Voyage Polynésie : le paradis réinventé
Évasion Depuis Bougainville, l’imaginaire collectif situe le paradis terrestre parmi les îles de la Société. Malgré d’inévitables concessions à la modernité, la perfection balnéaire de l’archipel polynésien entretient toujours le mythe
« De tous les bouts du monde, la Polynésie est le plus réussi. » À l’image de Gilles Lapouge, les écrivains-voyageurs contemporains décrivent les confettis insulaires éparpillés dans le Pacifique Sud avec le même enthousiasme que les explorateurs du XVIIIe siècle. Sur un espace aussi vaste que l’Europe, la Polynésie française est composée de cinq archipels tous plus beaux les uns que les autres. Dans celui de la Société (nommé par James Cook en l’honneur de la Royal Geographical Society), une île bien précise est à jamais associée au mythe du jardin d’Éden : Tahiti.
Lorsqu’il aborde cette dernière en 1767, le navigateur anglais Samuel Wallis pense avoir retrouvé l’innocence et l’abondance des origines. L’année suivante, Louis-Antoine de Bougainville y est à son tour accueilli par une nuée de pirogues chargées de fruits succulents et de vahinés dévêtues. Persuadé, lui aussi, d’avoir trouvé la « Nouvelle-Cythère », l’officier de marine consigne dans son carnet de bord : « Ce peuple ne respire que le repos et le plaisir des sens. […] La douceur du climat, la beauté du paysage, la fertilité du sol, partout arrosé de rivières et de cascades, la pureté de l’air, tout inspire la volupté. » Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imaginaire européen.
En 1880, l’année où Tahiti devient une colonie française, l’écrivain Pierre Loti ravive le mythe dans Le Mariage de Loti : « Voyez au pied des grands arbres ces groupes silencieux, indolents et oisifs, qui semblent ne vivre que par le sentiment de la contemplation… » Le fantasme d’un paradis polynésien, exotique et sensuel, est alors si puissant que, même face à une réalité moins souriante, les voyageurs n’osent ternir le tableau.
Attiré à Tahiti par la promesse d’une authenticité inspirante, le peintre Paul Gauguin y rencontre une population déjà évangélisée, spoliée et infectée par les microbes du Vieux Continent. Il ne cessera pourtant de peindre la Tahiti de ses rêves, supprimant de ses compositions toute trace de modernité.
Aujourd’hui encore, l’industrie touristique s’emploie à maintenir la légende. Dès l’aéroport, la première sensation offerte aux visiteurs est le parfum suave des colliers de fleurs remis par des vahinés au son des ukulélés. Les hôtels, quant à eux, entretiennent une typicité architecturale à base de toits de palmes, de bois tropicaux sculptés de tikis et de motifs marquisiens.
Mais la Polynésie s’est mise à l’heure du XXIe siècle. Le Wifi est disponible partout, la climatisation tourne à plein régime et on peut changer d’île en moins d’une heure de vol. Gauguin lui-même aurait apprécié cette réinterprétation technologique du paradis. Mais il se serait bien gardé d’évoquer les embouteillages, le béton et les fast-food de la capitale.
À Papeete, les découvertes commencent au marché municipal, où l’on débarque chaque matin une pêche miraculeuse de thons, de bonites et de mahi mahi. À côté des poissons, on se perd dans une profusion de tubercules et de fruits : taro, igname, patates douces, fruits à pain, corossols, papayes, mangues, ananas… Tahiti l’odorante, c’est la Noa Noa chère à Gauguin. L’air y est souvent chargé d’effluves sucrés. Et la blancheur des fleurs de tiaré déferle sur la route circulaire comme l’écume océanique sur les récifs de corail.
Les vagues tahitiennes comptent parmi les plus célèbres de la planète, parmi les plus redoutables aussi. Celles qui se brisent au large de Teahupoo accueilleront d’ailleurs les compétitions de surf lors des Jeux olympiques de 2024. Fascinés par ces joutes sportives ou alanguis sur le sable noir de la pointe de Vénus, les visiteurs ignorent souvent l’intérieur de l’île. Des splendeurs farouches s’y blottissent pourtant.
Tahiti est formée de deux anciens volcans accolés. Le plus important, Tahiti Nui à l’ouest, est tailladé par d’innombrables vallées, séparées les unes des autres par des murailles couronnées de crêtes en lame de couteau. Ces reliefs, culminant à 2.240 mètres au sommet du mont Orohena, n’évoquent pas les langueurs tropicales des cartes postales. De puissantes cascades y rebondissent avec fracas, guidant les plus curieux dans la vallée de la Papenoo, vers le mystère de grottes et de vestiges archéologiques. Le spectacle de cette nature luxuriante atteint son paroxysme au crépuscule. Sur la côte ouest, lorsque le ciel s’embrase derrière la silhouette de Moorea, le mythe du paradis terrestre reprend forme.
