L’Institut national d’études démographiques (Ined) est un organisme public de recherche spécialisé dans l’étude des populations, partenaire du monde universitaire et de la recherche au niveau national et à l’international.
Fondé en 1945, l’Ined est devenu en 1986 un Établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la double tutelle du ministère chargé de la recherche et du ministère chargé des affaires sociales. L’institut a pour missions d’étudier les populations de la France et des pays étrangers, de diffuser largement les connaissances produites et d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche. Par une approche ouverte de la démographie, il mobilise un large éventail de disciplines comme l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, l’épidémiologie. Fort de ses équipes de recherche, il encourage les échanges et conduit de nombreux projets de recherche européens ou internationaux.
Depuis 1986, l’Ined fait partie des 8 établissements publics scientifique et technique (EPST), à l’image du CNRS, de l’Inserm ou encore de l’INRA et l’IRD. L’institut a pour missions d’étudier les populations sous tous leurs aspects, de former à la recherche et par la recherche, d’informer les pouvoirs publics et le public sur les questions démographiques et de diffuser les travaux démographiques français à l’international..
Les effectifs de l’Ined rassemblent près de 250 personnes, dont une cinquantaine de chercheurs titulaires, plus d’une quarantaine de doctorants et autant de chercheurs associés. L’institut compte 10 unités de recherche, une unité mixte de service et sept services d’appui à la recherche comme le service Méthodes statistiques et le service des Enquêtes.
L’Ined est doté de plusieurs instances : le conseil scientifique, le conseil d’administration, la commission d’évaluation et d’un comité d’éthique.
L’Ined est l’un des membres fondateurs du Campus Condorcet. Toutes ses équipes sont installées à Aubervilliers et contribuent activement à faire de ce nouveau pôle une référence pour les sciences humaines et sociales, à l’échelle nationale et internationale.
Les travaux de recherche de l’Ined sont en partie financés par les crédits budgétaires de l’établissement. Ils peuvent aussi bénéficier de dotations issues d’agences de financement telle que l’Agence nationale de la recherche (ANR), ou provenant d’organismes publics, de l’industrie ou de programmes européens tels que European Research Council (ERC) et Horizon 2020.
Chaque année, des chercheurs de l’Ined candidatent aux appels à projets lancés par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
L’Ined figure parmi les lauréats des Laboratoires d’excellence (Labex), Equipements d’excellence (Equipex), Ecoles universitaires de recherche (EUR) et Institut Convergences. Ces projets, financés par le Programme des investissements d’avenir (PIA), dotent la recherche en sciences de la population d’instruments de financement afin de faire émerger des projets scientifiques ambitieux, capables d’augmenter l’excellence scientifique et la visibilité internationale de la recherche française.
En accord avec la politique d’internationalisation de l’Ined, les équipes de recherche de l’Institut répondent chaque année à des appels à projets internationaux et européens, en lien notamment avec les programme Horizon Europe, Erasmus+ ou encore les Partenariats Hubert Curie. Vous pouvez consulter les projets financés dans le cadre d’appels à projets européens et internationaux dans la rubrique : Appels à projets financés dans le cadre d’appels à projets
Des accords-cadres sont régulièrement signés entre l’Ined et des organismes pour concrétiser l’intérêt et la volonté des chercheurs de l’Ined et de leurs partenaires, établir le cadre de la collaboration et les objectifs scientifiques. Ils formalisent des engagements autour d’activités de recherches, de formation et de valorisation scientifique. Au niveau national, l’Ined renforce également ses liens avec l’enseignement supérieur.
L’Ined se distingue par sa capacité à mener des recherches qui couvrent non seulement la France mais une large partie du monde. Son envergure internationale se reflète dans ses nombreux partenariats à l’étranger et son rôle actif au sein de la communauté scientifique mondiale. L’institut entretient cette culture de la coopération internationale et prend toute sa place dans l’espace européen de la recherche.
L’Ined est un partenaire central dans les grandes initiatives de recherche en démographie européenne. L’institut participe à de nombreux projets financés par l’Union européenne ainsi qu’aux principales initiatives qui rassemblent la communauté des démographes européens.
