Par l’édition du soir
Des lagons turquoise, d’immenses plages de sable blanc, des bouts de forêt tropicale… Ce paradis naturel, c’est la réserve de Widi, située à environ deux heures et demie de vol, au nord-est de Bali, en Indonésie. Elle sera mise aux enchères du 8 au 14 décembre 2022 par la maison de vente américaine Sotheby’s. De la taille de Bora Bora en Polynésie, soit environ 10 000 hectares, cet archipel situé au cœur du Triangle de Corail – une zone de l’océan Pacifique entre la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et les îles Salomon – est formé d’une centaine d’îlots et atolls coralliens inhabités. Aucun prix de réserve (prix en dessous duquel le bien ne sera pas vendu) n’a été fixé. Mais les potentiels acquéreurs devront au préalable verser une caution de 100 000 dollars (96 765 €) pour prouver le sérieux de leurs intentions et qu’ils ont les moyens de s’offrir ce bijou.
« Chaque milliardaire peut posséder une île privée, mais un seul peut posséder cette propriété exclusive répartie sur plus de 100 îles », a déclaré Charlie Smith, vice-président exécutif pour la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de Sotheby’s Concierge Auctions dans un communiqué de presse rapporte, le média américain CNN .
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Une réserve pour promouvoir le tourisme durable
Pour contourner la loi indonésienne – qui stipule que les non-Indonésiens ne peuvent pas être officiellement propriétaires d’îles dans le pays – l’acquéreur éventuel devra investir dans la société holding PT. Leadership Islands Indonesia (LII). Cette dernière détient les licences exclusives de développement et de gestion pour conserver la réserve de Widi.
C’est pourquoi, une fois l’enchère reportée, le nouveau maître des lieux ne pourra pas faire n’importe quoi sur ces îles : « La réserve de Widi est destinée à montrer la capacité de l’humanité à vivre en véritable harmonie avec le monde naturel », note la maison de vente aux enchères Sotheby’s.
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Pas question, du moins sur le papier, de faire de l’ombre à « l’un des écosystèmes d’atolls coralliens les plus intacts de la planète », qui abrite des centaines d’espèces rares et menacées, telles que des baleines et d’autres cétacés, des requins-baleines et une pléthore d’animaux marins migrateurs venant d’Alaska et de l’Antarctique.
Tous les aménagements devront être respectueux de l’environnement affirme Sotheby’s. Dix-sept îles sur 100 ont pour le moment l’autorisation d’être développées. Un chiffre qui pourrait monter à 25.

Des jets privés et des bateaux de croisière pas très verts !
Si le nouveau propriétaire ne sait pas quoi faire d’un tel paradis, des experts ont été d’ores et déjà missionnés pour aider à construire un complexe touristique, à base d’écolodges, dans la réserve de Widi. Notamment l’Américain Bill Bensley, architecte vedette de certains hôtels et centres de villégiature les plus exclusifs d’Asie, dont le camp de tentes de luxe Shinta Mani Wild, au Cambodge.
Sotheby’s souligne « que les eaux calmes autour de la réserve de Widi constituent un lieu de naissance, d’accouplement et de repos idéal pour les centaines d’espèces qui vivent et migrent » vers le site, grâce à « l’absence d’interférences humaines telles que les forages en eaux profondes ou les couloirs de pêche très fréquentés ». De belles constatations qui laissent planer le doute : l’arrivée de touristes, même « de luxe » ne peut-elle pas aussi être considérée comme une « interférence humaine » ?
Les plans de développement de la réserve prévoient une piste d’atterrissage privée de 1 000 mètres de long car seuls les jets privés pourront se rendre sur ces îles. Et les visiteurs pourront embarquer sur des bateaux de croisière afin de visiter les parcs nationaux de Raja Ampat et de Komodo… Écolo mais pas trop !

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