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Malgré les restrictions de déplacement et les incertitudes, l’envie d’évasion est toujours présente chez les voyageurs. Tour d’horizon des comportements touristiques qui vont rythmer cette année incertaine.
Avec le déploiement des mesures de télétravail dans les entreprises, le workation, contraction de work, « travail», et de vacation, «vacances », n’a jamais autant eu le vent en poupe. D’après un sondage OpinionWay pour Pierre & Vacances, réalisé en septembre 2020, un tiers des ­cadres envisageraient même d’installer leur ­bureau dans un lieu ordinairement réservé aux vacances. « On assiste à l’émergence d’un tourisme du télétravail qui s’apparente souvent à une échappée vers la nature pour se protéger des exagérations du milieu urbain », expliquait cet été au Figaro le sociologue Ronan Chastellier.
Tendance de fond ou hausse de circonstance ? « Cette forme de tourisme est une véritable mutation anthropologique. La jeune génération des 18-34 ans privilégie la possibilité de prolonger les temps de loisirs à un salaire important. Travailler ailleurs, c’est travailler dans le fun », assène le sociologue. Si les hôteliers ont très vite rivalisé d’originalité pour attirer des salariés ou indépendants en manque d’évasion avec leurs formules « télétravail » , les pays eux-mêmes comptent bien tirer leur épingle du jeu. Des États comme la Barbade, les Ber­mudes, l’Estonie ou la Géorgie ont tous instauré des visas spécifiques de « nomades numériques », d’une durée de six mois minimum. Reste à avoir l’accord de son employeur…
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Contraints par les fermetures de frontières et les modalités de déplacement restrictives, 94% des Français ont décidé de passer leurs vacances dans l’Hexagone l’été 2020, d’après les résultats d’une enquête réalisée du 21 au 26 août, en partenariat avec les Comités régionaux du tourisme (CRT) Bretagne, Centre-Val de Loire, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française). Parmi eux, une importante majorité serait même restée… tout à côté. « Près de 45% de nos utilisateurs sont franciliens et ne semblent pas vouloir partir trop loin. Les maisons à moins de 3 heures de Paris sont les plus demandées, puis viennent celles en Bretagne », observe Fannie James, fondatrice de la plateforme de location de maisons d’hôtes et d’hôtels intimistes Enjkey.
Un comportement jusqu’alors réservé aux week-ends, qui s’applique désormais aussi aux séjours plus longs sur les périodes de vacances scolaires. « Les voyageurs reviennent à un voyage plus authentique dans des lieux singuliers avec une vraie personnalité. Des adresses qui proposent une bonne table, des produits de saison, bio, locaux… », se réjouit la créatrice du projet. Partir moins loin, et mieux.
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Exercices anti-braconnage au Kenya, traçage des paresseux au Costa Rica, régénération des coraux aux Maldives… Si les programmes de conservation se sont multipliés ces dernières années, la crise du Covid-19 a largement amplifié la tendance de fond déjà amorcée. Des villes défigurées par les foules ont retrouvé leur éclat et des animaux en voie de disparition se sont reproduits dans les réserves d’ordinaire surfréquentées, mettant en lumière la nécessité d’un tourisme plus durable et plus réfléchi. Dans son rapport annuel sur l’écotourisme, Booking confirme cette direction : 72 % des voyageurs interrogés considèrent qu’ils devraient opter pour des alternatives touristiques plus responsables.
« Je suis toujours surpris de l’accueil des Français dans des terres où les voyageurs se font rares. Partout où je suis passé, les portes m’étaient grandes ouvertes », se réjouit Loïc Sanchez, fondateur de la plateforme En immersion. Ancien habitué des long-courriers, le jeune Occitan a passé un été à toquer aux portes à la recherche d’hôtes passionnés dans les endroits reculés de sa région natale. Dans un buron sur le plateau de l’Aubrac ou dans une auberge sur la piste des ours des Pyrénées, il veut montrer que l’aventure se trouve parfois à 200 km de chez soi. Les irréductibles des voyages au bout du monde opteront quant à eux pour des organismes engagés vers la neutralité carbone. En Tanzanie par exemple, Tanganyika Expéditions organise des safaris en voiture électrique ou à pied, avec des escales dans des lodges automnes (alimentés par énergie solaire) et sans plastique.