L’Ined soutient la mobilité internationale des chercheurs, un instrument de formation et de coopération qui participe au renouvellement des problématiques et méthodes de recherche.
Organisme public, l’Ined recrute ses fonctionnaires sur concours, à partir du CAP jusqu’au doctorat. L’Ined fait aussi appel à du personnel en vacation ou en contrats à durée déterminée dans des domaines très variés.
L’Ined recrute sur concours des chercheur-e-s, des ingénieur-e-s et des technicien-ne-s. Retrouvez ici les derniers avis de concours, la présentation des postes à pourvoir et les informations pour déposer sa candidature.
Pour un stage ou un emploi, cette rubrique vous permet d’adresser directement une candidature spontanée à l’Ined.
La recherche à l’Ined s’organise autour d’équipes pluridisciplinaires et thématiques composées de chercheurs titulaires et associés. Elles accueillent des doctorants et des post-doctorants formés à la recherche par la recherche. Plus de 70 projets de recherche pluriannuels sont engagés. Dans le cadre de certains d’entre eux, l’Ined produit ses propres enquêtes, l’une de ses spécificités. L’institut met les données recueillies à disposition de la communauté scientifique.
L’Ined accorde une place croissante à la formation à la recherche par la recherche. Chaque année, l’institut accueille des doctorants, venus de France ou de l’étranger, sélectionnés sur dossiers. Encadrés par un.e chercheur.e, ces étudiants intègrent une ou deux unités de recherche de l’Ined en fonction de leur sujet de thèse. Ils bénéficient ainsi des moyens de travail et de l’environnement stimulant offerts par l’Ined.
L’Ined propose des contrats post-doctoraux, d’un ou deux ans en général, à de jeunes chercheurs, français ou étrangers. Les bénéficiaires sont sélectionnés en fonction de leurs compétences, de la qualité et l’originalité de leur projet de recherche et de son adéquation avec les thématiques de recherche de l’Ined.
L’Ined produit ses propres enquêtes. Les données recueillies sont accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. L’institut possède un service des enquêtes, qui définit les plans de sondage, aide à la conception des questionnaires et l’élaboration des protocoles de collecte, redresse les échantillons statistiques. Il assure ensuite la mise à disposition des bases de données anonymisées. Le catalogue des enquêtes de l’Ined et la présentation des projets en cours peuvent être consultés en ligne.
L’Ined met à disposition des internautes de vastes ressources documentaires sur la population : sa bibliothèque, ouverte à tous et accessible en ligne, et une présentation des méthodes d’analyse statistique et de la méthodologie d’enquête.
La recherche s’appuie sur une palette de méthodes d’analyse statistique qui permettent de décrire et modéliser les événements ou phénomènes démographiques à partir des données recueillies lors des enquêtes. En plus de méthodologies classiques (analyse de données, régressions logistiques…), plusieurs méthodes se sont imposées ces 30 dernières années en démographie. De nombreuses ressources disponibles, notamment de séminaires et de publications, aident à s’informer sur l’utilisation de ces différentes méthodes.
Des séminaires méthodologiques et pratiques en France et à l’Etranger, des articles publiés sur l’utilisation de ces méthodes, des listes de références bibliographiques, voici quelques exemples de ressources statistiques disponibles
Chaque enquête est spécifique. Mais un certain nombre d’étapes sont incontournables. Dès le début, il faut envisager les questions du protocole d’enquête, de la base de sondage, du budget, de la réglementation, des tests, de la constitution de fichiers et de l’étude de la qualité. Au sein de l’Ined, le service des enquêtes et sondages suit la majeure partie des collectes de données requises par les projets de recherche de l’institut. Il accompagne la production des données tout au long du processus ou apporte un soutien ponctuel lors de certaines phases d’enquête.
Les enquêtes de l’Ined répondent chaque fois à une problématique de recherche particulière. Très souvent innovantes, elles sont réalisées «sur mesure». Les choix méthodologiques constituent en eux-mêmes une étape de la recherche. Les temps de la préparation, de la conception des questions et du bilan des enquêtes pilotes ne sont donc pas à sous-estimer, de même que l’étude de la qualité des données collectées.
