Autour du Ciel
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Notre satellite naturel sera partiellement éclipsé le 19 novembre et, d’ici là, de nombreuses étoiles filantes zèbreront la voûte céleste.
Les éclaircies sont un peu trop rares aux latitudes européennes en novembre, mais le spectacle du ciel est permanent. Outre les planètes Vénus, Saturne et Jupiter qui sont aisément visibles à l’œil nu tous les soirs depuis quelques mois, même en pleine ville (voir plus bas et aussi ce billet), vous pouvez essayer de repérer Mercure avant le lever du Soleil actuellement. Profitez du passage d’un beau croissant lunaire non loin d’elle dans le ciel de l’aube pour tenter votre chance en lisant mes conseils pratiques un peu plus loin dans ce billet.
Novembre et décembre sont des mois réputés pour l’observation des étoiles filantes : les conditions météorologiques sont plus rigoureuses qu’à la mi-août, mais les occasions sont plus nombreuses car notre planète croise plusieurs très beaux essaims météoritiques sur sa route autour du Soleil. Le 12 novembre, ce sont les poussières dispersées par la comète 2P Encke qui entre en collision avec la Terre et nous permettent généralement de voir de longues flèches lumineuses autour de la constellation du Taureau – on les surnomme les Taurides !
Puis c’est le tour des poussières de la comète 55P Tempel-Tuttle, qui nous offrent les étoiles filantes de l’essaim des Léonides vers le 17 novembre et, enfin, mi-décembre, les Géminides auréolent la constellation des Gémeaux. L’éclat lunaire pourrait être un peu envahissant cet automne, mais, si le ciel est dégagé, il ne vous empêchera pas d’admirer et de photographier les étoiles filantes les plus brillantes, qui sont nombreuses dans ces essaims.
La pleine lune participera au spectacle céleste le vendredi 19 novembre en plongeant presque totalement dans l’ombre de la Terre. Nous ne verrons que le début de l’éclipse en France métropolitaine, mais aux Antilles, en Amérique du Nord et dans l’océan Pacifique cette éclipse presque totale sera superbe à observer avec ou sans instrument.
À lire
Je vous invite à lire ma très longue Lettre du Guide du Ciel qui vous permettra de passer une nuit entière sous les étoiles en ma compagnie ce mois-ci, avec de nombreuses images et deux vidéos accélérées que vous pouvez découvrir en 4K sur ma chaîne YouTube.


Quelques rendez-vous célestes à ne pas manquer


Avant que la période favorable à l’observation de Mercure ne prenne fin, jetez un œil à sa réunion avec Spica et le croissant de la vieille Lune. Elle se tient le mercredi 3 novembre à l’aube, un peu plus d’une heure avant l’arrivée du Soleil, juste au-dessus de l’horizon est-sud-est. Même si ces astres ne sont pas serrés les uns contre les autres, puisque Mercure est à quatre degrés sur la gauche de l’étoile principale de la Vierge et que la Lune les surplombe de plus de six degrés, l’ambiance sereine de cette rencontre matinale devrait retenir votre attention. L’éclat de la planète est proche de la magnitude – 1 ce qui lui permet de briller vivement malgré l’importance de l’absorption atmosphérique aussi près de l’horizon. Une quarantaine d’heures avant la Nouvelle Lune, l’arc de Séléné est d’une finesse remarquable et l’orientation de sa trajectoire dans le ciel lui permet d’apparaître comme une coupe d’albâtre suspendue au-dessus de la planète. Spica est sans doute le membre du trio le plus délicat à voir à l’œil nu dans la clarté de l’aube, mais si vous prenez quelques photographies de cette réunion, sa flamme percera sans mal la toile crépusculaire.

Après des semaines passées à stagner sensiblement à la même hauteur dans le ciel crépusculaire une heure après le départ du Soleil, Vénus commence enfin à gagner de l’altitude. C’est paradoxal car elle a atteint fin octobre son élongation maximale à l’est du Soleil et elle commence donc à se rapprocher de lui. Mais la mécanique céleste est implacable et nous sommes à la période de l’année durant laquelle l’écliptique se redresse rapidement dans le ciel du soir aux latitudes européennes. Emportée par ce mouvement, Vénus s’élève vers la nuit noire tout en glissant chaque jour un peu plus vers le Soleil ! Il ne faut pas être grand clerc pour en déduire que l’amélioration de ses conditions de visibilité sera de courte durée. Nous en profiterons jusqu’à Noël puis Vénus plongera à toute vitesse vers l’astre du jour. Le dimanche 7 et le lundi 8 novembre, sa rencontre avec la jeune Lune est observable plus d’une heure et demie après le coucher du Soleil donc pratiquement dans un ciel sombre à la fin du crépuscule. Les deux astres brillent joliment au-dessus de l’horizon sud-ouest.

Le mercredi 10 novembre à l’aube, une heure avant l’éclosion du Soleil, Mercure croise Mars au ras de l’horizon est-sud-est. Je ne pense pas que cette conjonction soit observable à l’œil nu, mais il s’agit d’un défi comme il faut s’en poser pour essayer de progresser. Le seul moyen de parvenir à saisir ces deux étincelles serait de bénéficier d’un ciel d’altitude parfaitement limpide. Mercure est brillante (magnitude – 1), mais Mars est très loin de son heure de gloire et c’est aux jumelles et photographiquement qu’il faudra essayer de la repérer à un degré de distance.

Le mercredi 10 et le jeudi 11 novembre à la fin du crépuscule, près d’une heure et demie après la fin du jour, Saturne et Jupiter encadrent le méridien. La Lune à la veille de son premier auartier vient compléter cette composition symétrique en s’installant à cinq degrés sous Saturne le mercredi 10 et à cinq degrés sous Jupiter le jeudi 11. Jetez un œil vers Vénus qui surfe sur la vague crépusculaire à une trentaine de degrés sur la droite de Saturne : ces trois planètes vont s’aligner dans le ciel du soir dans les semaines qui viennent.