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Échaudés par la pandémie, les voyageurs se révèlent de moins en moins attirés par les grandes agglomérations. En témoignent les recherches de la plateforme de locations saisonnières Airbnb, à l’approche des fêtes de fin d’année (étude du 26 novembre 2020). En haut de la liste des destinations les plus prisées : le village du Cros, en Occitanie, Senones, dans les Vosges, et Pénestin, en Bretagne.
« Être inaccessible est devenu le nouveau luxe ultime », assène Sandrine Gaussein-Casanova, cofondatrice d’Out of Reach, concept né d’une expérience heureuse de déconnexion avec son associée Félicie Royol. Leur objectif : reconnecter les citadins, les couples surmenés et les familles dépassées à la « vraie vie ». Sur leur site Internet, les deux voyageuses mettent en avant des hébergements et des destinations propices à la déconnexion selon trois niveaux de difficulté. « Il n’y a pas besoin d’aller dans une zone blanche pour se retrouver dans un environnement ‘dé-connectant’. Nous aimons scinder le mot en deux car, en s’éloignant du digital, on se connecte au monde qui nous entoure et aux gens qui y vivent », concède Sandrine. Débrancher au vert pour mieux se reconnecter à son quotidien ? La promesse est séduisante pour commencer 2021 du bon pied.
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Si les régions rurales sont les grandes gagnantes de la crise sanitaire, c’est aussi le cas des hébergements en plein air. Camper, c’est respecter la distanciation sociale et profiter de vastes espaces naturels aménagés, sans risquer de se croiser dans un couloir ou dans un ascenseur. Manger dehors et vivre au cœur de la nature, sans être dépendant des transports en commun ou des horaires d’ouverture. «Cette période a été l’occasion pour de nombreuses personnes de découvrir de nouvelles formes de voyage, et le logement en tente en fait partie», s’enthousiasme Céline Bossanne, fondatrice d’Huttopia.
Depuis 20 ans, la plateforme de camping haut de gamme conçoit ses sites selon deux critères principaux : la nature et l’espace. Avec des terrains qui font en moyenne une dizaine d’hectares et un nombre de clients inférieur à 600 quand le site est complet, il n’y a jamais plus de 60 personnes par hectare. « Nous cochons toutes les cases, ce qui nous a valu de faire un été en France conforme à nos attentes. Nos sites aux États-Uniset au Canadaétaient eux aussi complets, nous avons refusé du monde », se réjouit la directrice. Les analyses nord-américaines sont sans équivoque : le besoin de nature à proximité sera une tendance durable. Et il semblerait que celle-ci ait déjà gagné l’Europe
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Pour inciter les voyageurs les plus frileux à passer à l’acte d’achat, les professionnels du tourisme ont adopté dès le début de la crise sanitaire des mesures qui rendent les échanges de billets et les annulations de séjour plus faciles. Le système des avoirs ayant pris fin, tout voyage à forfait annulé en 2021 à cause de la pandémie sera par ailleurs remboursé dans les 14 jours.
Si des inquiétudes persistent, des assurances spécifiques à la situation actuelle permettent de couvrir certains points non pris en compte par les fournisseurs de voyage. Une façon de rassurer le client, qui pourra récupérer la totalité des sommes versées, même en cas d’annulation de son propre chef. Attention à ne pas trop y prendre goût
Devenue la norme dans une majorité de pays, la quarantaine imposée aux voyageurs pourrait-elle se vivre comme de vraies vacances ? Certains acteurs du tourisme, pour qui le vaccin n’est pas un gage de potentielles levées de restrictions, en font le pari. « La plupart des sites en ligne se contentent de référencer les hôtelssans montrer le détail des offres au sein même de leurs murs. Je me suis demandé où je pouvais aller pour passer ma quarantaine en Thaïlandeet, au fil de mes recherches, j’ai constaté que je n’étais pas le seul à me poser cette question », constate David Zilberberg, fondateur d’ASQ Stay (Alternative State Quarantine). Installé à Bangkok, il sélectionne des hôtels aux tarifs variés (de 940 à 4200 € pour 15 jours), ayant tous une offre de services assez large pour occuper des voyageurs à l’arrêt pendant deux semaines.