L’Ined présente ici un ensemble de ressources et de contenus susceptibles d’apporter un éclairage scientifique sur plusieurs grands thèmes faisant parfois écho à l’actualité législative.
Les récentes avancées sociétales et médicales autour des enjeux contemporains de bioéthique ont fait émerger de nombreux sujets de recherche. A l’Ined, plusieurs projets de recherche, des enquêtes, des articles scientifiques contribuent à apporter de nouvelles connaissances sur des sujets comme l’AMP, la GPA, le choix du sexe de l’enfant ou encore la fin de vie.
Les éditions de l’Ined existent depuis la création de l’institut et constituent l’une de ses missions fondamentales de diffusion des savoirs. Elles reflètent et accompagnent la pluridisciplinarité de la sphère démographique par la valorisation de la production scientifique et des résultats d’enquêtes auprès d’un public diversifié, offrant ainsi une expertise scientifique et une connaissance solide au débat public et aux grandes questions de société. L’archive ouverte permet la diffusion élargie des publications en libre accès ainsi que l’archivage pérenne des travaux des chercheurs de l’Ined.
Le service de la Bibliothèque, documentation et archives de l’Ined a rejoint le Grand Équipement Documentaire (GED). Cette grande bibliothèque au service de la recherche en sciences humaines et sociales, rassemble des collections issues de plus de 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives.
Un tour du monde et des questions de population :
pour comparer les indicateurs démographiques de tous les pays,
préparer un cours ou un exposé,
trouver des réponses simples,
réfléchir à des sujets complexes,
s’initier à la démographie,
approfondir ses connaissances en s’amusant…
Toute la population en chiffres : retrouvez les données sur la population française et mondiale, présentées sous forme de tableaux, et accédez aux bases de données en ligne.
Les données les plus récentes sur la structure et l’évolution de la population en France sont présentées sous forme de tableaux, réalisés à partir des publications régulières de l’Insee et des estimations et calculs de l’Ined. Les données peuvent aussi être téléchargées sous forme de séries remontant plus loin dans le passé. «Evolution de la population» propose des chiffres sur la « France entière» incluant les DOM. Les autres rubriques concernent la France métropolitaine, pour laquelle les données disponibles sont plus complètes et homogènes sur de longues périodes.
Les tableaux pour la « France entière » regroupent les données sur la France métropolitaine et les quatre départements d’outre-mer (DOM). Ces chiffres n’incluent pas Mayotte, devenue le cinquième département d’outre-mer depuis le 31 mars 2011, ni les autres territoires et collectivités d’outre-mer : Nouvelle Calédonie, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna. L’Insee intègre les DOM dans son bilan démographique annuel et dans une grande majorité des tableaux du volume annuel détaillé sur la situation démographique.
D’abord estimés de manière provisoire, les effectifs de la population par sexe et âge sont ensuite revus par l’Insee, pour l’ensemble du territoire, comme pour les régions et départements ; les recensements permettent par exemple de disposer, pour certaines années, de comptages précis. Les données définitives sont publiées avec un décalage de deux ans.
La population se modifie, d’une année à l’autre, par les mouvements de la population. Le mouvement naturel est la différence entre les naissances et les décès, connus précisément grâce aux bulletins issus de l’enregistrement à l’état civil. Le solde migratoire représente la différence entre les entrées et les sorties ; il est évalué à partir des informations disponibles. Pour garantir la cohérence comptable entre, d’une part, les évolutions de la population entre deux recensements et, d’autre part, les mouvements estimés de la population, il est parfois nécessaire de rajouter un ajustement statistique aux mouvements. Pour estimer l’importance relative des mouvements de population, on les rapporte souvent à la population moyenne de l’année. On obtient ainsi des taux de natalité, de mortalité, de croissance naturelle et de variation totale.