Le vendredi 19 novembre à l’aube, la Pleine Lune qui glisse vers l’horizon ouest-nord-ouest juste avant le lever du Soleil n’est pas aussi éclatante qu’habituellement. Elle circule en effet à l’intérieur de la zone de pénombre qui entoure l’ombre de la Terre dans l’espace. Il s’agit de la première étape d’une éclipse de Lune presque totale qui se déroule dans la matinée, donc après le coucher de Séléné pour les observateurs de France métropolitaine. Seules les personnes installées à l’ouest d’une ligne joignant Saint-Nazaire à Caen peuvent suivre les premières minutes de l’entrée dans l’ombre avant la disparition de notre satellite. Pour voir une éclipse plus complète, il faut migrer vers l’ouest de l’océan Atlantique. Une bonne partie du passage en bordure de l’ombre est visible aux Antilles et toute cette étape est observable au Québec et, plus largement, de l’Amérique centrale à l’Alaska. Ce passage de près de 97 % du diamètre de la Pleine Lune dans l’ombre de la Terre est également visible en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Après plus de trois années d’abstinence depuis le 21 janvier 2019, nous pourrons enfin observer une éclipse totale de Lune en France métropolitaine le 16 mai 2022 en seconde partie de nuit.

Vénus, Saturne et Jupiter s’alignent dans le ciel du soir. Le mardi 30 novembre, une heure et demie après le départ du disque solaire, repérez Vénus qui brille intensément à plus de huit degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud-ouest et balayez le ciel à sa gauche pour localiser Saturne et Jupiter. Ces trois planètes sont suffisamment brillantes pour être visibles à l’œil nu en pleine ville si vous vous écartez des lampadaires les plus envahissants. Même si leur séparation apparente est grande – plus de dix-huit degrés entre Vénus et Saturne – leur disposition est intéressante car elle matérialise pratiquement l’écliptique – le plan de l’orbite de la Terre – sur la voûte céleste. Il n’est jamais inutile de changer de perspective pour rappeler que cet alignement planétaire n’est qu’apparent. En regardant le Système solaire de dessus, il n’y a aucun alignement réel dans l’espace comme vous pouvez le constater sur le schéma voisin. Jusqu’à la fin du mois de décembre, Vénus va se rapprocher de la position de Saturne, qui va s’éloigner de celle de Jupiter, et la distance angulaire entre Vénus et Jupiter va ainsi rester voisine de trente-cinq degrés, soit plus que votre main grande ouverte et bras tendu.
Phases de la Lune en novembre
La Lune est nouvelle le 4 dans la Balance, au premier quartier le 11 dans le Capricorne, pleine le 19 dans le Taureau et au dernier quartier le 27 dans le Lion.
Le ciel de novembre
Aux latitudes européennes, le problème récurrent du mois de novembre est le mauvais temps ; les nuits ou les fractions de nuit durant lesquelles l’observation de la voûte céleste est possible se comptent souvent sur les doigts d’une seule main. Alors si une courte période anticyclonique se présente, lâchez tout (attention !) et allez admirer le ciel étoilé. L’horizon sud est garni de constellations assez peu spectaculaires à l’œil nu, Capricorne, Verseau, Poisson austral, Sculpteur, Baleine, mais l’étage supérieur est bien plus attrayant. Le carré de Pégase arrive au méridien en début de soirée et il tire derrière lui tout un aréopage de figures importantes, riches d’étoiles brillantes et d’objets célestes particulièrement attractifs à l’œil nu, aux jumelles et dans les instruments de plus grand diamètre. Il y a bien évidemment Andromède et sa galaxie majestueuse, qui a la même apparence à l’œil nu qu’une petite louche de Voie lactée. Non loin d’elle, la figure du Triangle abrite, elle aussi, une galaxie éponyme, mais il faut un ciel parfait pour la détecter sans instrument. Cassiopée, Persée et le Cocher sont de superbes ensembles étoilés qui se succèdent en descendant le mince filet de la Voie lactée ; celle-ci gagne un peu d’épaisseur à l’approche d’Orion et du Petit Chien. Tard dans la nuit, les Gémeaux et le Lion encadrent le Cancer au-dessus de l’horizon est, puis ils s’élèvent à la poursuite d’Orion. Juste avant l’aube, la Grande Ourse reprend du poil de la bête après son rase-mottes septentrional.

Carte du ciel visible en novembre 2021 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, le carré de Pégase sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et la constellation de Pégase sera plus éloignée de l’horizon sud. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel.

Cette carte montre le ciel visible en novembre 2021 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
 

Mes nouveaux livres, Le ciel à l’œil nu en 2022 et le Calendrier astronomique 2022 sont disponibles. La vingtième édition du Ciel à l’œil nu présente plusieurs dizaines de rendez-vous entre les planètes, le Soleil et la Lune visibles de janvier à décembre 2022, ainsi que des cartes du ciel et de la Lune, des images inédites de paysages nocturnes et de nombreux textes et conseils pratiques pour observer et photographier simplement les astres au fil de l’année. Le Calendrier astronomique propose douze images imprimées en très grand format avec les informations nécessaires pour ne manquer aucun rendez-vous céleste : à suspendre dans votre cuisine !
Si vous habitez dans la région, le planétarium de Planet Ocean Montpellier m’accueillera pour une conférence sur l’observation du ciel le jeudi 25 novembre à 19 h 30 ; la réservation des places devrait être en ligne sur ce site dans les prochains jours…
Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Instagram)
Très agréable et très utile
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