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C’est déjà le cas pour les compagnies américaines en 2022. L’IATA estime que cette amélioration concernera l’Europe et le Moyen-Orient en 2023. Elle demeure cependant pessimiste pour l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Asie-Pacifique qui, selon elle, resteront dans le rouge.
Il convient toutefois d’introduire des nuances pour ce qui est de la zone Asie-Pacifique. C’est en effet la situation en Chine qui impacte les prévisions d’Iata, laquelle précise que cette région « est considérablement freinée par l’impact des politiques chinoises zéro COVID sur les voyages et les pertes de la région sont largement faussées par les performances des compagnies aériennes chinoises qui subissent le plein impact de cette politique sur les marchés nationaux et internationaux ».
En revanche, l’association estime qu’en 2023, « la croissance de la demande de passagers de 59,8% devrait dépasser la croissance de la capacité de 47,8%. Au cours de l’année, la région devrait répondre à 70,8% des niveaux de demande d’avant la crise avec 75,5% de la capacité d’avant la crise »
Comment pourrait se présenter le paysage de la desserte aérienne calédonienne en 2023 ?
Le trafic est reparti plutôt à la hausse, avec une demande forte des voyageurs et, malheureusement, une augmentation considérable du prix des billets sur les périodes de haute saison. Dans ce contexte, Aircalin, en desservant Singapour par trois vols, puis cinq vols hebdomadaires, offre aux passagers calédoniens les avantages d’un des principaux « hubs » d’Asie-Pacifique, et des possibilités de connexions importantes. Ces vols sont évidemment complémentaires du Nouméa-Tokyo toujours en service. Autre « hub » accessible aux Calédoniens : Sydney, et les connexions possibles avec les compagnies du Moyen-Orient parmi tant d’autres, ainsi qu’avec Vietnam Airlines qui dessert Paris à des tarifs extrêmement compétitifs. Cette fois, ce sont Qantas et ACI qui peuvent transporter les Calédoniens vers la capitale du New South Wales.
Les Calédoniens retrouvent une offre de voyage importante
Dans cette situation où le Covid semble derrière nous et dans laquelle le rétablissement de l’activité des compagnies aériennes est une réalité, les Calédoniens retrouvent une offre de voyage importante.
Cette offre est limitée au départ de Tontouta, mais l’accès à des hub importants leur ouvre la porte au trafic aérien mondial. Cela est possible via Sydney et Aukland, aéroports de proximité. Tokyo demeure une plate-forme connue des voyageurs locaux qui manifestent tout de même leur préférence pour celle de Singapour, laquelle a l’avantage de proposer un des plus beaux aéroports au monde, ainsi qu’une escale exotique éventuelle.
Ces hubs majeurs ne sont cependant pas exclusifs de l’offre aux Calédoniens. A Nandi, par exemple, 12 compagnies aériennes atterrissent et desservent 24 destinations. A partir de cet aéroport, il est notamment possible de se rendre aux États-Unis dans des conditions de prix et de confort tout à fait compétitives.
Pour 2023, le Vanuatu va enregistrer le retour de Virgin Australia qui desservira l’aérodrome de Bauerfield cinq fois par semaine à partir de Brisbane. Or Brisbane est une des destinations les plus prisées des Calédoniens pour leurs vacances à Gold Coast ou sur la Sunshine Coast. Ce sera ainsi, via le Vanuatu, une possibilité nouvelle pour eux d’utiliser une compagnie low-cost pour atteindre la capitale du Queensland.
Aircalin bouge
La compagnie Aircalin a obtenu sa pleine reconnaissance d’utilité calédonienne durant la crise du Covid. Le fait que son centre de décision soit situé en Nouvelle-Calédonie, sa flexibilité et sa disponibilité ont fait merveille pendant ces temps difficiles. Pour tout dire, on peut se demander comment la Calédonie aurait pu éviter l’isolement international complet si elle n’avait pas disposé de sa propre compagnie ? 
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Autre point fort d’Aircalin : ses cabines flambant neuves, et un service à bord amélioré de façon remarquée. Lorsque les passagers, en provenance de Paris, voyagent à bord d’ACI, les appréciations sont quasiment unanimes, et très favorables à la compagnie calédonienne. Celle-ci, d’ailleurs, n’est pas restée « les deux pieds dans le même sabot ».
L’ouverture de la ligne Singapour était envisagée depuis longtemps, mais la crise Covid est passée par là. C’est donc cette année que la compagnie a franchi le pas. Une option appréciée des voyageurs calédoniens et métropolitains, mais un choix qui cornérise le marché touristique du Japon, autrefois le plus important, et dont le poids économique représentait son pesant de milliards. Mais autres temps, autres choix économiques. Le tourisme, délaissé, n’est même plus cité dans l’énumération de la diversification de notre économie …
Autre initiative, mais qui prête certains à sourire : le partage de code entre Aircalin et Aircal. Aircalin va pouvoir proposer à la vente le réseau domestique calédonien et ainsi permettre à Air Calédonie d’afficher ses vols dans les systèmes de distribution mondiaux. Concrètement, les clients pourront acheter sous un numéro de vol Aircalin SB, des vols d’Air Calédonie en continuation depuis une destination internationale. Par exemple : un Singapour-Ile des Pins, un Sydney-Lifou… Cette facilité est en place en Polynésie depuis de nombreuses années, selon un système différent. Les agences de voyages off-shore peuvent effectuer des réservations sur les vols intérieurs d’Air Tahiti, et émettre les billets. L’accord Aircalin-Aircal est cependant plus simple en matière de réservation.