L’enregistrement des naissances à l’état civil donne lieu à des bulletins statistiques qui contiennent de nombreuses informations. On compte donc les naissances selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale et nationalité des parents, sexe de l’enfant, grossesses gémellaires, etc. Les informations sur l’âge de la mère permettent de calculer des indicateurs démographiques de fécondité annuels, comme l’indicateur conjoncturel exprimé en nombre d’enfants par femme au cours de la vie. Année après année, on complète également la descendance des générations : par exemple les femmes nées en 1970 ont eu 34 ans en 2004. On sait combien elles ont eu d’enfants avant 34 ans, et l’on peut estimer combien elles auront d’enfants au cours de leur vie.
L’utilisation de la contraception et le recours à l’avortement rendent possible la maîtrise de la fécondité. Les comportements de contraception sont connus grâce à des enquêtes réalisées par l’Ined auprès de l’ensemble des femmes depuis 1978. Les caractéristiques des avortements sont connues à partir des bulletins statistiques d’interruption volontaire de grossesse et des statistiques hospitalières. L’Ined est chargé de la publication de la statistique des bulletins d’interruption de grossesse.
L’enregistrement des mariages à l’état civil permet de compter les mariages selon de nombreuses caractéristiques : situation matrimoniale antérieure de chacun des époux, nationalité, etc. Les statistiques du ministère de la Justice renseignent sur les divorces ainsi que sur les formations et les dissolutions de Pacs.
Les recensements de la population recensent d’abord des logements. Les personnes vivant dans un même logement forment un ménage, chaque ménage regroupant donc l’ensemble des habitants d’un logement. D’après les définitions du recensement, un ménage peut être composé d’une ou plusieurs familles. On appelle famille un groupe de personnes composé soit d’un couple sans enfant, soit d’un couple avec des enfants, soit d’un (seul) adulte et de ses enfants.
L’enregistrement des décès à l’état civil permet de mesurer les variations de la mortalité. Les décès par sexe et âge permettent de calculer des tables de mortalité. Ces tables fournissent l’espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre d’années qu’un nouveau-né pourrait s’attendre à vivre, s’il devait subir toute sa vie les conditions de mortalité observées au cours de l’année. Par ailleurs, la mortalité des enfants de moins d’un an fait l’objet d’un suivi particulier. Les causes de décès sont renseignées par un médecin sur un certificat spécifique de décès et les certificats sont envoyés à l’Inserm qui code les causes de décès.
Deux séries statistiques utilisant des sources différentes sont présentées. L’Insee s’appuie sur l’exploitation des enquêtes annuelles de recensement offrant une vision globale du solde migratoire et des entrées et sorties des personnes non-immigrées ou immigrés (y compris les étrangers en situation irrégulière). L’Ined dénombre plus précisément les admissions au séjour des étrangers non ressortissants de l’Union européenne obtenant un premier titre de séjour d’une durée d’au moins un an (fichier AGDREF, ministère de l’Intérieur).
Les recensements de la population sont l’occasion de compter le nombre d’habitants qui ne sont pas nés sur le territoire. Parmi les personnes nées à l’étranger, on a coutume de distinguer les Français de naissance et les immigrés, nés avec une autre nationalité. On distingue les habitants selon leur nationalité, française ou étrangère, et, parmi les Français, les Français de naissance ou les Français par acquisition. Le recensement permet donc de connaître la nationalité actuelle ainsi que la nationalité à la naissance. Les catégories d’étrangers et d’immigrés sont différentes : les immigrés, « nés étrangers à l’étranger », peuvent être encore étrangers au recensement ou être devenus Français. Les étrangers, quant à eux, peuvent être nés à l’étranger (ils sont alors immigrés) ou nés en France (dans ce cas ils ne sont pas immigrés).
Les tableaux présentent les populations, les naissances et les décès en Europe et dans les pays développés. Ces données sont complétées par des indicateurs : taux de natalité et de mortalité, indicateur conjoncturel de fécondité et espérance de vie à la naissance.
La publication World Population Prospects fournit les estimations de population des Nations unies pour tous les pays du monde pour chaque année entre 1950 et 2020 et les projections selon différents scénarios (bas, moyen et haut) pour chaque année entre 2020 et 2100. Les chiffres présentés ici correspondent aux projections pour l’année en cours selon le scénario moyen.
