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Patrice Guirao, parolier au succès colossal, débarque en métropole avec un roman dingue, qui transforme le paradis polynésien en enfer !
Patrice Guirao, parolier à succès basé à Tahiti, arrive en métropole avec « Le Bûcher de Moorea », aux éditions La Bête noire – Robert Laffont.
Temps de lecture : 1 min
C’est son premier « coup » en métropole, mais pas en Polynésie, où nous l’avions rencontré en 2017 pour la truculente série des Al Dorsey, le détective de Tahiti, publié chez l’éditeur Au vent des îles. Pas vraiment un inconnu non plus du côté de la chanson française, puisque, en qualité de parolier, Guirao a fait chanter Johnny, Jane Birkin et même Bernadette Soubirou, celle de la comédie musicale, après Robin des Bois et Les Trois Mousquetaires. Le voilà cette fois dressant un pont entre le Périgord et Moorea, l’île sœur de Tahiti. Où, Nael, un tueur en série brindezingue, tient de longues conversations à Gaspard, rat de bibliothèque imaginaire et grand dévoreur de Proust dans sa traduction espagnole. Nael qui se retrouve avec une énigme sur les bras : que fait le cadavre de son ex-femme chez la vieille femme qu’il vient de zigouiller ? Pour le savoir, il lui faudra gagner l’île polynésienne où deux journalistes locales, vahinés aux antipodes de celles peintes par Gauguin, tentent de résoudre l’affaire de corps de touristes démembrés carbonisés dans un grand feu rituel. Une histoire de dingues, au sens propre, mais gorgée d’une poésie tendre qui embaume les fragrances mêlées des fleurs de tiaré et de frangipanier. Avec Guirao, la Polynésie a trouvé sa vraie perle.

Le Bûcher de Moorea, de Patrice Guirao, (La bête noire, Robert Laffont, 400 pages, 19 euros).
© La bête noire – Robert LaffontLe Bûcher de Moorea, de Patrice Guirao, (La Bête noire, Robert Laffont, 400 pages, 19 euros).
Le Bûcher de Moorea, de Patrice Guirao, (La bête noire, Robert Laffont, 400 pages, 19 euros).
Le ciel commençait à peine à regrouper ses étoiles. Au loin, plus bas, là où se tissent les amours lascives, la terre piquetée de splendides cocotiers à la chevelure verte tendait les bras à l’océan. Les deux baies aux eaux paisibles berçaient quelques voiliers tranquilles. Et entre leurs coques reposées, une pincée de pirogues glissaient en silence, murmurant à l’oreille du voyageur l’écho d’un paradis papier glacé. Tandis que les lampions bleus du lagon s’éteignaient doucement dans l’immense quiétude de l’île, des hommes s’activaient.
– Laisse la jambe, viens m’aider.
– Et la fille ?
L’homme en contrebas lui fit signe de le rejoindre.
– Descends. La fille, on s’en fout. Tu la laisses dans la caisse. Prends les deux têtes qui restent. On y va.
Le type se laissa glisser jusqu’au rocher. Il se pencha sur les têtes sanguinolentes.
– Et les langues ?
– Que les têtes.
La nuit tombait vite. Elle ne tarderait pas à rendre difficile la progression entre les fougères. Il n’y avait pas de chemin tracé, que ce semblant de sentier défriché à la machette lors des passages précédents. Ils devaient se presser. Là-bas, le brasier grondait. Les flammes ne dureraient pas toute la nuit. Mais les pierres volcaniques chauffées à blanc dégageraient longtemps de quoi consumer les corps jusqu’aux os.
Ils se mirent en mouvement. Celui qui semblait commander ouvrit la marche. Sur son épaule gauche, un tronc humain duquel pendait une jambe broyée. Dans sa main droite, une machette dont il ne se servait que pour tailler quelques feuilles hautes. Le geste était précis. L’autre le suivait, les deux têtes serrées contre son torse nu.
– Pourquoi t’as pas voulu qu’on se serve des machettes ? On aurait gagné du temps.
L’homme devant lui ne se retourna pas.
– On aurait gagné en temps, mais on aurait perdu en barbarie.
– Ils vont trouver la fille…
– De la route, personne la voit. Ça circule pas la nuit. Ils la trouveront demain. Dépêche-toi. C’est le dernier voyage. Tout devrait déjà être dans le feu. On ramène ça et on se casse !
– Et la fille ?
– Mais arrête, putain ! Elle représente rien. Et puis l’autre est déjà là-bas.
– On va la laisser, sans finir le travail ?
Il n’y eut pas de réponse. Celui à qui la question était posée se contenta d’accélérer dangereusement le pas. La pente conduisant à la rivière était raide et les deux individus comptaient sur la végétation dense pour ne pas chuter, calant un pied contre une racine ou se laissant freiner par quelques troncs de tulipiers contre lesquels ils s’appuyaient sans lâcher leur charge. Par endroits, ils apercevaient au loin les courbes de la baie de Cook et de celle d’Opunohu. Le vert bleuté de leurs eaux calmes sur lesquelles dormaient quelques voiliers à l’abri des brises.
Ils arrivèrent bientôt au fond de la vallée et longèrent le cours d’eau pour rejoindre le marae, le temple à ciel ouvert.
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