L’effervescence du week-end commence dès le vendredi soir à bord des ferries reliant Papeete au quai de Vai’are. À seulement quarante minutes de la bruyante capitale, Moorea offre une bouffée d’oxygène à tous les Tahitiens avides de plaisirs balnéaires après une semaine de labeur. La petite sœur de Tahiti possède, en effet, un récif-barrière qui protège de magnifiques plages de sable blanc, idéales pour les pique-niques entre amis. Ambiance garantie ! Mais dès le lundi matin, c’est la quiétude qui domine à nouveau cette île encore préservée.
Bien qu’elle soit nettement moins élevée que Tahiti, Moorea dresse vers le ciel un relief très escarpé. Ses pitons dégoulinants de verdure n’évoquent pas vraiment un paysage volcanique. Pourtant, le pittoresque de sa surface chaotique s’enracine dans la longue histoire des coulées, des fractures et des effondrements. Si le belvédère de la vallée d’Opunohu offre une vue sensationnelle sur le mont Rotui flanqué de ses deux baies, le sentier qui grimpe entre forêts de châtaigniers et bosquets de bambous vers « les trois cocotiers » récompense les braves par un panorama à couper le souffle sur toute la caldeira.
Les forts dénivelés de l’île proposent un terrain de jeu exigeant aux amateurs de randonnée qui peuvent s’adonner à leur passion en short et manches courtes. Car la Polynésie, c’est aussi les Tropiques sans venin ! Ici, les plantes n’ont pas d’épines. On appelle « lézards sans pattes » les serpents, qu’on ne connaît qu’en images. Et on peut envisager une nuit à la belle étoile sans risque d’être dérangé par autre chose que des moustiques.
Engagée 1.500 ans avant notre ère, la colonisation de l’océan Pacifique depuis les îles d’Asie du Sud-Est peut être considérée comme la plus longue et la plus périlleuse aventure maritime de tous les temps. Après l’île sacrée de Raiatea, Huahine fut la seconde étape du peuplement des îles de la Société. Selon la légende, le dieu Hiro aurait pourfendu cette dernière en la traversant avec sa pirogue. Depuis, Huahine Iti et Huahine Nui sont séparées par un étroit chenal de forme évocatrice. Le nom de l’île se traduit d’ailleurs par « sexe féminin ». Autant d’allusions largement exploitées par les adeptes d’un exotisme érotique.
Son nom entier est en fait Hua’ai o te Vahine signifiant « descendance de la femme ». Il faut dire que l’île a toujours été gouvernée par des reines. Comme partout dans l’archipel, on y retrouve de nombreux autels et plateformes d’habitation, respectivement appelés marae et paepae. Mais la richesse archéologique de l’île réside surtout dans ses vestiges Lapita, témoignant d’une civilisation protopolynésienne en provenance des îles Marquises.
Loin du tumulte de Papeete, la vie glisse ici telle une pirogue sur la vague. Indissociable de la culture polynésienne, la pirogue à balancier est toujours utilisée au quotidien, pour se déplacer dans le lagon ou pour le plaisir de brûler des calories. L’événement sportif le plus attendu de l’année est la Hawaiki nui va’a, qui oppose des équipages composés de cinq rameurs en ligne et d’un barreur. Cette course épique de 128 kilomètres se déroule en automne sur trois jours. Au départ de Huahine, son parcours rejoint Raiatea et Tahaa pour s’achever en apothéose dans le lagon de Bora Bora.
Suite à l’attaque de Pearl Harbor en 1941, la Navy américaine utilisa Bora Bora comme base de repli et de ravitaillement jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quelque cinq mille militaires s’y relayèrent pendant cinq années, laissant en souvenir de nombreux enfants aux yeux clairs, quelques canons rouillés et un aéroport très fonctionnel. Pour ce dernier, les voyageurs les remercient. En effet, l’approche aérienne de Bora Bora reste un grand moment du séjour en Polynésie. Ceci, bien sûr, à condition d’être assis du côté gauche de l’avion !
L’île puise son charme dans le contraste des couleurs et des reliefs. Tous les clichés esthétiques relatifs à la Polynésie s’y trouvent rassemblés : les plages au sable immaculé, les cocotiers inclinés à 45 degrés sur fond de soleil couchant ou encore les pitons émeraude émergeant du lagon turquoise. Dans ses eaux tièdes et cristallines, fleuries de coraux exubérants, parade une véritable armada de poissons bariolés, rayés ou mouchetés, de requins à pointe noire, de raies pastenagues, léopards et mantas.
Tout autour, l’alignement presque continu d’îlots coralliens (les motus) forme un anneau percé d’une étroite et unique passe. C’est par là qu’arrivèrent l’explorateur James Cook ou, plus récemment, le navigateur Alain Gerbault qui n’en cru pas ses yeux. « Toutes les descriptions de mes auteurs préférés étaient bien ternes à côté de la réalité ! » Après avoir consacré sa vie à l’étude des glaces polaires, l’aventurier Paul-Émile Victor posa à son tour ses valises à Bora Bora. Lui aussi avait sûrement rêvé du paradis polynésien en lisant Bougainville.