Toute la population sous vos yeux : un atlas, des cartes interactives, une animation sur les migrations et des graphiques interprétés pour visualiser et comprendre les enjeux et les évolutions démographiques mondiales.
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Mise à jour : janvier 2019, sur la base des estimations de la Population mondiale des Nations Unies
Les “mémos de la démo” offrent un panorama des connaissances sur la population, dans des formats courts et accessibles à tous.
Fiches, analyses et interviews proposent un résumé de l’actualité scientifique, un décryptage des enjeux liés aux questions de population et des outils pédagogiques pour aborder les phénomènes démographiques et leurs évolutions, en France et dans le monde.
597, Février 2022
DOI : 10.3917/popsoc.597.0001
Selon les projections de l’Insee publiées en 2021, la France comptera entre 58 et 79 millions d’habitants en 2070. Le scénario central conduit à une population de 68 millions d’habitants. Il annonce une population plus vieille qu’aujourd’hui, et en légère diminution à partir de 2044 alors que les projections précédentes tablaient sur un maintien de la croissance. L’excédent des décès sur les naissances ne serait en effet plus compensé par un solde migratoire positif. L’écart avec le chiffre annoncé pour 2070 par les projections précédentes (publiées en 2016), 76 millions, est important. Il vient de la révision à la baisse à la fois de l’effectif de la population de 2021 et des hypothèses de fécondité, d’espérance de vie et de migrations.
Projections de population, espérance de vie, fécondité, solde migratoire, vieillissement démographique, France
Les projections de l’Insee pour 2070 annoncent une augmentation de la population en France jusqu’en 2044 puis une diminution lente ensuite selon le scénario central, considéré a priori comme le plus probable, alors que les projections précédentes tablaient sur une croissance à plus long terme. Sur quelles bases repose ce nouveau pronostic ? Cette étude nous l’explique en passant en revue les différents scénarios envisagés
L’Insee a publié en novembre 2021 de nouvelles projections de population pour la France à l’horizon 2070 [1] (voir encadré 1). D’après le scénario central fondé sur les tendances démographiques récentes, la France compterait 68,1 millions d’habitants au 1er janvier 2070, contre 67,4 millions au 1er janvier 2021, soit 700 000 de plus. La population continuerait d’augmenter jusqu’à un maximum de 69,3 millions en 2044 puis diminuerait ensuite jusqu’à 68,1 millions en 2070.
Plusieurs scénarios sont envisagés dont l’un, qualifié de central, et considéré comme le plus probable, prolonge les tendances actuelles. Les 26 autres scénarios proposés s’écartent du scénario central pour une ou plusieurs hypothèses concernant l’évolution de la fécondité, la mortalité et les migrations, avec pour résultat une population plus nombreuse – le scénario est alors qualifié de « haut » – ou à l’inverse moins nombreuse, et on parle alors de scénario « bas ». Les hypothèses ont été construites à partir d’une consultation d’experts [3].
Les différents scénarios se fondent sur des hypothèses de stabilisation rapide de la fécondité à 1,6, 1,8 ou 2,0 enfants par femme, et du solde migratoire (différence entre les personnes qui entrent sur le territoire français et les personnes qui en sortent), à 20 000, 70 000 ou 120 000 personnes par an. Le scénario central de mortalité prolonge la baisse des quotients de mortalité de la décennie 2010 : l’espérance de vie à la naissance des hommes atteindrait 87,5 ans en 2070, soit une progression de 7,8 ans par rapport au niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19 (79,7 ans). Pour les femmes, la progression serait plus lente : 4,4 années gagnées, de 85,6 à 90,0 ans. Autour de cette hypothèse centrale, la progression de l’espérance de vie est soit ralentie soit accélérée (+ ou – 3,5 ans en 2070), pour les hommes comme pour les femmes. Trois scénarios complémentaires correspondent à des hypothèses de travail : fécondité très basse (1,5 enfant par femme, proche de la moyenne de l’Union européenne), espérance de vie constante à son niveau de 2019, solde migratoire nul à tous les âges (autant d’entrées que de sorties). Enfin, le scénario central et les six scénarios qui n’en diffèrent que pour une composante sont prolongés jusqu’en 2121, offrant ainsi des projections à plus long terme.