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Reste à voir comment le système de code-share va fonctionner. Hormis pour les groupes, on imagine mal un ATR embarquer quelques clients à Tontouta pour les acheminer directement aux Iles Loyauté. A moins de vouloir creuser le déficit de la compagnie domestique. Ces clients devront donc descendre à Nouméa, puis prendre un vol à Magenta. Enfin, vers quelle transporteur les clients et les agences vont-elles se retourner en cas de grève à AirCal, de blocage, de retard ou d’annulation de vol ?
À quand d’autres compagnies, À quand une low-cost ?
En dépit des progrès de service et d’image d’Aircalin, c’est toujours la même question qui taraude de nombreux Calédoniens. Pourquoi « on » empêche d’autres compagnies de venir ? Même l’Autorité de la concurrence s’est mise de la partie. « La Nouvelle-Calédonie souffre également du maintien d’un modèle d’exploitation fondé sur la présence de compagnies historiques (ou « legacy ») alors que le reste du monde a profité de l’ouverture du secteur à la concurrence et de l’émergence de nouveaux modèles économiques, avec les opérateurs dits low-cost, transporteurs à bas coûts beaucoup plus rentables, qui privilégient les courts et moyens courriers plutôt que les trajets longue distance, à des prix plus bas. Aucune offre low-cost n’a jamais été proposée sur le territoire calédonien », écrit l’ACNC.
Sauf que comme le sait l’Autorité de la Concurrence en particulier, la concurrence ne se décrète pas. Elle peut être encouragée, et elle demeure fondée sur la liberté du commerce. Or la concurrence ne s’exerce que si le ou les concurrents potentiels ont une chance de gagner une part de marché suffisante pour que ses opérations en Nouvelle-Calédonie soient rentables. Le hic, tout simplement, c’est que … ce n’est pas le cas : toutes les compagnies du monde pourraient se poser à Tontouta … mais pour perdre de l’argent. Il est vrai que toutes les compagnies du monde ne sont pas stupides à ce point.
La Calédonie génère en effet un trafic modeste avec ses propres habitants. La seule possibilité de croissance serait un fort développement du tourisme, avec un signe fort comme la construction d’un ou de plusieurs hôtels, comme ce fut le cas dans les années 90. Or, il n’en est rien. Depuis 20 ans, le tourisme calédonien est en berne. Le marché japonais, le plus prometteur avec une image exceptionnelle sur le marché, et une population de 126 millions d’habitants -2 fois la population française, 5 fois la population australienne- a été quasiment abandonné en rase campagne. Quant aux hôtels, la recommandation de ne pas construire d’hôtels à Nouméa contenue dans le Plan de Développement Concerté du Tourisme est toujours en vigueur. Pour la plus grande joie de Berçy qui peut ainsi ignorer toute demande de défiscalisation pour la construction éventuelle d’un nouvel hôtel dans la capitale.
Alors, si les compagnies se sont succédées dans les années 90 avec Micronesia Airlines, Corsair, AOM, puis Air Austral, elles ont toutes renoncé au bout d’un certain temps pour cause de pertes importantes sur notre destination.
Quant aux compagnies low-cost, elles peuvent venir quand elles le souhaitent. Et si elles veulent afficher des tarifs low-cost, c’est-à-dire moins élevés que les « compagnies historiques », rien de plus simple : il suffit que le gouvernement les y autorise.
Et tout, d’ailleurs, n’est pas si simple. Sur une bonne partie de l’année, Aircalin pratique, sans le dire, des tarifs low-cost ! Quand la compagnie affiche un Nouméa-Brisbane-Nouméa à moins de 50.000 francs, le billet lui-même, hors taxes diverses et redevances, ne coûte qu’un peu moins de 30.000 francs. C’est-à-dire pratiquement un Nouméa-Ouvéa-Nouméa …
2023 sera probablement une année de reprise sans grande surprise
Pour toutes ces raisons, il est probable que le bouleversement du transport aérien calédonien n’aura pas lieu en 2023. Le transport actuel perdurera, ce qui n’est déjà pas si mal. Bien sûr, on pourrait parler de la compagnie internationale des Iles Loyauté. Mais l’Assemblée de la province est soumise à quelques turbulences qui occultent cette hypothèse quelque peu fantasque.
Quant aux tarifs, rien aujourd’hui ne permet de prédire leur évolution. Le rapport Air Monitor 2023 publié par Amex GBT, prévoit des hausses généralisées des prix des billets d’avion dans le monde entier, en raison d’une série de facteurs tels que l’inflation, la hausse des coûts du carburant et les problématiques liées aux capacités de service. Prudent, ce rapport précise que les dites hausses « sont cependant susceptibles de varier considérablement selon les régions, avec des distinctions entre les deux hémisphères ». Pour ce qui nous concerne, il faut reconnaître à Aircalin une étonnante stabilité des prix. Ce n’est pas le cas des autres compagnies qui acheminent les Calédoniens vers la métropole ou ailleurs. Ainsi, chacun est condamné à chercher sur Internet quelles sont les compagnies, les bons mois et les bons jours pour décrocher le tarif qui rend le sourire. Pourtant, toutes les classes, business comprise, sont bien chargées au départ de Tontouta. Les sièges, pour l’heure, trouvent preneurs. Après 3 années de Covid qui ont restreint nos capacités de voyage.
Seule vraie nouvelle opportunité : un tarif concurrentiel via Port Vila pour se rendre à Brisbane avec Virgin, au mois de mars prochain. Une aubaine éventuelle à défaut de révolution.

Par M.L pour Actu.nc
 
 
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