Y aller
Toutes les conditions pour voyager vers la Polynésie française sont mises à jour sur le site de la compagnie Air Tahiti Nui. Actuellement, sont exigés un justificatif de statut vaccinal complet ainsi que le résultat négatif d’un test PCR ou antigénique réalisé moins de 24 heures avant l’embarquement. Pour les vols transitant par les États-Unis, ne pas oublier l’indispensable autorisation ESTA qui s’obtient sur Internet contre 14 $.
Le vol entre Paris et Tahiti très est long : 21 heures auxquelles s’ajoutent 2 heures de transit à Los Angeles. Mais avec Air Tahiti Nui, le dépaysement commence dès la montée à bord, où le personnel 100% polynésien accueille les passagers avec une fleur de tiaré dans une ambiance aux couleurs de lagon. Même la carlingue des nouveaux appareils Dreamliner est floquée de motifs polynésiens. Durant le vol, tout est pensé pour évoquer la destination : les touches exotiques des plateaux-repas, les annonces en tahitien, l’ambiance musicale et les nombreux documentaires de la vidéothèque. Pour une expérience encore plus confortable, la classe intermédiaire Moana Premium offre davantage d’espace aux jambes et un comptoir d’enregistrement prioritaire.
Air Tahiti Nui renforce sa desserte de la Polynésie française en proposant, cet été, jusqu’à sept vols par semaine à des tarifs « tout compris » débutant à 1.181 € en classe Moana Economy et 2.525 € en Moana Premium, avec l’offre « Partez à Tahiti ». Élue « Meilleure compagnie aérienne du Pacifique Sud » pour la troisième année consécutive à l’occasion des Global Traveler 2020, elle offre enfin à ses passagers la possibilité de compenser l’impact environnemental de leur voyage.
Se loger
Une hôtellerie haut de gamme participe à la réinterprétation moderne du rêve polynésien. L’InterContinental Tahiti Resort & Spa se présente ainsi comme une île, à la fois ouverte sur l’eau et protectrice. Le must étant le bungalow sur pilotis, qui transforme la chambre elle-même en îlot. À seulement deux kilomètres de l’aéroport, cette adresse est le point de départ idéal d’un séjour en Polynésie. Face à l’île de Moorea, l’établissement déploie sur 25 hectares un jardin paysager peuplé d’essences tropicales et de tikis. Il propose aussi à ses hôtes un centre de relaxation Deep Nature Spa, un centre de plongée Topdive, deux piscines à débordement et un lagoonarium plus beau que nature avec ses quelque 200 espèces de poissons et sa nurserie de corail.
Sur Huahine, les bungalows du Maitai Lapita Village sont dissimulés dans un écrin tropical, unique pour sa beauté comme pour son importance historique. Passionné d’archéo-poterie, l’Américain Peter Owen a imaginé ce complexe hôtelier pour mettre en valeur l’héritage du site. Dès le lobby ouvert sur un étang, un petit musée très bien documenté permet de se familiariser avec la culture Lapita et les artefacts découverts dans cet environnement humide. La trentaine de vastes bungalows, dont les toits de palmes se reflètent entre les nénuphars, s’intègre parfaitement au cadre verdoyant. À l’intérieur, une multitude de détails décoratifs font références aux vestiges Lapita, comme les éviers et banquettes en forme de pirogue, les claires-voies aux motifs traditionnels ou encore les hameçons en nacre apposés sur le mobilier. Comble du chic, des perles noires sont incrustées aux murs des salles de bain.
Implanté sur un motu luxuriant face au profil pyramidal du mont Otemanu, l’InterContinental Bora Bora Resort & Thalasso Spa offre un cadre idyllique pour un séjour à la fois chic et sauvage. Prisé des jeunes mariés, l’établissement est un havre de paix, propice à la relaxation avec son espace de soins unique en Polynésie. Dans ce centre de Thalasso de 4.000 m², on utilise l’eau des profondeurs chargée en minéraux et en oligo-éléments. Conçues dans des matériaux nobles et naturels, ses 80 villas sur pilotis ont pour luxe suprême un accès direct au bleu turquoise du lagon. Engagé dans le développement durable, l’établissement a été le premier au monde à se doter du SWAC (Sea Water Air Conditionning). En utilisant l’eau froide des profondeurs pour rafraîchir naturellement son réseau d’air conditionné, ce système lui a permis de réduire de 80% sa consommation d’électricité.
Renseignements
L’organisme officiel de promotion Tahiti Tourisme réunit sur son site Tahiti et ses îles toutes les informations utiles pour découvrir l’archipel de la Société, choisir son itinéraire et ses activités.
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