Les résultats détaillés et les données sont téléchargeables sur le site Internet de l’Insee [2], ainsi qu’un document présentant les résultats de la consultation d’experts [3]. Des pyramides des âges interactives permettent aussi de visualiser l’évolution de la population année après année et, par superposition, de comparer les pyramides à deux dates distinctes ou résultant de deux scénarios différents [2].
Entre 2021 et 2070, la population n’augmente qu’après 75 ans (figure 1) : elle double à ces âges, l’espérance de vie progressant et les générations nées avant 1946 étant remplacées par celles un peu plus nombreuses nées de la fin du baby-boom au milieu des années 1990. Entre 60 et 75 ans, les effectifs restent à peu près les mêmes. Ils augmentent légèrement pour les hommes mais diminuent légèrement pour les femmes, le déséquilibre numérique des sexes en faveur des femmes se réduisant à ces âges même si ces dernières restent majoritaires. En revanche, en dessous de 60 ans, les effectifs diminuent de 10 %.
La projection centrale est complétée par 26 scénarios alternatifs combinant différentes hypothèses d’évolution de la fécondité, de la mortalité et des migrations. Le scénario central retient une fécondité de 1,8 enfant en moyenne par femme, soit un niveau proche de celui d’aujourd’hui ; une mortalité continuant à baisser au même rythme qu’au cours de la décennie 2010 ; et un solde migratoire (entrées moins sorties du territoire) de + 70 000 personnes par an. Selon les hypothèses de fécondité « haute » (2,0 enfants) ou « basse » (1,6), la population en 2070 varie de plus ou moins 4 millions autour des 68 millions d’habitants du scénario central ; de même, selon qu’on fixe le solde migratoire à 20 000 par an (hypothèse « basse ») ou 120 000 (hypothèse « haute »), elle varie de plus ou moins 4 millions. Les variantes en matière d’évolution de la mortalité ont un impact plus limité : plus ou moins 2,4 millions. Au total, en combinant les hypothèses haute ou basse de chaque composante, la fourchette va de 58 à 79 millions d’habitants en 2070 (figure 2).
L’incertitude sur les effectifs varie selon les âges (figure 3). Elle est la plus forte pour les générations qui ne sont pas encore nées en 2021. Par exemple, l’effectif des 0-19 ans en 2070 est de 14 millions selon le scénario central, mais avec une fourchette large, de 11 à 17 millions, selon les scénarios bas et haut, soit plus ou moins 25 % autour de la projection centrale. En revanche, pour les personnes de 75 ans ou plus, qui sont donc déjà nées en 2021, les scénarios extrêmes conduisent à des chiffres de 10 à 14 millions en 2070, soit plus ou moins 18 % autour de la projection centrale, 12 millions. C’est essentiellement l’hypothèse de mortalité qui fait varier les effectifs des 75 ans ou plus entre 2021 et 2070. Mais quel que soit le scénario, leur nombre augmente très fortement (de 89 % dans le scénario central), l’espérance de vie progressant et les générations nées de 1969 à 1994 se substituant aux générations creuses nées avant 1946.
Le scénario central conduit à un nombre annuel de naissances diminuant de 80 000 (-10 %) d’ici 2070 par rapport au niveau d’aujourd’hui (740 000 naissances en 2020 ; 660 000 en 2070) (figure 4a). En revanche, le nombre annuel de décès augmente de 160 000, passant de 610 000 avant la pandémie en 2019 à 770 000 en 2070, soit une hausse de 25 % (figure 4b). Ces chiffres varient selon le scénario, avec une fourchette plus large pour les naissances que les décès. En 2030, le nombre de naissances varie de 610 000 à 810 000 entre les scénarios bas et haut (figure 4a). En 2070, la fourchette est de 230 000 naissances en plus ou 190 000 en moins par rapport au scénario central (660 000). Le nombre de décès augmente fortement dans tous les cas (figure 4b). L’éventail en 2070, 50 000 décès annuels en plus ou en moins par rapport aux 770 000 du scénario central, est beaucoup plus resserré. Tous les scénarios conduisent à une hausse des décès très importante entre aujourd’hui et 2045 : les générations nombreuses du baby-boom, qui atteignent des âges très élevés à cette période, seront en train de s’éteindre.
