Niché en Polynésie, The Brando est un refuge où se mêlent harmonie, luxe et respect de l’environnement.
«L’île est si belle… Bien au-delà de ma capacité à la décrire », disait Marlon Brando. Et c’est vrai. L’arrivée sur Tetiaroa est un choc. Même pour un ancien président des Etats-Unis. Dans l’avion privé qui l’a conduit à The Brando, Barack Obama a d’abord survolé une mer d’encre. D’un bleu sombre, immaculé. Et puis, soudain, au loin, une palette de peintre lui est apparue. D’abord, un bleu virant vers le vert puis une éclaboussure turquoise. Enserré par un atoll corallien, le lagon de Tetiaroa est de ces lieux sur terre qui font croire à l’existence de Dieu. Au point que Leonardo DiCaprio, en découvrant le spectacle ahurissant de l’Atoll gorgé d’azur, s’est écrié: «Mais c’est une piscine pour milliardaires!» Quand le pilote a amorcé sa descente vers le petit tarmac du seul des treize îlots habités, Obama n’a pu manquer de remarquer les 2 800 panneaux solaires qui bordent la piste d’atterrissage. La clé de l’autosuffisance en énergie de The Brando. Pour The Godfather, c’était une condition sine qua non.

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Dans les années 1970, il avait choisi d’y faire construire 12 paillotes. Mais même le plus grand acteur du monde ne peut s’improviser gérant. Un emplacement mal choisi avait offert à un cyclone un terrain de jeu pour tout ravager. Une gestion des affaires «à la Brando » avait fini par définitivement couler l’entreprise. Ce n’est que vers la fin des années 1990 que Brando s’était décidé à écouter les conseils avisés de Richard Bailey, un ami mais surtout le patron de Beachcomber Pacific, une chaîne d’hôtels de luxe en Polynésie. Ensemble, ils ont imaginé polir un diamant à la hauteur de l’écrin que la nature a donné à Tetiaroa. «Mais avec une condition absolue: tout devait fonctionner en autonomie totale et écologique», se souvient Dick Bailey. «Cela me paraissait judicieux. Sauf pour l’air conditionné. Sans alimentation suffisante, donc avec un générateur et du diesel, cela me semblait impossible. Marlon n’a rien voulu entendre et m’a parlé des travaux d’un type, à Tahiti, qui récupérait l’eau froide (4°) à 1 000 mètres de profondeur sous la mer, afin de rafraîchir l’air en surface. J’ai pensé à une lubie, mais non. Le système était viable et c’est celui que l’on utilise aujourd’hui.»

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Quand on a conduit Obama à sa villa, on lui aura donné le choix. La petite voiturette de golf ou le vélo privé de sa villa. Il a alors pu serpenter sur une petite route bitumée à travers une palmeraie stupéfiante où le sable est si fin qu’on a envie de s’y ébrouer. Quand enfin on lui aura montré sa villa, il est à parier que même lui aura été bluffé. Le design, tout en bois, combine luxe, confort et épure, mais on n’y prête pas attention. On est d’abord soufflé par la vue sur le lagon. Et on reste un long moment interdit devant ce bleu, plus limpide que tous les ciels du monde. Et s’il prend l’envie à Barack Obama de rester planté là toute la journée, il a la garantie qu’il ne verra personne passer sur la plage pour parasiter «sa» perspective. En effet, dans un souci de perfection, Brando avait exigé que le terrain sur lequel la construction des villas devait s’effectuer soit surélevé. Afin que ceux qui souhaitent se promener le long de la plage restent cachés de ceux qui regardent le lagon depuis leur villa.

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Dans le film «The Ghost Writer», de Roman Polanski , on voit un chef d’Etat s’isoler pour écrire ses mémoires dans une froide maison balayée par des vents mauvais. Regardez le film et imaginez tout le contraire. Sur The Brando, chaque villa est quasiment une propriété. La plus petite fait 100 mètres carrés et toutes possèdent une piscine privée. Mais à n’en pas douter, c’est celle 250 mètres carrés que l’on a attribuée au président américain. En tout cas, c’est celle que DiCaprio a l’habitude de réserver, là où il a fêté son anniversaire, en novembre dernier.
Très honnêtement, on peut y vivre sans en sortir tant le bonheur y est à portée de main. Sur simple demande, on peut s’y faire servir un repas haut de gamme (la carte a été supervisée par Guy Martin) et y dîner le soir, sur la plage, sur une table dressée autour de torches. Une ambiance qui donnerait un coup de fouet pour vingt ans à n’importe quel couple au bord du divorce. Un passage obligé lorsque Michelle aura rejoint Barack sur Tetiaroa.
On sait que le président américain s’est récemment initié au windsurf chez Richard Branson. Il aura l’occasion de se perfectionner ici, même «si c’est un peu compliqué », affirme Silvio Bion, le directeur de l’hôtel, «en raison de la présence de la barrière de corail. On ne laisse pas nos clients y aller seul. Mais notre staff est, bien sûr, prêt à accompagner ceux qui désirent absolument en faire. » Pendant qu’Obama surfera sur le lagon, nul doute que sa femme craquera sur le spa. Au milieu des palmiers, nichés dans la végétation, les cabines sont installées dans la canopée et surplombent un petit marais dont l’harmonie fait penser aux «Nymphéas ».
En déambulant à vélo sur l’île, on finit forcément par tomber sur le court de tennis. Sans doute le pire terrain du monde pour bien jouer. Avec la vision du lagon en ligne de mire, on est tout sauf concentré au retour de service. Et on se prend à écouter la symphonie des oiseaux plutôt qu’à se motiver sur son jeu de jambes.
Forcément, l’envie de traverser le lagon pour en entendre davantage sur l’«Ile aux oiseaux », la bien nommée, est forte. Si Barack Obama a de la chance (on parie qu’il en aura), c’est Tumi, la petite-fille de Marlon Brando qui lui servira de guide. Cette Tahitienne belle comme le jour est ici chez elle. Quand d’autres passaient leurs vacances dans le Loiret, c’est ici qu’elle venait étirer ses congés scolaires, loin du bitume de Los Angeles. Sur le bateau qui emmènera Obama à travers l’atoll, elle lui montrera les recoins où l’eau est si basse qu’il faut relever l’hélice, l’endroit où viennent parfois nager les raies, lui signalera une frégate du Pacifique posée sur une branche, lui indiquera les petits requins venus trouver refuge dans un bras à faible tirant d’eau… Sans doute pas impressionnée pour deux sous, elle le tutoiera d’emblée et lui demandera tout de go «s’il est chaud pour plonger avec elle pour voir ce coin à poissons de toutes les couleurs », avant de sauter à la baille avant d’avoir eu la réponse.
The Brando n’est pas un hôtel, c’est une expérience. Comme le confirme Dick Bailey, le propriétaire: «Il ne ressemble à aucun autre. Le “mana”, l’esprit du lieu, habite votre esprit, longtemps après que vous en ayez profité. Toute votre vie, probablement.» Une émotion qu’Obama n’est donc pas prêt d’oublier à l’aube de sa deuxième vie qui commence. Mais si on était son éditeur, on serait inquiet. The Brando invite à tout sauf à s’enfermer dans une chambre pour écrire ses mémoires. Même pour 60 millions de dollars (le montant de l’avance consentie par son éditeur, Random House). Séjourner à The Brando n’a pas de prix.

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