se qualifier dans plusieurs circonscriptions. C’est le cas, par exemple, du MoDem, grâce à Justine Benin et Max Mathiasin, tous deux députés sortants, ou du Rassemblement national, avec Rody Tolassy.
Mais des partis guadeloupéens sont aussi présents au second tour. Le Parti progressiste démocratique guadeloupéen aura un candidat, Christian Baptiste, face à la secrétaire d’État à la Mer, candidate de la majorité présidentielle, Justine Benin. Le PPDG rejoindrait l’alliance de gauche Nupes à l’Assemblée nationale, faisant de ce duel un affrontement clé entre le parti présidentiel et l’opposition de gauche, qu’il faudra scruter.

Enfin, la Fédération guadeloupéenne du Parti socialiste (FGPS) va vraisemblablement conserver son siège dans la 4ᵉ circonscription de l’île. La concurrente investie par Ensemble, l’ancienne ministre des Outre-mer Marie-Luce Penchard, a jeté l’éponge à quatre jours du scrutin. Branche du PS national, le parti guadeloupéen avait été un des premiers à annoncer que l’accord des gauches au niveau national (Nupes) serait également décliné à l’échelle départementale.


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Nupes ou pas Nupes : de quels partis sont issus les candidats aux législatives dans les Outre-mer ?
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