Tandis que certains disposent de courts de tennis ou de salles de sport gigantesques, d’autres proposent des cours de cuisine et une myriade d’activités pour enfants, sur le modèle d’un club all inclusive. Imprimantes et sièges de bureau pour les travailleurs nomades sont aussi disponibles dans quelques établissements sur simple demande. « Notre force est de proposer un service client francophone irréprochable et d’accompagner les touristes dans toutes leurs démarches, de la réservation à la fin de leur quarantaine. Je communique toujours mon portable pour les demandes les plus urgentes », confie David Zilberberg. Ce service précurseur, assurément prometteur, est déjà en cours de développement à Hong Kong.
Confinement, reconfinement, couvre-feu, quarantaine : malgré des conditions de remboursement et d’annulation flexibles, pas toujours évident de se projeter. « Les informations sur les conditions d’entrée ou de sortie et les restrictions imposées dans les destinations évoluent quotidiennement avec souvent un préavis de 48 heures », note Marie-Louise Moineau, fondatrice et dirigeante de Tselena Travel. « Peu de voyageurs sont enclins à se retrouver en quarantaine avant de pouvoir entamer leur périple pour des questions de confort, de durée et de coût. Nous observons dès lors une augmentation des réservations en toute dernière minute, souvent 96 heures ou 72 heures avant le départ.» Au grand dam des agences de voyages, condamnées à travailler dans une urgence permanente. Allez, un petit effort de projection !
«Première dose : 10% de réduction sur votre facture, deuxième dose : 20%» : tel est le message que les voyageurs ont pu lire sur les comptes Facebook et Instagram de plusieurs restaurants de Dubaï. Des promotions pour attirer davantage de clients vaccinés ? C’est le pari de l’émirat de la démesure, accessible aux touristes depuis le début de la crise sur simple présentation d’un test PCR effectué moins de 96 heures avant l’embarquement. Certains bars, hôtels et magasins ont annoncé sur les réseaux sociaux réfléchir à adopter un système similaire, en exigeant une preuve, comme un certificat médical, pour bénéficier des réductions. Comme 40% des Français déclarent favoriser les compagnies aériennes, les hôtels et les lieux d’intérêts ayant des normes de sécurité sanitaire élevées (étude Amadeus, Rethink Travel Global Survey Reports), on imagine aisément d’autres pays s’inspirer de ce concept étonnant en 2021.
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À l’inverse du staycation, les périodes de confinement successives ont engendré chez certains un besoin dévorant d’ailleurs, de liberté et d’émerveillement. L’Himalaya, la Papouasie, l’Antarctique : ces destinations aussi inaccessibles que désirables sont aujourd’hui perçues comme une récompense aux mois de frustration. « L’attrait pour nos voyages les plus exceptionnels s’est considérablement renforcé. Nos croisières à bord de notre nouveau navire de haute exploration polaire, Le Commandant Charcot, suscitent par exemple un fort engouement », se réjouit Sylvie Boudart, directrice produit chez Ponant.
Ces voyages aux confins de l’Antarctique et l’Arctique, foulés par de très rares hommes, se caractérisent par une immersion totale et une véritable reconnexion à la nature dans ce qu’elle a de plus pure. « Il s’agit là de démarches initiatiques, parfois le voyage d’une vie. Ce sont indéniablement ces types d’odyssées pour lesquelles nos clients nous consultent en ce moment. » La meilleure des résolutions pour 2021 : profiter de ce temps pour nourrir nos rêves d’aventure les plus fous et mieux préparer nos escapades futures.
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Grava
le
Très bon article.
On attend qu’une chose partir et prendre l’avion pour s’évader et retrouver la liberté de vivre .
Actarus Prince d’Euphor
le
Vous vous trompez: pour le moment pas de voyages mais, dès que les vaccins le permettent (3q/4q), la demande de voyages va exploser comme jamais. Ce sera de nouvelles Roaring 20s et les trucs à la zadistes n’intéresseront personne. Pour mes amis et moi: Japon, Nouvelle-Zélande, Californie, Laponie..
Actarus Prince d’Euphor
le
Vous vous trompez: pour le moment pas de voyages mais, dès que les vaccins le permettent (3q/4q), la demande de voyages va exploser comme jamais. Ce sera de nouvelles Roaring 20s et les trucs à la zadistes n’intéresseront personne. Pour mes amis et moi: Japon, Nouvelle-Zélande, Californie, Laponie..
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