À partir de 2035, le nombre de décès dépasse le nombre de naissances dans le scénario central (figure 5). Le solde naturel, devenu négatif, se creuse ensuite et atteint -110 000 en 2070 (figure 5). Ce solde varie fortement selon les scénarios : entre -330 000 et +160 000. Mais comme tous les scénarios incluent l’hypothèse d’un solde migratoire positif (de 20 000 à 120 000 par an), la population est encore croissante en 2070 dans une partie d’entre eux (11 sur 27).
Comment les hypothèses sur lesquelles reposent les projections publiées par l’Insee ont-elles évolué depuis 50 ans ? Nous n’examinerons ici que celles du scénario central. Les hypothèses ont beaucoup changé en 50 ans pour ce qui est de l’espérance de vie (figure 6) [4, 5].
L’espérance de vie à la naissance tous sexes confondus était de 72 ans en 1970 (contre dix ans de plus en 2021 : 82 ans). Le diagnostic en 1970 était qu’elle avait pratiquement atteint ses limites ou en était proche. Après avoir beaucoup augmenté au sortir de la Seconde Guerre mondiale et dans les années 1950, gagnant près de 5 mois par an pendant cette décennie, l’espérance de vie a progressé plus lentement dans les années 1960, ce ralentissement confortant la vision d’un plafond biologique (figure 6).
La projection publiée en 1970, dont l’horizon est 1995, prolonge la tendance à la hausse de l’espérance de vie, d’abord au même rythme que dans la décennie 1960, puis à un rythme décroissant. La projection suivante, publiée en 1979, est plus pessimiste et considère que l’espérance de vie va progresser plus lentement encore, puis plafonner à 73,8 ans en 2000, tous sexes confondus. Ces deux projections se sont révélées très en deçà de l’évolution réelle. Tenant compte de l’énorme décalage entre les projections précédentes et la réalité, la projection de 1986 fait progresser l’espérance de vie nettement plus rapidement tout en conservant l’hypothèse d’un ralentissement puis d’un plafonnement à terme.
Malgré ce relèvement, l’espérance de vie progresse à nouveau plus rapidement que la projection, et le plafond est atteint puis dépassé en 1997. Le constat que les plafonds même rehaussés sont régulièrement dépassés au bout de quelques années conduit à l’abandon de l’idée même de plafonnement dans les projections suivantes. Celles-ci extrapolent la tendance récente sur toute la période de projection, sans fixer de limite. Elles correspondent assez bien à l’évolution observée pour l’instant.
Concernant la fécondité, les projections ont en revanche peu changé en 50 ans (tableau). Mis à part la projection publiée en 1970, sensiblement plus élevée que les autres (on est encore dans la période du baby-boom, même s’il est sur sa fin), les révisions sont légères, et tantôt à la hausse, tantôt à la baisse, reflétant à chaque fois la tendance récente de l’indicateur de fécondité. Ce dernier, stable sur le long terme depuis la fin du baby-boom, enchaîne en effet des périodes de baisse et de hausse, entre 1,7 et 2,0 enfants en moyenne par femme.
Pour le solde migratoire, les hypothèses ont sensiblement évolué en 50 ans : le solde est relativement élevé dans la projection de 1970 (130 000 par an), puis diminue brutalement pour s’annuler dans les deux suivantes (publiées en 1979 et 1986), en lien avec l’arrêt de la migration de travail en 1973. Il varie ensuite du simple au double dans les projections suivantes, entre 50 000 et 100 000 par an. L’effet d’une variation du solde migratoire de 50 000 personnes en plus ou en moins a un impact sur la population projetée en 2070 comparable à une variation de la fécondité de 0,2 enfant par femme en plus ou en moins (voir figure 2).
