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INTERVIEW – Un campement a été attaqué ce lundi matin dans l’archipel norvégien. L’animal blessé par des tirs a dû être abattu. Spécialiste de ce grand prédateur, Christian Kempf appelle à éviter ce type de voyages organisés.
Ils ne sont pas plus d’un millier mais le symbole de ce territoire, grand comme deux fois la Belgique et rattaché à la Norvège. C’est avant tout pour les voir que les touristes se rendent au Spitzberg, dans l’océan Arctique. Mais fouler le territoire des ours polaires n’est pas sans risque. Depuis 1971, l’archipel, que l’on connaît aussi sous le nom de Svalbard, a été le théâtre de six attaques mortelles. Ce lundi, une touriste française a été attaquée dans son campement. Chassé à coups de fusil, l’ours a finalement pris la fuite. Blessé par les tirs, il a dû être abattu.
Ces grands animaux, Christian Kempf les a étudiés toute sa vie et leur a consacré trois livres. Il organise aujourd’hui des croisières d’expédition polaire pour le voyagiste Grands Espaces. Cette attaque aurait-elle pu être évitée ? Comment se comporter face à un ours ? Depuis l’aéroport de Longyerbyen, la capitale administrative de ce territoire, il répond aux questions du Figaro.
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LE FIGARO. – Un ours blanc qui attaque un campement, c’est quelque chose dont vous avez déjà été témoin ?
Christian KEMPF. – Le Spitzberg dénombre environ une attaque par an. L’ours est un animal dangereux et la nuit, dans un sac, on peut facilement être pris pour un phoque, dont il raffole. A fortiori l’été, quand il entre en «économie d’énergie» et déambule en quête de nourriture. C’est la raison pour laquelle le préfet demande aux Norvégiens propriétaires de huttes, ou de maisons secondaires, de ne pas y aller à cette période. De façon assez incongrue, les touristes, eux, peuvent continuer de venir !
Blessé pendant l’intervention, l’ours a dû être achevé. Comment aurait-on pu éviter une issue si dramatique ?
Pour moi, le campement doit être interdit, a fortiori à cette période. Il faudrait aller voir les ours avec un véhicule, comme on le fait dans les parcs africains par exemple. Si campement il y a, il faut qu’il soit protégé par un fil invisible qui déclenche une fusée en cas d’intrusion. La présence de veilleurs de nuit – au moins deux, avec un pistolet d’alarme – est aussi indispensable, afin de repérer l’arrivée d’un prédateur. Chez Grands Espaces, nous envoyons toujours quelqu’un à terre en éclaireur avant de débarquer. Si un ours est en vue, nous ne descendons pas du bateau.
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Faudrait-il limiter le tourisme dans cette partie du monde ?
Chaque année, 100.000 touristes visitent le Spitzberg, 60.000 prennent part à des croisières d’expédition, les autres 40.000 s’arrêtent à Longyerbyen car ils sont à bord de gros bateaux qui ne peuvent aller plus loin. C’est un chiffre qui ne cesse d’augmenter, car le vol n’est pas si cher. Pour 1000 euros, on s’offre le Spitzberg sans penser à mal. Il faut prendre des mesures pour mieux encadrer ces flux. L’homme pénètre dans l’habitat de l’ours polaire, c’est normal qu’il y ait des restrictions. Le préfet interdit déjà d’approcher un ours à moins de 50 mètres – et réfléchit à porter cette limite à 500 mètres.
On alerte souvent sur le sort de l’ours polaire. Quelle est sa situation au Spitzberg ?
Il reste entre 22.000 et 25.000 ours polaires à l’état sauvage dans le monde. Selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), les principales menaces qui pèsent sur l’ours sont le braconnage et la pollution. Sur les 19 populations d’ours dans le monde, 5 ou 6 sont en croissance. C’est le cas de celle du Spitzberg et de la terre François-Joseph (russe) voisine, qui est évaluée à environ 3000. Reste que 11% des ours du Spitzberg ne se reproduisent pas, probablement en raison de la pollution de leur environnement. Et qu’inexorablement, ils sont menacés par la destruction pure et simple de leur habitat, la banquise. Celle-ci perd 90.000 km² par an. Dans vingt ans, les conséquences seront dramatiques.
BONSAI DU 40
le
L’imbécilité humaine n’aura plus de limite grâce au tourisme de masse , pollution , dégradation de sites , espèces animales en danger . Quand on a vu un ours polaire dans un zoo , ou même à la télé , est-il absolument nécessaire de dépenser parfois une somme exorbitante pour aller le voir dans sons habitat ? Les grands gagnants , les les tours opérateurs , qui engrangent le fric . Les gens détériorent la barrière de corail , ils veulent voir les requins baleines de près , et de partout où ils vont , ils laissent des tonnes de déchets . La nature est mise à mal sur toute la planète . Sans compter les avions , la pollution , mais il faut rapporter des photos pour faire baver les copains .
Chris du 35
le
Première chose C.Kempf connaît très bien l’arctique certes, mais c’est pas un spécialiste de l’ours polaire. Rémi Marion était mieux à même d’être interviewé. Mais pour dire quoi ? Des banalités comme Kempf. Que voulez vous dire que l’on ne sache déjà : tous les tour operators en arctique fonctionnent selon la réglementation hyper stricte du Sysselmann (gouverneur). Pas de débarquement sans inspection au sol a minima et pas de débarquement (toujours armés) si un ours est repéré Évacuation immédiate sur les zodiacs si un ours se pointe. Pour les campements les périmètres de sécurité sont armés de déclencheurs et il faut un homme / femme de quart. Sinon on ne part pas. Ma réflexion va bien au delà de ce que raconte Kempf. J’ai fait ça pendant des années. J’ai arrêté.
Le tourisme de nature n’a de sens aujourd’hui que si les espèces et les espaces sont bénéficiaires de la manne touristique, ainsi que les populations locales. Directement et indirectement les populations locales doivent pouvoir bénéficier de l’entrée des devises. C’est ce que l’on fait quand on emmène nos clients en Afrique, en Amérique latine ou en Asie. Mais pour l’Antarctique et le Svalbard (Spitzberg) il n’y a pas de populations locales. Donc ma vision des choses est simple et radicale : plus de tourisme polaire du tout, car ça n’apporte rien à la nature sur place qui est normalement aujourd’hui très bien protégée et étudiée, et il n’y a que les opérateurs du tourisme qui sont bénéficiaires.
LA VIGIE2
le
Il faut remplacer les tentes par des camping-cars, c’est beaucoup plus sûr.
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Touriste française attaquée par un ours polaire : «Il faut interdire de camper au Spitzberg»
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