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Que nous apportent ces nouvelles projections ? Elles confirment le vieillissement de la population d’ici 2040, avec un ralentissement probable de sa progression ensuite [1]. Si la taille de la population projetée d’ici 2070 est fortement conditionnée par les hypothèses retenues, tous les scénarios conduisent, sans exception, à une hausse importante de la proportion de personnes âgées à cet horizon. L’ampleur des variations entre les scénarios et les effets induits par la révision du scénario central rappellent les incertitudes sur l’évolution de la population à long terme, tout en confirmant la poursuite inéluctable du vieillissement. Enfin, la nouvelle projection présente la diminution lente de la population dans 50 ans comme étant le scénario le plus probable si les tendances actuelles se prolongent.
Les projections réalisées en 2021 sont sensiblement différentes de celles réalisées précédemment, en 2016 [6] : l’effectif projeté en 2070 dans le scénario central passe de 76 à 68 millions, soit – 8 millions. Par rapport à la population de 2021 (67,4 millions), l’augmentation est de seulement 0,7 million, contre 9 millions avec l’ancienne projection (figure 7). Autre différence majeure : alors que le scénario central de 2016 conduisait à une croissance constamment positive tout au long de la période projetée, celui de 2021 conduit à une légère décroissance de la population à partir de 2044 (figure 7).
Ces écarts viennent des différences dans les hypothèses formulées sur l’évolution de la fécondité, de la mortalité et des migrations, mais aussi des révisions des estimations de population en 2021. On peut estimer la part de chaque changement d’hypothèse dans la révision du chiffre de 2070 en construisant des scénarios dans lesquels seul un facteur est modifié (la méthode est détaillée dans l’annexe disponible en ligne https://doi.org/10.34847/nkl.8c9f3qmn). La révision à la baisse de la fécondité entre les projections de 2016 (1,95 enfant par femme) et celles de 2021 (1,80) conduit ainsi à 3,6 millions de personnes de moins en 2070 en raison de naissances supprimées. C’est le premier facteur de changement. Vient ensuite la révision à la baisse des progrès de l’espérance de vie, qui conduit à une réduction de la population projetée en 2070 de 2,1 millions de personnes. Bien que le solde migratoire total soit resté inchangé entre les deux projections, sa structure par sexe et âge a été modifiée, ce qui entraîne des changements des nombres de naissances et de décès conduisant à 1,4 million de personnes en moins en 2070.
Enfin, dernier facteur, la révision à la baisse de la population au 1er janvier 2021, de 700 000 personnes, conduit à 1,2 million de personnes de moins en 2070, puisqu’elles n’ont pas eu ensuite d’enfants (pour des explications plus détaillées, voir l’annexe en ligne https://doi.org/10.34847/nkl.8c9f3qmn).
Selon les projections de l’Insee publiées en 2021, la France comptera entre 58 et 79 millions d’habitants en 2070. Le scénario central conduit à une population de 68 millions d’habitants. Il annonce une population plus vieille qu’aujourd’hui, et en légère diminution à partir de 2044 alors que les projections précédentes tablaient sur un maintien de la croissance. L’excédent des décès sur les naissances ne serait en effet plus compensé par un solde migratoire positif. L’écart avec le chiffre annoncé pour 2070 par les projections précédentes (publiées en 2016), 76 millions, est important. Il vient de la révision à la baisse à la fois de l’effectif de la population de 2021 et des hypothèses de fécondité, d’espérance de vie et de migrations.
Laurent Toulemon
Élisabeth Algava
Nathalie Blanpain
Gilles Pison
Données des figures – https://www.ined.fr/fichier/rte/221/Popetsoc/597/PopetSoc-Fr-597.xlsx
Annexe méthodologique – https://doi.org/10.34847/nkl.8c9f3qmn
Laurent Toulemon, Élisabeth Algava, Nathalie Blanpain, Gilles Pison, La population française devrait continuer de vieillir d’ici un demi-siècle, 2022, Population et Sociétés, n° 597

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